Une scène, mille univers. Ce mardi 17 juin, la Cave Poésie lèvera le rideau sur sa « Semaine des jeunes talents ». Entre restitutions de projets et soirée jeune création, ce haut lieu de la culture poétique à Toulouse s’apprête à présenter les nouveaux contours de l’art de demain.
Un départ entre sensibilité et inspiration
En ouverture de cette semaine, la Cave Poésie accueillera les étudiants de 2e année de l’IFMI (Institut de Formation des Musicien·nes Intervenant·es) pour une restitution de leurs Projets Professionnels Personnalisés. Une soirée colorée, entre poésie, mémoire musicale et ballades folk.
Avec « Mélodie des temps retrouvés », Antoine Biron, Marion Boutin et Louis Brassac nous invitent à une exploration sensible et onirique. Le trio a interrogé l’oubli (ou plutôt ce qu’on laisse derrière nous).
Vous avez oublié quelque chose ? Une mélodie ? Un chapeau ? Un phare ? » demandent-ils, en écho à l’univers illustré de Joanna Concejo, qui a inspiré leur performance.
Une proposition à la fois délicate et vagabonde.
© DR
Plus introspectif mais tout aussi captivant, « Un petit poème parisien » signé Thomas Mélet nous plonge dans les ruelles de Montmartre. Entre histoire populaire et patrimoine musical, il livre une méditation sur la mémoire des sons :
Aujourd’hui comme hier, les musiques populaires sont les photos des mentalités des gens qui les font, qui les consomment. »
Une performance qui fera vibrer l’accord sensible entre musique et identité collective.
Les Fugitives, entre création brute et liberté scénique
Jeudi 19 juin, place à l’audace avec la Soirée Jeune Création portée par la compagnie émergente Les Fugitives, fondée par Adriana Leroux et Noémie Pariente, étudiantes du Master écriture dramatique et création scénique de l’Université Toulouse – Jean Jaurès. Une soirée exclusivement dédiée à la jeune scène toulousaine, où circassiens, metteurs en scène, illustrateurs et chorégraphes vont dévoiler la richesse de leurs univers.
Dès 18 heures, le ton sera donné avec un stand de jeunes créatrices installé dans la cour. À 19 heures, « Et si on résistait ? » de Rose Hamelin ouvre les hostilités artistiques. Suivront en cascade « Ah, te revoilà toi ? » d’Agathe Collet et Amélie Guélin, et « Comme si de rien Violait » d’Elio Lares, performances intimes et engagées, servies par des interprètes investies comme Amandine Moreau ou Mathilde Novion Nezyaert.
Le cœur de soirée battra fort avec « FRANCK » d’Adriana Leroux, avant un changement de ton à 21h10 avec « Les fesses pèsent 0,002 grammes » de Juliette Robert, portée par un quatuor décapant.
Pour clore la nuit, « Pression sur Col » de la Cie Les Fugitives va secouer le Foyer avec une puissance viscérale, « une ode aux femmes, à leur courage et leur force ». Le collectif féminin y livre une performance à la croisée de la danse, du théâtre et de l’urgence politique.
Compagnie émergente Les Fugitives. © cie_lesfugitives (Instagram)
Et parce que la fête ne se termine jamais vraiment à la Cave Po’, le DJ set de Yanexk emportera les derniers spectateurs jusqu’au bout de la nuit.
Poétiques du monde pluriel : penser autrement, sentir ensemble
Vendredi 20 juin, la semaine sera conclue sur une note plus réflexive mais non moins créative avec une journée d’étude intitulée « Poétiques et Politiques du Plurivers ». Organisé par des doctorants et jeunes chercheurs de Toulouse et Tübingen, ce cycle de recherche-action et recherche-création invite à penser les pratiques artistiques et pédagogiques sous un angle décolonial et pluriel.
En écho à la pensée de Grada Kilomba, les organisateurs rappellent que « pendant bien trop longtemps, la connaissance fut confinée à des modes monologiques de perception ». L’événement proposera une relecture radicale de nos cadres de pensée :
Le moment est aujourd’hui venu de prendre du recul et de reconfigurer les façons dont nous avons appris à penser et à sentir dans des mondes différents. »
© Julie Derobert / Benoît Colas
Cet appel à la pluralité des voix, des sensibilités et des cosmologies, se traduira par une série d’interventions, de performances et de discussions où artistes et chercheurs feront converger leurs regards. Une démarche salutaire, à l’heure où l’universalité hégémonique cède peu à peu la place à un « pluriversel », fait de cohabitations, de savoirs partagés et de résistances poétiques.
>> Infos pratiques :
« La semaine des jeunes talents » aura lieu du mardi 17 au vendredi 20 juin, à la Cave Poésie.
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