Une propulsion nouvelle génération se prépare à Toulouse. C’est une avancée majeure pour la filière spatiale européenne. Le CNES (Centre National d’Études Spatiales) a sélectionné la start-up toulousaine Pangea Aerospace pour réaliser la conception préliminaire du moteur-fusée le plus puissant jamais envisagé sur le Vieux Continent. Cette mission s’inscrit dans le cadre du projet ASTRE (Advanced Staged-combustion Technologies for Reusable Engines), dont l’ambition est claire : rattraper (voire dépasser) les géants mondiaux du spatial sur le terrain très convoité des moteurs de très forte poussée.
Une technologie encore inédite en Europe
La technologie retenue par le CNES n’est pas anodine : il s’agira d’un moteur à cycle Full-Flow Staged-Combustion (FFSC), c’est-à-dire un moteur à combustion étagée en cycle fermé. Un procédé déjà maîtrisé par certaines puissances étrangères, mais encore jamais développé en Europe. Pour Pangea Aerospace, c’est un véritable saut technologique.
Cette technologie, de cycle fermée, encore jamais développée en Europe, marque une véritable rupture qui a l’objectif d’aboutir, à l’horizon 2030, au développement du moteur le plus puissant et performant jamais conçu sur le continent », souligne l’entreprise toulousaine.
Ce moteur nouvelle génération sera capable de moduler sa poussée entre 30 % et 100 %, tout en intégrant un contrôle précis, une instrumentation avancée, des matériaux innovants et des méthodes de fabrication de pointe.
Une reconnaissance pour l’écosystème toulousain
Fondée en Espagne en 2018, Pangea Aerospace est aujourd’hui installée à la fois à Barcelone et à Toulouse, ville désormais stratégique pour son développement. Le choix du CNES de confier cette mission à la jeune pousse renforce la crédibilité du tissu industriel toulousain, déjà reconnu pour son expertise dans le spatial.
Le choix de confier ces activités de conception préliminaire à Pangea Aerospace consacre l’entreprise comme un acteur clé dans l’émergence en Europe d’un futur moteur de forte poussée, destiné à permettre de rivaliser avec la concurrence mondiale, notamment américaine », écrit-elle.
Ce soutien institutionnel s’ajoute à la participation active de Pangea à d’autres programmes européens majeurs, notamment le projet Very High Thrust de l’ESA (Agence Spatiale Européenne), dans lequel elle est également impliquée.
Trois années pour poser les bases du moteur du futur
La première phase du projet ASTRE confiée à Pangea durera trois ans. L’un des jalons majeurs de cette période sera la System Requirements Review (SRR), qui devra aboutir à la définition du concept du moteur, de ses spécifications fonctionnelles, de son plan de développement et de son schéma opérationnel.
Les activités menées par Pangea Aerospace se concentreront sur plusieurs axes clés, notamment la définition de la conception du moteur, son plan de développement et l’identification des coûts programmatiques associés à ce moteur jusqu’à son entrée en service, à l’horizon 2030″, précise Pangea Aerospace.
Outre la conception technique, il s’agira aussi d’identifier les verrous technologiques, de proposer des solutions concrètes pour les lever, et de collaborer avec d’autres acteurs industriels afin de faire mûrir cette technologie ambitieuse.
Un acteur à la pointe de l’innovation durable
Pangea Aerospace ne se contente pas de concevoir des moteurs puissants. L’entreprise entend se distinguer aussi par son engagement en faveur d’une propulsion plus verte et plus économique. Elle a ainsi été la première au monde à réussir l’allumage d’un moteur Aerospike, fonctionnant au méthane et à l’oxygène liquide.
Ce moteur, fabriqué par impression 3D, est conçu pour être réutilisé au moins 10 fois. Il utilise des carburants verts, réduisant les émissions de CO2 de 50 % par rapport aux moteurs au kérosène conventionnels », explique l’entreprise.
En orbite pour la propulsion européenne
Avec cette sélection par le CNES, Pangea Aerospace prend un virage décisif. Elle s’impose désormais comme l’un des moteurs (au sens propre comme au figuré) de l’ambition spatiale européenne. Si le projet ASTRE aboutit comme prévu, l’Europe pourrait bien disposer d’ici 2030 d’un moteur-fusée capable de rivaliser avec les plus grandes puissances spatiales mondiales.
Cette reconnaissance renforce la confiance de l’écosystème institutionnel français envers Pangea Aerospace », conclut-elle.
Un pari sur l’avenir… propulsé depuis Toulouse.
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