Une soirée en apesanteur au Poney Club. Après 14 ans d’absence, Richie Hawtin revient enfin à Toulouse. Demain, vendredi 27 juin de 18 heures à 23h30, le Poney Club va vibrer au rythme de l’un des DJ les plus influents de la scène électronique mondiale. L’événement, organisé dans le cadre du pré-opening du festival Pink Paradize 2025, promet une immersion totale dans l’univers du maître du minimal techno. À ses côtés, l’Allemand Johannes Brecht apportera sa touche mélodique et introspective, tandis que Cabza assurera le warm-up. Une soirée qui s’annonce déjà comme historique pour les amateurs de musiques électroniques pointues. Retour sur le parcours fascinant de cette légende de la techno.
La dernière venue du DJ remonte à 2011, lors de l’Inox Festival, qui avait réuni à Toulouse Avicii, David Guetta et Martin Solveig entre autres. © Stéphane Burlot/Flickr
Une trajectoire entre l’ombre et la lumière
Né le 4 juin 1970 à Banbury, en Angleterre, Richie Hawtin grandit à LaSalle, au Canada, tout près de Détroit (ville clé pour l’éclosion de son style). À 15 ans, il fréquente déjà les clubs locaux et écoute Derrick May au mythique Music Institute. Ce sont les prémices d’un parcours hors normes. Dès 1989, il rencontre John Acquaviva, avec qui il fonde le label Plus 8. À travers ses alias Plastikman ou F.U.S.E., il publie ses premiers morceaux, mêlant techno de Détroit, synthpop européenne et EBM (Electronic Body Music).
La révolution Plastikman
Richie Hawtin ne tarde pas à se démarquer : ses albums Sheet One et Musik posent les bases de la techno minimale dans les années 1990. L’iconique logo Plastikman devient culte, tatoué sur les bras de ses fans. Pourtant, sa reconnaissance à Détroit reste mitigée :
Il était même détesté parce qu’il était bon ; parce qu’il était blanc et doué », reconnaîtra Derrick May, considéré comme l’un des fondateurs du style techno.
En novembre 2024, le DJ célébrait les 30 ans de son album Musik. © Richie Hawtin (Facebook)
Sa musique, Hawtin la décrit ainsi :
J’ai travaillé par soustraction. Supprimer des sons est devenu plus important pour moi qu’en ajouter. […] Appauvrir pour enrichir. » Alexis Bernier, « Plastikman, ascète techno », Libération, 8 août 1998.
Cette démarche artistique radicale trouve son apogée dans Consumed (1998), considéré par le spécialiste français de la musique électronique Jean-Yves Leloup comme « magistral » et rivalisant avec les disques rock les plus introspectifs.
Contain (Consumed) Plastikman-Richie Hawtin. © Richie Hawtin
Entre minimalisme et expérimentation
Influencé autant par Miles Davis que par Philip Glass ou Anish Kapoor, Richie Hawtin tisse des liens étroits entre musique, technologie et art contemporain. Il expérimente sans cesse : avec DE9 | Closer to the Edit, il redéfinit le mix, superposant des fragments de morceaux pour créer une nouvelle matière sonore. Le journaliste musical Peter Shapiro parle même de « minimalisme complexe » et décrit sa musique comme « étirée et peaufinée jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’autre que nuance et texture ».
Un pionnier du live numérique
Richie Hawtin est aussi un innovateur technologique. Il participe au développement de Final Scratch, SYNK ou encore Twitter DJ, outils permettant de repousser les limites des performances live. En 2010, sa tournée Plastikman Live intègre scénographie, vidéo et interactivité, marquant un tournant dans les concerts électroniques :
Nous disposons aujourd’hui de nouvelles façons d’interagir avec le public […]. En vingt ans, nous sommes passés du statut de DJ à celui d’artiste ambulant », écrit-il dans un article de ‘Mixmag’ en 2012.
Plastikman Live 2010 – WeLoveArt Paris. © Richie Hawtin
Une figure incontournable de la techno mondiale
Installé à Berlin depuis 2003, Richie Hawtin incarne toujours l’avant-garde de la musique électronique. Son coffret Plastikman Arkives, paru en 2011, revient sur 17 ans de création, et s’adresse aussi aux nouvelles générations :
Certains n’étaient même pas nés quand j’ai sorti mon premier album. […] C’est aussi une façon de donner plus de valeur, pas seulement à mon travail, mais à la scène électro en général », Sonia Desprez, « Plastikman, innovateur et archiviste », À Nous Paris, 2010.
Le coffret Plastikman Arkives, sorti en 2011. © DR
Adoubé par ses pairs (Carl Craig, Jeff Mills, Juan Atkins), salué par les critiques (DJ Mag, Resident Advisor), Hawtin est reconnu comme « une des pierres angulaires de la musique électronique de la fin du XXe siècle ».
Une rare opportunité à Toulouse
Voir Richie Hawtin en live est toujours un moment rare. Après avoir joué dans les plus grands festivals (Coachella, Sónar, Time Warp), le retrouver dans un format plus intime à Toulouse est un luxe. Sa dernière venue dans la ville remonte à 2011. Cette nouvelle date au Poney Club est donc bien plus qu’un simple concert : c’est une plongée dans l’univers d’un artiste qui a fait de l’innovation son mot d’ordre. Et comme le disait le DJ et compositeur français Laurent Garnier :
Il a développé avec sa musique toute une vision et tout un concept, qui l’emmènent vers quelque chose de différent. »
À Toulouse, le 27 juin, c’est justement cette différence qui fera toute la magie du moment.
>> Infos pratiques :
Richie Hawtin se produira le vendredi 27 juin dès 18 heures au Poney Club.
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