Une région moteur pour l’innovation spatiale. Avec le programme France 2030, le gouvernement investit massivement pour soutenir l’innovation dans des secteurs stratégiques. Dans le domaine spatial, l’Occitanie n’a rien a envié à ses voisins métropolitains, et confirme sa position de leader national : 12 projets portés par des structures de la région ont été récemment retenus pour le volet spatial, dont 11 en Haute-Garonne. À Toulouse, mais aussi à Ramonville, Martres-Tolosane ou Castelnau-le-Lez, les idées fusent et les satellites prennent forme.
Le futur de l’espace se dessine maintenant ! La révolution du New Space et l’arrivée de nouveaux acteurs ébranlent nos modèles et certitudes », soulignent les ministres Éric Lombard, Sébastien Lecornu, Philippe Baptiste et Marc Ferracci dans une déclaration conjointe.
L’ambition est claire : renforcer la souveraineté technologique de la France, tout en soutenant des acteurs locaux innovants.
La 5G depuis l’espace : vers une couverture sans frontières
Parmi les projets phares, le démonstrateur « U DESERVE 5G », mené par Thales Alenia Space, Capgemini et Thales SIX, testera la communication directe entre un satellite et un terminal mobile. Ce satellite de test en orbite basse permettra de passer des appels et d’échanger des données, en lien avec les réseaux terrestres.
Le but ? Assurer une parfaite interopérabilité entre les réseaux 5G terrestres et non-terrestres. Ce démonstrateur, compatible avec la version 17 du standard 5G, ouvrira aussi la voie à des usages pour les objets connectés (NB-IoT), dans des zones mal couvertes ou isolées.
© Stefano Guidi
Des communications optiques ultra-sécurisées
Dans un autre registre, Thales Alenia Space développe aussi un service de communications optiques haut débit depuis l’orbite géostationnaire. Ce projet entend démontrer la faisabilité technique et économique d’une transmission de données par laser, plus rapide et surtout plus sécurisée que les fréquences radio traditionnelles.
Il s’agit notamment de libérer les bandes de fréquences saturées, tout en assurant des débits élevés pour les télécommunications du futur. Ce service repose sur les technologies du projet « CO-OP » développé dans le cadre de France Relance, et pourrait à terme aboutir à un service commercial avec stations sol optiques opérationnelles.
Observer l’eau douce depuis l’espace
Spécialisée dans l’hydrologie satellitaire, la start-up BWI (Blue Water Intelligence) est née en 2022 à Toulouse. Elle propose une solution inédite de surveillance de l’eau de surface continentale à haute fréquence temporelle. Grâce à l’observation spatiale, BWI ambitionne de mieux anticiper les variations de niveau, de débit ou de qualité des rivières et des lacs, dans un contexte de stress hydrique croissant.
Les services de Blue Water Intelligence s’adressent aux autorités des bassins, aux entreprises sensibles à l’eau, ainsi qu’aux IFI et aux ONG. © BWI (LinkedIn)
Satellites miniatures et composants français
U-Space, jeune PME toulousaine fondée en 2018, fabrique des « smallsats » sur mesure, pour des missions variées : observation, navigation, surveillance spatiale… Grâce à une approche modulaire et des fournisseurs essentiellement français et européens, l’entreprise promet des mises en orbite plus rapides et efficaces.
U-Space a notamment développé le satellite NESS, du projet d’astronomie EyeSat initié par le CNES, conçu pour étudier la lumière zodiacale et la Voie Lactée grâce à un télescope spatial miniaturisé. © CNES/DE PRADA Thierry, 2022
Loft Orbital, installée à Toulouse depuis 2019, s’inscrit dans cette logique avec sa plateforme de service spatial « as-a-service ». La société emploie aujourd’hui plus de 90 personnes dans sa filiale française, qui dispose d’un laboratoire RF et d’un centre de contrôle satellite.
De son côté, ACTIA Aerospace développe un récepteur GNSS compact et performant pour satellites en orbite basse, avec des performances proches des produits haut de gamme, mais à des coûts comparables aux modèles low-cost. Un compromis inédit sur ce segment stratégique.
Cybersécurité et météo spatiale : protéger les données et les satellites
Le domaine spatial n’échappe pas aux menaces cyber. C’est tout l’objet du projet de CYSEC France, start-up spécialisée dans la sécurisation des communications par satellite. Elle testera en conditions réelles son logiciel ARCA SATLINK, capable de protéger les chaînes de commande et d’accélérer le chiffrement des données en orbite.
STEEL Electronique, basée à Martres-Tolosane, apporte sa contribution au secteur naissant de la météo spatiale. Son instrument DREAM est un spectromètre miniaturisé qui mesure les radiations cosmiques et solaires, avec un objectif à long terme : développer une constellation de capteurs pour surveiller en continu l’environnement spatial.
Optique spatiale : une image nette depuis l’orbite
Dans le domaine de l’imagerie, Safran Reosc propose le SEEING 230 Ident, un instrument optique haute performance destiné aux satellites d’observation. Ce système permettra, après étalonnage en orbite, de livrer des images de la Terre en résolution métrique. Le tout avec une conception frugale en masse, énergie et volume, idéale pour les constellations du New Space.
L’évaluation orbitale sera assurée par Magellium, autre acteur toulousain reconnu dans la chaîne image et la calibration.
Le SEEING 230 Ident est fabriqué à partir d’un matériau céramique avancé, le rendant résistant et stable lors de tout son cycle de vie. © Safran Reosc
Analyser la pollution lumineuse depuis l’espace
Enfin, le dernier projet, porté par la PME La TeleScop à Castelnau-le-Lez, s’attaque à un enjeu peu visible mais bien réel : la pollution lumineuse. En partenariat avec Airbus Defence and Space, ACRI-ST, Cerema et DarkSkyLab, La TeleScop développera un service de suivi de l’éclairage nocturne à partir d’images satellites.
En mobilisant l’expertise du Cerema, le projet vise à estimer la nature et la conformité des sources lumineuses, publiques et privées, grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle. Airbus fournira des images de nuit issues des constellations Pléiades Neo et CO3D, normalement utilisées en mode diurne, mais qui révèlent aussi le visage nocturne de nos territoires.
France 2030 : une ambition spatiale qui s’écrit (aussi) en région
Au travers de ces 11 projets, c’est une vision du spatial de demain qui prend forme : plus connecté, plus sécurisé, plus durable et plus accessible. L’Occitanie, terre historique de l’aéronautique, s’impose comme un vivier de talents dans le New Space.
Pour rester compétitifs, nous devons soutenir avec détermination la recherche et l’innovation spatiale de pointe. France 2030 est notre tremplin pour y parvenir », rappelle Éric Lombard.
Et cette conquête-là commence bien souvent à Toulouse.
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