Un mouvement national. Des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées hier soir en France pour exprimer leur inquiétude quant au sort des militants à bord du Madleen, un bateau pour Gaza intercepté par les autorités israéliennes. D’après La France Insoumise (LFI), près de 150.000 manifestants ont participé à quelque « 200 rassemblements » à travers le pays, dont 50.000 à Paris selon le mouvement (8.000 selon la préfecture de police). La police nationale a quant à elle recensé 24.700 personnes rassemblées en dehors de la capitale, dans 97 actions à travers le territoire.
Le cortège toulousain est parti depuis la station de métro Jeanne-d’Arc. © Léna Saoui / L’Opinion Indépendante
« Au moins 5.000 personnes » à Toulouse
À Toulouse, le cortège est parti de la station de métro Jeanne-d’Arc pour converger vers la place du Capitole, haut lieu symbolique de la ville. Drapeaux palestiniens en main, banderoles déployées, les manifestants ont fait entendre leur solidarité au rythme des slogans tels que « Gaza Gaza, Toulouse est avec toi ». Les organisateurs ont estimé la participation à au moins 5.000 personnes rassemblées sur la place.
Je suis là pour qu’on entende parler plus de ça, pour que Macron et tout le gouvernement entendent que le peuple français n’est pas en adéquation avec toutes les décisions qu’ils prennent », a témoigné Antoine, 20 ans.
© Léna Saoui / L’Opinion Indépendante
Dégradations du Capitole
À l’issue de la manifestation, plusieurs dégradations ont été constatées sur la façade du Capitole. « Des individus ont dégradé les murs du Capitole avec notamment des tags comportant des menaces de mort à l’encontre de Jean-Luc Moudenc », a précisé la mairie, qui a annoncé son intention de porter plainte.
Face à la menaces de ces extrémistes, jamais je ne tremblerai ni ne céderai », a écrit Jean-Luc Moudenc sur X.
© Jean-Luc Moudenc (X)
Un rassemblement pour la libération de l’équipage
Le voilier, avec à son bord 12 militants (français, allemands, brésiliens, turcs, suédois, espagnols et néerlandais), avait appareillé d’Italie le 1er juin avec pour mission de « briser le blocus israélien » imposé à Gaza, territoire confronté à une situation humanitaire dramatique après plus de 18 mois de guerre. Parmi les passagers figuraient notamment l’activiste écologiste suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée franco-palestinienne Insoumise Rima Hassan, accompagnés d’une cargaison d’aide humanitaire.
Selon les dernières informations, le navire a été « arraisonné » dans la nuit de dimanche à lundi par les forces israéliennes et aurait été conduit au port d’Ashdod lundi soir.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré qu’il était prévu que les passagers « retournent dans leurs pays », publiant des images de distribution de sandwiches et d’eau aux militants.
Réactions politiques
Présent place de la République à Paris, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a qualifié l’intervention israélienne d’acte de « piraterie internationale ». « Nous craignons le pire, car ceux qui ont procédé à cet arraisonnement sont capables du pire et l’ont montré en toutes circonstances », a-t-il déclaré, appelant à un nouveau « grand rassemblement du peuple français au service des Palestiniens » ce samedi.
À Toulouse, la député haute-garonnaise Anne Stambach-Terrenoir était également présente, manifestant « contre le génocide, contre l’inaction de la France, pour la paix, pour notre humanité ».
Le président Emmanuel Macron a « demandé de permettre, dans les plus brefs délais, le retour en France » des six ressortissants français, selon l’Élysée. Il a affirmé en soirée que la France restait « vigilante » et « aux côtés de tous ses ressortissants lorsqu’ils sont en danger », ajoutant que Paris avait « passé tous les messages » nécessaires aux autorités israéliennes afin que « la protection » de ces militants « soit assurée ». Le blocus humanitaire imposé à Gaza constitue, selon lui, « un scandale » et une « honte ».
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a par ailleurs précisé que « dès l’arraisonnement du navire, nous avons demandé à pouvoir exercer notre protection consulaire à leur égard ».
Les partis de gauche française, ainsi qu’Amnesty International, ont dénoncé une interception du bateau ayant « bafoué le droit international ».
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