Des chiffres alarmants. La nouvelle édition de l’Observatoire Ankorstore du Commerce Indépendant dresse un état des lieux sans détours.
Des vitrines en trompe-l’œil ? Entre flambée des prix et arbitrages contraints des consommateurs, 2024 a mis le commerce indépendant d‘Occitanie à l’épreuve.
Et 2025, déjà marquée par une incertitude économique mondiale émaillée de tensions géopolitiques, pourrait être l’année du point de bascule.
Malgré les efforts d’adaptation déployés par les commerçants indépendants et une volonté affichée des Français de mieux consommer et de soutenir l’économie nationale, les chiffres témoignent de la situation difficile que vivent les commerçants.
Un pouvoir d’achat en baisse
Les bonnes intentions n’ont pas résisté aux fins de mois. Près de 54 % des habitants d’Occitanie estiment que leur pouvoir d’achat a reculé en 2025, tandis que seulement 5 % l’ont vu progresser.
Résultat : 81 % déclarent que l’inflation et l’augmentation des prix ont affecté leur consommation.
En réaction, le premier réflexe a été de consommer moins, le second, de se tourner vers les prix les plus bas. Pris en étau entre des prix en hausse et une demande qui se rétracte ou se déplace, ces arbitrages renforcent la pression sur les commerces indépendants de la région.
Pourtant, l’attachement aux commerces de quartier demeure. 72 % des habitants de la région les fréquentent régulièrement, dont 42 % souvent.
Cette fidélité repose avant tout sur la proximité géographique (58 %), mais aussi sur l’accès à une offre plus locale (43 %) ou exclusive (27 %).
Le commerce de proximité d’Occitanie est sous tension : à prix égal, 50 % des habitants de la région préfèrent et restent fidèles aux commerces indépendants. Toutefois, 39 % déclarent se tourner vers la grande distribution, contre 25 % l’année dernière.
À en croire les professionnels eux-mêmes, le secteur est à la peine. 64 % des commerçants d’Occitanie constatent une multiplication des fermetures de commerces dans les centres-villes, contre 53 % l’an dernier.
Depuis deux ans, vitrines et façades calfeutrées ponctuent le paysage urbain.
L’inflation atteint un niveau critique
L’inflation reste la principale difficulté, puisque 87 % des commerçants de la région témoignent qu’elle impacte toujours autant leur activité.
Une légère accalmie, mais sur fond d’incertitudes croissantes. Les résultats parlent d’eux-mêmes : 64 % des gérants de la région jugent leur situation « tendue », et 20 % la qualifient de « vraiment difficile ».
Pour pallier la hausse des coûts, 46 % des commerçants de la région ont augmenté leurs prix en 2024, et 40 % prévoient de le faire en 2025. Une stratégie plus subie que choisie, visant à maintenir l’activité à flot.
Une décision qui a parfois porté ses fruits : 46 % des professionnels de la région ont réalisé en 2024 un chiffre d’affaires supérieur à celui de 2023, et 13 % un chiffre d’affaires équivalent. Mais pour beaucoup, cela ne suffit pas.
Malgré les arbitrages sur les stocks, l’approvisionnement et l’adaptation à la demande, la tension sur les marges s’accentue, fragilisant la capacité d’investissement et d’innovation, essentielle pour se différencier face à la grande distribution ou au e-commerce.
91 % des habitants d’Occitanie redoutent une nouvelle flambée des prix.
Les défis présents et à venir pourraient toutefois être l’occasion d’un sursaut collectif et salutaire. Peu à peu, une dynamique de recentrage s’installe : 68 % des consommateurs d’Occitanie envisagent désormais les produits français (37 %) ou européens (31 %), tandis que 39 % cherchent à éviter les marques américaines ou asiatiques.
La prise de conscience est partagée par les commerçants d’Occitanie. 51 % envisagent de réorienter leur stratégie d’approvisionnement vers des circuits européens, plus proches et plus locaux.
On peut d’ores et déjà noter que 36 % sont impactés par les premiers effets des droits de douane américains.
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