Le défilé de voitures illuminées anime les rues de Toulouse chaque week-end en décembre. Pourtant, ces conducteurs passionnés risquent une amende pour offrir ce spectacle.
Pendant les fêtes, les maisons n’ont pas le monopole des illuminations. Loin de là. Quand la nuit tombe, en décembre, il n’est pas rare de voir surgir un cortège improbable dans les rues de Toulouse. Des voitures, et quelques motos, entièrement décorées de guirlandes de Noël, clignotantes jusque dans l’habitacle, musique festive à fond.
À l’origine de cette initiative : un groupe d’une vingtaine de personnes. « Le concept vient des États-Unis et a été exporté en France », explique Téva, l’un des membres. Lui a 22 ans, travaille dans un bureau d’études en électricité. Mais dans l’équipe, on retrouve de tout : magasinier, étudiant, commercial, animateur… Et pour faire briller son carrosse, pas besoin d’être un grand bricoleur. Il faut juste s’armer de patience.
Alex a minutieusement collé, avec du scotch, 400 mètres de guirlandes sur le capot, les pare-chocs, le toit et les côtés de sa voiture, en six heures. « Deux guirlandes de 200 mètres sont branchées sur une multiprise reliée à un transformateur jusqu’à l’allume-cigare », détaille-t-il. Le tout fonctionne donc avec la batterie du véhicule. « Tant qu’il reste allumé, il n’y a pas de souci. »
Tous les vendredis et samedis soir, le groupe se rejoint au niveau de l’Ikea de Roques, puis prend la direction du centre de la Ville rose, pour passer place Saint-Pierre, Wilson, Capitole… avec des stops à des endroits clefs. Cette année, leur projet est davantage structuré, notamment sur les réseaux sociaux. Et pour cause : l’organisation est primordiale pour que tout se passe bien.
Alors à l’intérieur de leur véhicule, ils communiquent sans arrêt grâce à une application mobile de talkie-walkie. « Le trajet, qui dure d’une à quatre heures, se dessine au fur et à mesure, donc on se prévient en temps réel, si jamais on ne peut pas avancer dans une rue par exemple », raconte Téva. Ils sont bien rodés : quand ils doivent faire une pause improvisée rue des Lois, pour attendre un collègue, ils se collent tous aux façades des immeubles et peuvent laisser circuler les autres automobilistes.
Ce que dit le code de la route
Les arrêts sont courts, rarement plus de dix minutes. Car il y a un risque : se faire déloger par les forces de l’ordre. Le Code de la route stipule que tout dispositif d’éclairage additionnel non réglementaire est interdit. Les conducteurs risquent une amende de 68 euros et l’immobilisation du véhicule. « On remarque une petite tolérance, avance Téva. Quand les policiers voient qu’on n’est pas là pour dégrader, mais pour faire plaisir, ça reste cool. »
Pourquoi se donner tant de mal ? « Donner le sourire aux gens. On en a besoin ! » D’ailleurs, les réactions ne se font pas attendre : des passants crient, des automobilistes klaxonnent, des curieux s’approchent. « Ça intrigue, certains viennent nous parler, ça crée du lien. »
Le collectif est en train de monter une association, La Lumière de l’Espoir, avec un objectif caritatif. « On s’est dit, pourquoi pas pousser l’initiative pour venir en aide aux gens de manière plus concrète, précise Nicolas, organisateur principal. Le but est de se faire connaître un maximum, pour ensuite vendre des calendriers, faire des rassemblements et récupérer des fonds. » Ces derniers seront reversés au profit de la lutte contre le cancer du poumon.






















