Le 5 juillet 1975, le « cannibale » remporte sa 34e étape sur la Grande Boucle. Une journée historique pour le Gers, avec une arrivée très spéciale à Auch, sur le stade de rugby !
Deux étapes en une seule journée, c’est le tarif pour les coureurs du Tour de France, en ce 5 juillet 1975. Après une demi-étape en ligne le matin entre Langon et Fleurance, les coureurs remettent le couvert l’après-midi avec l’exercice du contre-la-montre. Depuis Fleurance, les coureurs arrivent un par un dans les rues d’Auch. C’est d’ailleurs la première fois que le Tour arrive dans la capitale du Gers !
Roger Pédemanaud, spectateur à l’époque, s’en souvient comme si c’était hier : « Il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde. Vraiment. A l’époque, tout le Sud-ouest adorait le vélo. Donc là, c’était génial ! Moi, j’étais à l’arrivée. Parce que je jouais au rugby, donc le stade, je le connaissais…«
Il faut dire que cette arrivée est très particulière. Elle est jugée au stade de rugby du Moulias (aujourd’hui rebaptisé Jacques-Fouroux) sur la piste d’athlétisme qui entoure la pelouse. Mais à l’époque cette piste n’est pas encore en dur ! Explications de Christian Laprébende, maire d’Auch aujourd’hui, qui se trouve ce jour de 1975 en bord de terrain avec son appareil photo : « La piste, c’était une cendrée. Un mélange de sable et de mâchefer, pas tellement propice au vélo. J’ai le souvenir de Raymond Poulidor : quand il a appréhendé le revêtement, il a un petit peu freiné et on l’a vu faire vraiment un dérapage. Il a évité la chute. C’était vraiment une particularité de faire un tour de piste ici avant de franchir la ligne d’arrivée« . Christian Laprébende a immortalisé ce jour historique sur un album photo, qu’il se désole d’avoir perdu.
Il se remémore la rage d’Eddy Merckx, qui crève à quatre kilomètres de l’arrivée, avant de finalement gagner l’étape. Regard noir et maillot jaune sur les épaules, celui qu’on appelle « le cannibale » remporte sa 34e victoire d’étape sur le Tour. Le record tient jusqu’en 2024 (il a été battu par le Britannique Mark Cavendish à Saint-Vulbas).
« Merckx, c’était le cannibale ! »
Depuis 1975, Roger Pédemanaud a fait carrière dans le cyclisme en vendant du matériel avec José Alvarez, un entrepreneur auscitain très connu dans le peloton. Il salue en Merckx un grand coureur qui s’impose à l’époque sur tous les terrains : « C’était le numéro un. C’est bien s’il se rappelle d’Auch, parce que c’est une de ses dernières victoires. Il courait du 1ᵉʳ janvier au 31 décembre, il voulait tout gagner ! Après, il y a eu Bernard Thévenet. C’était une belle époque« .
Parce qu’en 1975, ce début de la fin d’Eddy Merckx, c’est aussi l’éclosion de Bernard Thévenet, le Français qui finit à neuf secondes seulement à Auch et qui gagnera son premier Tour de France quelques jours plus tard à Paris. Une Grande Boucle qui se termine pour la première fois sur les Champs-Elysées, bien loin de la piste cendrée d’Auch.
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