En deux mots : la folie. Bigflo et Oli sont revenus dans leur ancien lycée de Toulouse, à Saint-Sernin, ce lundi 28 avril 2025, en stars, et ont rameuté une grande partie des 2 000 élèves. « Normalement, ils n’étaient pas censés savoir qu’ils venaient et devaient être en cours. Mais je pense que c’était important pour eux qu’ils soient là », confie le proviseur du lycée Saint-Sernin, Thierry Verger. Aux fenêtres des classes, dans les escaliers et partout dans la cour de l’établissement, les jeunes lycéens ont gratté le moindre espace pour voir leurs deux idoles passées sur les bancs de cette école avant eux. Car depuis cette année scolaire, les deux rappeurs ont donné leur nom à un tout nouveau lieu : l’agora Bigflo et Oli.
Une agora pour des concerts et spectacles en plein air
« L’idée nous est venue à la fin de la première tranche des travaux. Là, il y avait un espace qui ne servait à rien. Est-ce qu’on ne le transformerait pas en agora ? », présente le proviseur. Projet signé pour 790 000 euros.
Alors que la deuxième des trois étapes des travaux – qui s’étaleront jusqu’en 2026 pour un total de 15 millions d’euros financés par la Région – est en cours dans le lycée, l’agora Bigflo et Oli a vu le jour en septembre 2024. Une zone d’importance pour l’école dont la large carte de formation s’oriente vers les arts et la musique. Elle prépare notamment les élèves au bac S2TMD (sciences et techniques du théâtre, de la musique et de la danse) qui ont assuré le show ce lundi 28 avril.

« Depuis le 1ᵉʳ septembre, on organise régulièrement des concerts en extérieur et des pièces de théâtre », assure le proviseur. Là où quelques années plus tôt, les deux frangins Toulousains dégainaient leur flow dans la cour… bien moins somptueuse. Une dizaine d’années plus tard, Bigflo et Oli reprennent alors le micro, mais avec en toile de fond leurs deux noms gravés et face à eux, un public assis sur les gradins de ce théâtre à ciel ouvert.
« C’est quelque chose de limite, plus grand qu’un disque d’or », confie Oli
Oli a notamment offert en live un extrait de son dernier freestyle « Mexico en janvier 2025 » et n’a pas manqué de partager son émotion d’un gamin qu’il était, passant « des heures devant les grilles du lycée à se demander si c’était possible de rapper ».
Cette plaque-là, au-delà de ce bout de métal, ça représente quelque chose de limite plus grand et plus fort qu’un disque d’or, de platine ou de diamant qu’on a pu avoir.
« J’étais le mec du CDI et aujourd’hui il y a mon nom ici »
Des souvenirs également remontés chez Bigflo. Depuis l’agora, Florian (de son vrai prénom) pointe du doigt le CDI. La médiathèque du lycée où il jouait à Counter Strike en LAN et séchait parfois les débuts de cours pour ne pas manquer les sorties de clips de rap. « Je me souviens avoir vu les sorties à la minute même d’un clip de Soprano ou d’Orelsan ! », dit-il.
Mais si la pratique tend à ne pas donner l’exemple, Bigflo tenait surtout à rappeler aux lycéens venus en nombre pour le voir ce lundi, que « dans ce CDI, je déprimais, je me disais que c’était impossible de réussir dans le rap. J’étais le mec du CDI et aujourd’hui, il y a mon nom ici, on a rempli le Stadium plusieurs fois ».
Les deux frères ont alors insisté :
Si nous, on a réussi alors qu’on n’avait rien de plus, vous pouvez le faire. C’est un lycée qui a accueilli des grands artistes donc j’espère qu’un jour on enlèvera cette plaque agora Bigflo et Oli pour mettre une plaque avec le nom de l’un ou l’une d’entre vous.

Bigflo et Oli « parce qu’ils ont été élèves » au lycée Saint-Sernin
Peut-être une future grande médecin, un écrivain de renom, un sportif ou à nouveau, un célèbre rappeur ?
Car Bigflo et Oli ne sont pas les seuls à avoir marqué les bancs de Saint-Sernin. « Jean Jaurès a enseigné dans ce lycée et c’est la démonstration de l’excellence. Il savait manier l’art oratoire pour faire que ses convictions soient partagées », a tenu à rappeler Carole Delga, la présidente de Région, présente pour l’occasion. Alors pourquoi son nom n’a-t-il pas été choisi pour cette agora ? « Elle a le nom de Bigflo et Oli parce qu’ils ont été élèves et parce qu’ils ont su faire du verbe un moyen de rencontrer les gens et les réunir ». Et aussi, de les faire rêver…
