L’affaire suit son cours. Ce vendredi 13 juin au tribunal correctionnel de Montauban, une peine de deux mois de prison avec sursis assortie d’un stage de parentalité a été requise contre Alexandre Rossi, ex-procureur de la République de Cahors, jugé pour « violences intrafamiliales« .
Un « dossier difficile »
Le procureur de la République du Tarn-et-Garonne Bruno Sauvage, a estimé que dans ce « dossier difficile« , il existait « suffisamment d’éléments à charge » contre son collègue du parquet permettant de le condamner pour des violences à l’égard de son épouse et l’un de ses enfants.
Pour autant, il a insisté sur le fait que le « point essentiel » était justement les trois garçons du couple, espérant que le procès et ses quelque sept heures d’audience puissent « apaiser les choses » et permettre à ses protagonistes d’avoir « le sentiment que la justice est passée« .
Dans la foulée de ces propos, l’un des avocats de M. Rossi, Me Mourad Battikh, a critiqué des réquisitions qualifiées de « stratégiques« .
Deux mois de sursis simple ? Mais si les violences sont avérées, ce n’est pas une peine aussi faible qu’il aurait fallu requérir, a plaidé le conseil, dénonçant un « dossier creux« .
« Je pense que si M. Rossi n’avait pas été procureur de la République, jamais il n’y aurait eu de poursuites« , a affirmé Me Battikh, estimant qu’elles avaient été engagées car il y avait « la nécessité de montrer qu’il n’y avait pas de connivence » entre magistrats, après la plainte de l’épouse du procureur.
Déchirements d’un couple
« Je l’entends mais ce que je ne comprends pas, c’est qu’après sept heures d’audience et un dossier qu’on a vu se dégonfler, on ne vienne pas requérir une relaxe« , a insisté l’avocat du prévenu.
Au cours d’une audience tardive de fin de semaine, le tribunal correctionnel de Montauban s’est longuement penché sur les déchirements du couple du magistrat et de sa compagne, encore aujourd’hui en plein divorce.
Silhouette massive dans un costume bleu roi, parfois impatient face aux questions, M. Rossi, 45 ans, qui a dirigé le parquet de Cahors de janvier 2022 au déclenchement de cette affaire (début 2024), a affirmé à la barre réfuter « absolument » les violences qu’il est accusé d’avoir commises.
Aujourd’hui en poste au parquet général d’Aix-en-Provence en tant que substitut, il comparaissait pour « violence suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours, en présence d’un mineur » par conjoint, concubin ou partenaire et pour « violence sans incapacité sur un mineur par un ascendant ou une personne ayant autorité sur la victime en présence d’un autre mineur« .
La femme de M. Rossi, 45 ans, haute stature et longue chevelure blonde, a confié ne pas regretter d’avoir porté plainte « pour protéger (s)es enfants » et parce qu’elle se sentait « menacée« .
« Brad Pitt »
Ayant exercé comme infirmière libérale et se présentant au tribunal comme influenceuse, elle a décrit son mari, dans une déposition parfois décousue, comme un « pervers narcissique« , lui reprochant en particulier deux épisodes de brutalité au cours de disputes.
Les débats ont fait apparaître la progressive dégradation des relations au sein de ce couple qui s’était rencontré en 2005.
La femme du magistrat a raconté avoir eu le sentiment qu’il avait « pété les plombs » en devenant procureur et qu’il se « pren(ait) pour Brad Pitt« , l’accusant de relations extraconjugales. M. Rossi reproche à l’époque à son épouse son activité sur les réseaux, entre Tiktok et Instagram.
Dans ce contexte, la victime présumée a également accusé son mari d’être violent avec ses enfants, d’avoir par exemple lancé sur la tête d’un des garçons une épuisette métallique de piscine, alors qu’il se disputait avec l’un de ses frères.
Des coups de poing ou de pied ainsi que des insultes visant en particulier le même garçon, sont également évoqués dans la procédure.
Dans cette atmosphère tendue, la femme du procureur avait installé une caméra pour le filmer à son insu, des faits pour lesquels M. Sauvage a requis sa condamnation.
Concernant son épouse, le procureur a reconnu des insultes, des propos comme « je vais te massacrer« , mais réfuté toute violence. Pour les enfants, il a mis en avant leur gabarit imposant pour expliquer que parfois quand il les séparait lors de disputes, il pouvait être brutal.
Il a par ailleurs déploré les avoir insultés, leur lançant des « ta gueule« , « bon à rien » ou « va te faire foutre« . « C’est un comportement de mauvais père« , a-t-il concédé.
Le tribunal de Montauban rendra son jugement le 1er août dans ce dossier.
>> À LIRE AUSSI : Tarn-et-Garonne : les débits de boissons bientôt soumis à une nouvelle réglementation suite aux nuisances