Le quartier du Grand Matabiau à Toulouse est en pleine rénovation et abrite un projet d’habitat participatif. Objectif : permettre aux habitants de s’approprier leur quartier et de se loger à des coûts défiants toute concurrence. Nous avons rencontré quelques-uns des futurs résidents.
C’est une pose de première officielle, pas tout à fait comme les autres, qui s’est déroulée dans le quartier du Faubourg Bonnefoy, à Toulouse, ce 6 mai 2025 : celle du projet Les Herbes Folles. Il s’agit là d’un chantier immobilier, de la construction de 64 logements, le tout pensé par les habitants. Il s’agit en effet d’un projet d’habitat participatif avec des prix à l’achat et à la location défiants toute concurrence.
Deux retraités, futurs résidents, nous racontent pourquoi ils n’ont pas hésité une seconde. « Le participatif, cela permet d’avoir des rapports de voisinage conviviaux, estime Gaston Barthe. On met en commun et en projetant toutes nos idées, on devient solidaires des uns des autres. C’est un art de vivre. »
Gaston Barthe et Elyane Kaiser, futurs résidents. • © FTV
Depuis 2019, habitants et futurs résidents partagent leurs idées d’aménagement. « De réunion en réunion, on a imaginé des pièces communes, explique Elyane Kaiser. Une grande salle commune, buanderie commune, une terrasse, un jardin partagé… Un des habitants avait envie qu’il y ait une cave à vin donc on a opté pour la cave à vin« , raconte la future résidente avec un grand sourire. « Ici c’est, locataires, propriétaires, même combat. Si on ne fait pas d’effort d’aller vers les gens dans une résidence classique, il ne se passe rien. Tandis que là, dès le départ, on est tous ensemble« , poursuit, enthousiaste, la future locataire.
Dans ce projet proposé par le Comité ouvrier du logement, société coopérative d’intérêt collectif, pas question de spéculation. Les futurs locataires vont pouvoir se loger en payant l’équivalent d’un loyer HLM. Et l’accession à la propriété y est grandement favorisée. Les résidents peuvent ainsi commencer par louer, et acheter l’appartement au bout de la dixième année. Une partie des loyers est capitalisée pour financer leur bien.
Une formule qui a séduit Lucie Majonchi, attirée par la philosophie de ce projet. « Le but, c’est vraiment de faire en sorte que des familles qui ne sont pas très riches, comme moi, puissent rester en centre-ville. Je suis maman solo et indépendante, et ce n’est pas facile d’avoir les banques derrière nous pour acheter« , confie-t-elle.
Le projet des Herbes Folles, c’est 64 logements proposés à la location et à l’achat. • © FTV
Aux Herbes Folles, on peut aussi acheter avec un bail réel et solidaire qui permet d’être propriétaire des murs, tout en payant un loyer pour le terrain sur lequel est construite la résidence. »Cela fait des prix de vente qui sont à moins de 3000 euros du mètre carré, là où le marché est aux alentours de 5000 euros. Il y a une très grosse différence« , explique Imed Robbana, directeur général du Comité ouvrier du logement. Des prix appelés à rester accessibles durablement.
Ce projet de quartier innovant d’habitat participatif est porté et financé par Toulouse Métropole. « La ville de Toulouse est une ville solidaire et il faut qu’elle le reste, estime Jean-Luc Moudenc. Cela veut dire que des gens de niveau de revenu différent puissent continuer à vivre à Toulouse et si possible, à devenir propriétaire, même quand on a un niveau de vie modeste. C’est tout le pari de cette démarche. »
Aux Herbes Folles, il y aura également un pôle d’économie sociale et solidaire et un cinéma associatif pour une vraie vie de quartier. Les habitants devraient emménager courant 2026.
(Propos recueillis par Stéphanie Bousquet et Pascale Félix)
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse