« Une attente forte ». Dans la sphère publique, la participation citoyenne désigne un ensemble de pratiques visant à inclure le citoyen dans la conception de l’action publique. L’objectif : améliorer l’action publique et renforcer le pouvoir d’agir du citoyen au-delà du vote.
Notre conviction, c’est qu’un projet est plus pertinent, plus adapté aux besoins de nos concitoyens s’il n’est pas simplement voulu par les élus, construit par nos services, mais aussi défini et validé par nos concitoyens », a assuré Jean-Luc Moudenc.
Dans une ville comme Toulouse et une métropole, « je suis persuadé qu’il vaut mieux chercher le point de vue des concitoyens en amont (des projets) plutôt que de rattraper les choses ensuite », a ajouté le maire de Toulouse.
Plus de proximité, plus de confiance
Face à la crise de la démocratie représentative, « notre devoir, en tant qu’élus de la République, c’est aussi de retisser ce lien démocratique et de le faire vivre au quotidien à travers l’action de proximité », a insisté le premier édile.
Depuis 2020, les conseillers municipaux et métropolitains se sont attachés à développer plusieurs outils, « à tel point que nous en sommes venus à une situation où jamais Toulouse n’a été dotée d’autant de dispositifs de participation citoyenne », a assuré l’élu.
À l’échelle métropolitaine, l’enjeu principal était de faire vivre la participation citoyenne à la fois au niveau de la métropole et de ses communes. En juillet 2020, une vice-présidence dédiée à la participation citoyenne a ainsi été créée.
Co-construite avec les habitants, élus et agents, autour de valeurs communes (transparence, intérêt général, confiance, inclusivité), une charte de la participation citoyenne a ensuite été votée à l’unanimité en Conseil de Toulouse Métropole, en octobre 2022.
Par ailleurs, plus de 58 instances communales réparties au sein de 37 communes « reflètent la diversité la diversité territoriale, géographique et démographique de la collectivité », a souligné Maroua Bouzaïda-Sylla.
D’autres instances complètent la démocratie locale conduite par les communes : deux conseils citoyens dans les quartiers prioritaires (QPV) ou encore le récent Conseil métropolitain des jeunes.
L’importance accordée à la participation citoyenne s’est traduite concrètement par l’accueil, à Toulouse, en juillet 2024, des Rencontres européennes de la participation citoyenne (plus de 1.600 participants), ainsi que l’attribution de distinctions nationales.
À l’échelle municipale, « où la participation citoyenne était déjà bien ancrée », l’enjeu était de renforcer la proximité et de développer de nouvelles modalités de participation, a expliqué Jean-Luc Moudenc.
Avant de confier : « Je crois (beaucoup) que dans une grande ville comme Toulouse, la dimension quartier permet de compenser ce qui peut être ressenti par certains de nos concitoyens comme un développement très important et qui peut à un moment effrayé les gens ».
Ainsi, en 2022, au sortir de la crise sanitaire, le rôle des 20 maires de quartier a été renforcé, pour offrir aux citoyens des interlocuteurs bien identifiés : « Cette proximité permet de se garder d’une approche qui serait trop lointaine, trop technocratique », a affirmé le premier édile.
En parallèle, la Ville et la Métropole ont mis en place des instances thématiques permettant à des publics généralement peu inclus dans le processus décisionnel d’être là eux aussi et de poser leur regard sur Toulouse en s’emparant de certains sujets.
Il s’agit du Conseil municipal des enfants et des collégiens, du Conseil des jeunes toulousains, du Conseil toulousain de la vie étudiante, de Toulouse Diversités (le Conseil toulousain des résidents étrangers), et de Toulouse Fraternité (le Conseil de la laïcité).
En dehors de ces instances officielles, près de 560 balades citoyennes ont été organisées, environ 4.600 rencontres de proximité ont eu lieu dans les quartiers, et 105 journées de quartier ont été menées par le maire.
Ces dernières « permettent d’apprendre des choses et d’éviter d’être prisonnier du discours de la haute administration (bien que nécessaire) », a indiqué l’élu. Au programme : petit-déjeuner avec les agents et déjeuner avec les associations de quartier.
La règle du jeu est simple : l’ordre du jour n’est pas fixé par le maire mais par les invités associatifs. Ce sont eux qui mettent sur la table les questions qu’ils veulent, sans me les transmettre à l’avance », a fait savoir Jean-Luc Moudenc.
Plus de numérique, plus de participation
Grâce au portail jeparticipe.metropole.toulouse.fr, les citoyens sont désormais mieux informés des différentes étapes des démarches participatives. Il permet à chacun de suivre l’évolution des projets : étapes passées et à venir, propositions déposées, bilan.
Cette plateforme contribue à une plus grande transparence du processus de participation auprès d’un nombre croissant d’habitants de toute la métropole », a signalé Olivier Arsac, adjoint au maire en charge de la démocratie locale.
Alors qu’en 2019, 31 consultations étaient proposées en ligne, ce chiffre est passé à 81 en 2024, avec 76.107 visites et 338.385 pages vues. Entre 2020 et 2024, six fois plus de citoyens ont visité le site (11.019 visites VS 76.107 visites).
Outre sa dimension métropolitaine, « la participation numérique permet non seulement de toucher un public plus large, mais aussi de mobiliser des citoyens plus jeunes, souvent absents des réunions publiques », s’est félicité l’élu.
Dans le même temps, le développement des démarches dites « aller vers », consistant à aller à la rencontre des citoyens sur leurs lieux de vie (marchés, associations, restaurants seniors), permet également de toucher des publics plus éloignés des dispositifs classiques.
En 2024, 105 actions de ce type ont été organisées, soit trois fois plus qu’en 2023, notamment grâce à l’utilisation d’un triporteur de la collectivité dans l’espace public. Près de 2.000 habitants ont pu participer.
La collectivité a également développé des démarches de concertation en allant vers les enfants pour les intégrant dans les projets urbains, afin de penser la ville « à hauteur d’enfant ». Par exemple, pour l’aménagement de la grande rue Saint-Michel, le stade Sergent Vigné, les cours oasis.
Enfin, quatre ateliers citoyens ont été créés dans chaque mairie de quartier : l’atelier citoyen pour l’écologie, pour la qualité architecturale et l’identité de quartier, pour l’amélioration du cadre de vie et l’atelier citoyen intitulé « mieux utiliser l’argent public ».
Plus d’idées, plus de budget participatif
Parallèlement, « Mes idées pour mon quartier » et son budget participatif ont permis aux habitants de proposer et de choisir des projets concrets pour leur cadre de vie avec huit millions d’euros alloués pour chacune des deux éditions.
Issu d’un engagement de campagne de Jean-Luc Moudenc, le dispositif est devenu, je crois, un marqueur pour les habitants. Ils le (re)connaissent. Juste pour ça, c’est un succès », s’est réjouit Nicolas Misiak.
Sur l’édition 1 (2021-2022), 1.668 idées ont été déposées, dont 83 projets lauréats, pour 4.532 votants (85 % des projets à caractère écologique). À mi-mai, 72 projets ont été réalisés, 75 à fin juin 2025. Parmi les 83 idées retenues, la végétalisation de la place du Capitole.
Sur l’édition 2 (2023-2024), 360 idées ont été déposée, 114 projets déclarés lauréats mi 2024, pour 7.260 votants (71 % des projets à caractère écologique). À mi-2025, 25 projets ont été réalisés.
Parmi les 114 projets retenus, les cyclistes ont vu des racks s’installer dans plusieurs quartiers et des pistes cyclables crées ou rénovées comme celle en bas de l’avenue Jean-Rieux ou celle de l’avenue Édouard-Belin.
Pour les quartiers prioritaires de Toulouse Métropole, le dispositif « Agir dans mon quartier » permet de financer des actions d’intérêt général portées par les habitants, de soutenir des projets d’entraide et de solidarité, d’enrichir les liens sociaux et de favoriser l’initiative citoyenne.
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