Jeudi 19 juin 2025, la commune de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne) a annoncé avoir été condamnée par le Tribunal administratif de Toulouse à verser 20 millions d’euros de dédommagements à la société PCE, émanation d’Unibail Rodamco Westfield, dans le cadre de l’annulation, par la justice, du projet de méga centre commercial Val Tolosa.
Val Tolosa : Un méga centre commercial mort-né
Pour rappel, Val Tolosa, c’était ce projet de grand centre commercial qui proposait sur 63 251 m2un hypermarché, un grand magasin, des moyennes unités, des boutiques, des restaurants, ainsi que des locaux associatifs et des bureaux, sur le territoire de Plaisance-du-Touch. Un projet qui a défrayé la chronique judiciaire pendant deux décennies avant d’être enterré, fin 2022, par le conseil d’État.
Le promoteur se retourne contre les collectivités locales
Après cet enterrement de première classe, le promoteur, la société PCE, s’est retourné contre les collectivités locales, leur demandant des dommages à hauteur de 190 000 euros. « Finalement, dans le cadre de ce recours, le rapporteur public se limite à la commune de Plaisance, et nous demande 24 millions d’euros. Cette somme porte sur la supposée perte de valeur des terrains suite à l’annulation du projet. Or cette perte n’est pas sûre tant que les terrains ne sont pas vendus », expliquait à Actu Toulouse le maire, Philippe Guyot, mercredi 18 juin. Un maire qui ajoutait : « 24 millions d’euros, c’est le budget annuel de la commune… »
Plaisance-du-Touch condamnée : « une profonde consternation »
Le lendemain, la décision est tombée, et le tribunal administratif de Toulouse a donc condamné Plaisance-du-Touch à verser 20 millions d’euros. Cette décision est bien une catastrophe pour cette commune de 20 000 habitants.
« C’est avec une profonde consternation que nous avons appris cette condamnation. Je tiens à exprimer ici ma ferme opposition à cette décision, qui frappe injustement une commune de 20 000 habitants, alors même que le projet porté par le groupe Unibail-Rodamco-Westfield, mastodonte du CAC 40, a été stoppé à plusieurs reprises par la justice pour des raisons environnementales, indépendantes de notre volonté », a immédiatement réagi le maire, Philippe Guyot, dans un communiqué de presse.
La commune annonce qu’elle va faire appel
Dans le même communiqué, le premier magistrat annonce « que la commune fera appel de cette décision devant la juridiction compétente ».
Il ajoute : « Nous solliciterons également une suspension d’exécution, pour éviter une mise en danger financière de notre collectivité, qui agit dans l’intérêt général et non pour le bénéfice d’une multinationale réalisant plus de 2 milliards de bénéfices rien que l’année passée. La ville de Plaisance-du-Touch ne saurait être tenue pour seule responsable des conséquences économiques de l’annulation d’un projet privé et des risques pris par la société porteuse et dont la réalisation a été entravée par des décisions juridico-environnementales extérieures à notre autorité […] ».
Ce combat, ce sera aussi celui des petites communes face à des intérêts privés de multinationales qui ne doivent pas l’emporter sur l’éthique et le bon sens, l’environnement et la justice sociale.
Quel projet à la place de Val Tolosa ?
Cette décision qui mettrait en péril les finances de la commune tombe alors que, depuis quelques mois, la commune mène une réflexion sur le devenir du plateau de la Ménude, là où devait voir le jour le méga centre commercial.
Cette réflexion, qui a mis à contribution des habitants, dans le cadre d’ateliers, est menée en partenariat avec l’Agence d’urbanisme et d’aménagement Toulouse (AUAT).
Des scénarios bientôt présentés
Le mercredi 20 juin, Philippe Guyot, expliquait la nature de ce travail à Actu Toulouse : « Dans quelques jours, l’AUAT va nous présenter plusieurs scénarios pour dire vers quoi on peut aller. Le but n’est pas de planifier, mais de dire quelles pourraient être les orientations avec potentiellement des espaces verts, de la réserve de biodiversité, mais aussi de l’accueil d’activités économiques ».
Le constat, c’est que sur les 40 hectares, suite aux décisions de justice, il y a dix hectares qui sont classés en zone humide ou en espèces protégées. Les artificialiser n’est donc plus à l’ordre du jour
Le maire, qui va être candidat aux Municipales de 2026, estime que la campagne électorale sera l’occasion pour chaque liste de proposer un projet pour le plateau de la Ménude. Avant que le prochain plan local d’urbanisme de la commune, qui sera validé en 2027-2028, ne précise les règles de constructibilité pour le plateau de la Ménude, parcelle par parcelle.