Les députés examinent ce lundi un texte des élus du Tarn Philippe Folliot et Jean Terlier, pour tenter d’assurer l’ouverture de l’autoroute entre Toulouse et Castres. Après trois mois d’arrêt, le chantier va reprendre mi-juin, mais le moteur va redémarrer doucement, indiquent les sous-traitants.
À quelques centaines de mètres de l’autoroute A69 en construction, à Soual, près de Castres (Tarn), Mathurin Castan compte les camions restés là, sur le parking de son entreprise, depuis l’arrêt des travaux, fin février, à la suite de la décision du tribunal administratif de Toulouse. Il y en a une quinzaine, et presque autant d’intérimaires, à qui le co-gérant de l’entreprise TAF a dit au revoir quand le chantier a été mis sur pause.
Alors, depuis que la cour administrative d’appel de Toulouse a autorisé la reprise des travaux, le 28 mai, Mathurin Castan a rappelé ces ex-intérimaires, publié des offres d’emploi en ligne et « mené une quinzaine d’entretiens avec des conducteurs potentiels », pour transporter sur le tracé de l’A69 des matériaux de construction. « On remet aussi le matériel en ordre de marche, on mène les révisions nécessaires pour que l’on tourne le plus vite possible à plein régime« , décrit avec un large sourire celui qui a perdu 800.000 euros durant l’arrêt des travaux, depuis fin février.
Faire revenir 1.000 personnes et 350 engins
Avant de prendre un ton plus grave : « Il est clair que le chantier ne reprendra pas directement avec le volume d’activité qu’il y avait avant l’arrêt des travaux. On va probablement être à mi-régime jusqu’au début de l’automne, mi-septembre. On ne peut pas juste en claquant des doigts refaire venir les 1 000 personnes et les 350 engins présents sur le chantier avant la mise à l’arrêt du chantier. »
Un constat partagé par le concessionnaire de l’autoroute, Atosca, et par un autre sous-traitant. Joël Bardou, lui, avait huit intérimaires, qui ont démoli des habitations situées le long du tracé, et manœuvré des tractopelles, des bulldozers.
Autant de pilotes dont le patron de Bardou TP s’est séparé, qu’il doit retrouver, mais « cela risque de ne pas être évident de trouver des salariés qualifiés correspondant aux postes. Ils doivent avoir les compétences, et notre matériel coûte très cher, donc je fais très attention à faire travailler des personnes attentives au matériel et à sa valeur. » D’autant que ses précédents intérimaires « ont trouvé du travail ailleurs, parfois déménagés » durant l’arrêt du chantier de l’autoroute.
De son côté, Atosca indique qu’il va avoir besoin de plusieurs semaines pour faire un état des lieux le long du tracé. Faire revenir les 1 000 personnes et 350 engins sur le chantier va prendre trois mois, à compter du redémarrage, mi-juin.
La justice peut encore arrêter le chantier
L’autoroute ne va donc pas ouvrir comme prévu initialement, fin 2025. Date à laquelle la cour administrative d’appel de Toulouse et le conseil d’Etat, saisi par les opposants, doivent rendre leur décision sur l’autorisation environnementale accordée à Atosca, indispensable aux travaux. Le chantier pourrait donc de nouveau être arrêté dans les prochains mois. « C’est comme si vous obtenez le permis de construire, vous construisez votre maison et on vous dit, alors que vous avez commencé le toit, qu’il faut tout détruire », enrage Romaric Maurel.
Ce patron d’une société de transport spécialisée dans les travaux publics, près de Gaillac, estime à 25% de son chiffre d’affaires annuel les pertes dues à l’arrêt du chantier. Il va devoir emprunter pour assurer un exercice 2025 à l’équilibre, et espère que le chantier ne subira pas un nouveau stop. « Nous, chefs d’entreprise, nous avons besoin de visibilité. Une fois on nous dit oui, une fois on nous dit non. Ce n’est pas gérable. »
La pluie va ralentir le chantier
Il espère que la proposition de loi votée au Sénat et présentée à l’Assemblée nationale ce lundi 2 juin garantira la pérennité de l’autoroute, en écartant un possible nouvel arrêt par la justice. C’est l’objectif du texte déposé par le sénateur du Tarn Philippe Folliot, et porté à l’Assemblée par le député tarnais Jean Terlier. Il pourrait cependant être retoqué par le Conseil constitutionnel.
Au-delà de l’incertitude juridique, Romaric Maurel craint que le chantier prenne encore du retard, en raison de la météo. Avec une reprise à 100% du chantier attendu à l’automne, quand la pluie recommence à tomber, « les intempéries vont ralentir l’avancée des travaux », redoute Romaric Maurin. « On ne peut pas bien terrasser, aplanir le terrain et poser le bitume quand il pleut. »
Le concessionnaire affirme que les deux tiers des travaux de l’autoroute ont été menés, avant l’arrêt du chantier fin février. Les opposants, eux, arguent que seule la moitié de l’A69 est réalisée.
https://www.francebleu.fr/occitanie/haute-garonne-31/toulouse-31555