Vendredi 16 mai, les salariés de l’Aide Sociale à l’Enfance de la Haute-Garonne sont à bout de souffle. Ils manifestent depuis 2 jours pour dénoncer les conditions d’accueil « indécentes » des enfants, le manque de moyens et l’inertie du Conseil départemental face à la violence et la prostitution des mineurs. Ils envisagent de porter plainte pour non-assistance à personne en danger.
L’Aide Sociale à l’Enfance de la Haute-Garonne devrait être un havre de paix pour les enfants placés. Mais c’est un cauchemar que dénoncent les salariés depuis le mercredi 14 mai. L’inertie du département est pointée du doigt.
Ils se rassemblent vers 11h depuis deux jours devant le Centre Départemental de l’Enfance et de la Famille pour crier leur colère et leur désespoir. Les salariés de l’ASE, l’Aide Sociale à l’Enfance sont déterminés : « Ça fait des années qu’on alerte et là, on est à bout de souffle », confie Fanny Peyronne, représentante du personnel Sud-Santé-Sociaux.
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— Juste Milieu (@JusteMilieu3) May 10, 2025
« On a envoyé des courriers au département, au préfet, au procureur de la République », poursuit-elle. « On a même écrit aux députés, aux ministres et au président de la République, mais rien ne se passe. Les conditions d’accueil sont indécentes, et tout le monde s’en fout », déplore la représentante syndicale.
L’Aide Sociale à l’Enfance de la Haute-Garonne accueille 248 enfants de la naissance à la majorité : « Nous sommes en suractivité permanente avec 44 enfants pour 36 places au sein de la pouponnière et 11 enfants pour 6 place chez les 3/5 ans », affirme Fanny. « Et quand les enfants arrivent de nuit, on doit les loger dans des bureaux au foyer d’accueil d’urgence, dont les locaux datent de 50 ans. On ne peut pas continuer ainsi ».
Pour Fanny, « enlever des enfants de leur famille pour les placer dans des lieux aussi pourris », c’est « gravissime ». Car cette situation, couplée au manque de moyens humains et de personnel qualifié, le turn-over est énorme, abouti à une violence quotidienne dans les foyers, dont les agents publics sont les premières victimes.
« En 2024, on a enregistré 120 accidents de service », explique la représentante syndicale. « Ça va du coup de poing à la fracture du pubis. Comment voulez-vous gérer des enfants, dont la situation est complexe, si nous n’avons pas les moyens d’intervenir ? On ne peut plus accomplir notre travail de protection ».
Fanny et ses collègues ne veulent plus fermer les yeux sur la prostitution des mineurs, qui gangrène les maisons d’accueil de l’ASE : « On sait que ça a lieu et que notre direction étouffe tout ça », témoigne-t-elle. « Mais aujourd’hui on ne veut plus cautionner ces dérives et s’il le faut, nous porterons plainte contre le département ».
Depuis la publication du rapport de la commission parlementaire sur les conditions d’accueil des enfants placés, les recours en justice des familles se multiplient contre les élus départementaux, accusés de ne pas avoir su protéger leurs enfants. Une plainte a même été déposée lundi 14 avril 2025 contre la France auprès du comité des droits de l’enfant de l’ONU pour « violations graves et récurrentes » des droits des mineurs, confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance.
#ASE Protection de l’enfance : un avocat marseillais porte plainte contre le Département et Martine VassalMaître @michel_amas dépose ce mercredi un recours devant les tribunaux de Marseille, Versailles et Évry.https://t.co/3vZLI2ZZnG
— autisme info (@AutismeInfo) April 30, 2025
Sollicité, le Conseil départemental affirme qu’il n’a de cesse « d’alerter le gouvernement sur les besoins de la protection de l’enfance mais reste sans solution », regrettant que « le gouvernement réduise les financements et se désengage ». Il rappelle que « plus de 30 millions d’euros ont été débloqués pour la transformation complète des bâtiments du CDEF », dont le budget est passé de 18,4 millions d’euros à 27,6 ces quatre dernières années.
Il précise aussi qu’il reste attentif à la situation. La présidente du Conseil d’administration du CDEF devrait d’ailleurs se rendre prochainement dans les villas, où sont accueillis certains enfants pour les entendre et échanger avec le personnel.
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