Le Pic du Midi, futur trésor mondial ? C’est une étape cruciale qu’a franchie le Pic du Midi de Bigorre. Depuis octobre 2022, sa candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO suit un parcours exigeant. Ce jeudi 19 juin, une ultime audition devant le Comité français du patrimoine mondial (CFPM) a rendu un avis « très favorable » sur le plan de gestion du site, dernière pièce maîtresse d’un dossier en route vers l’international.
Cette audition a évalué le processus d’élaboration du plan de gestion et les axes thématiques autour desquels il s’articule : gouvernance, conservation, protection, transmission, développement durable, suivi et moyens, et projet de territoire », précisent les équipes.
Une validation qui couronne un travail collectif de longue haleine.
Un projet collectif au sommet
Pour structurer la démarche, le Groupement d’Intérêt Public (GIP) du Pic du Midi a vu le jour en juillet 2024. Il rassemble l’Université de Toulouse et le Syndicat Mixte pour la Valorisation Touristique du Pic du Midi. Ensemble, ils ont mutualisé leurs compétences au service d’un même objectif : porter la candidature et préparer la gestion du site une fois inscrit.
Mais cette ambition ne se limite pas aux institutions.
Les acteurs du territoire se sont mobilisés aux côtés de l’État pour appréhender collectivement les enjeux et les opportunités d’une inscription au patrimoine mondial », indique le GIP.
Une dynamique amplifiée fin 2024 avec les « Ateliers des Solutions », orchestrés par la préfecture des Hautes-Pyrénées. Ces concertations ont permis d’esquisser une vision commune, tournée vers un développement local durable, respectueux de l’environnement exceptionnel du Pic.
Un sommet scientifique et symbolique
À 2.876 mètres d’altitude, le Pic du Midi est bien plus qu’un site touristique. Il est un haut lieu d’observation scientifique depuis le XIXe siècle. L’histoire débute le 20 juillet 1878, avec la pose de la première pierre de l’observatoire par le général de Nansouty et l’ingénieur Vaussenat. Dès lors, le sommet devient un « vaisseau des étoiles ».
Vue du premier bâtiment construit sur le Pic du Midi, en 1880. © Musée Paul-Dupuy de Toulouse
En 1930, Bernard Lyot y développe le coronographe et y prend les premières images de la couronne solaire. Durant les décennies suivantes, l’observatoire gagne une renommée mondiale grâce à ses travaux sur le Soleil, les rayons cosmiques et l’exploration spatiale (notamment pour le programme Apollo). La construction du Télescope Bernard Lyot (TBL), entre 1965 et 1981, en fait le plus grand instrument astronomique sur le sol français.
Entrée de l’observatoire du pic du Midi, début du XXe siècle. © Fonds Eugène Trutat, conservé par le muséum de Toulouse.
Une histoire de résilience
Mais le Pic n’a pas toujours eu le vent en poupe. Dès 1922, puis dans les années 1980, il est menacé de fermeture. À chaque fois, une mobilisation collective (élus, scientifiques, citoyens) sauve le site. La dernière grande crise, au tournant des années 1990, donne naissance à un nouveau modèle, alliant tourisme et recherche.
Le coronographe CLIMSO, permettant d’étudier la couronne et le disque solaire. © Anibal Trejo/Shutterstock
En 1995, le Syndicat Mixte est alors créé pour valoriser le site. En 2000, après 40 millions d’euros de travaux, le Pic ouvre au public. Pari gagné : 140.000 visiteurs s’y pressent désormais chaque année, attirés par un ciel pur labellisé Réserve Internationale de Ciel Étoilé depuis 2013, mais aussi par ses nombreuses animations : concerts, planétarium, ponton dans le ciel…
En 2024, Zaho de Sagazan s’était produite au Pic du Midi. © Matthieu Pinaud
Prochaine étape : l’UNESCO
Après ce troisième feu vert du CFPM, la candidature entre dans sa dernière ligne droite.
Cette troisième audition était la dernière étape dans la préparation du dossier international que le GIP déposera en septembre 2025″, est-il indiqué dans le communiqué.
Une audition finale de validation aura lieu en octobre, avant le dépôt officiel par l’ambassadeur de France auprès de l’UNESCO en janvier 2026.
L’enjeu dépasse largement la reconnaissance symbolique. Pour les acteurs locaux, cette inscription serait un moteur pour le territoire tout entier.
Il était primordial de se préparer collectivement pour que l’inscription espérée devienne un vecteur supplémentaire de développement local et durable », soulignent encore les acteurs.
Tout au long de l’année, le Pic propose des animations aux visiteurs. © Matthieu PINAUD
Une constellation d’acteurs mobilisés
La délégation présente à la troisième audition témoigne de cette mobilisation plurielle : Rémi Cabanac (directeur du GIP), Odile Rauzy (présidente de l’Université de Toulouse), Jean-Louis Cazaubon (vice-président de la Région Occitanie), mais aussi des experts comme Michel Cotte (ICOMOS) ou encore des représentants du Département et de la communauté scientifique.
De gauche à droite : Rémi Cabanac, Jean-François Mazoin, Nicolas Bourgeois, Odile Rauzy, Sarah Abelan, Jean-Louis Cazaubon, Pierre Brau-Nogué, Noélie Davezac et Michel Cotte. © DR
Tous ont à cœur de faire briller un site où se croisent ciel et montagne, science et patrimoine, mémoire et futur. Le Pic du Midi vise désormais les étoiles de l’UNESCO avec, en ligne de mire, une inscription officielle en 2026.
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