Un texte de loi soumis au vote des députés à l’Assemblée nationale le 26 mai prochain pourrait voir adopter le retour des insecticides néonicotinoïdes, interdits depuis sept ans en France. Ces pesticides nocifs pour la santé des abeilles inquiètent les apiculteurs.
Le début du printemps marque le départ de l’activité apicole et des premières récoltes de miel. À Léguevin en Haute-Garonne, Olivier Fernandez s’occupe d’une centaine de ruches et des millions d’abeilles ont trouvé leur place dans un bel écrin de verdure.
Mais la situation de ces insectes essentiels à la pollinisation n’est pas aussi rassurante qu’il n’y paraît. L’apiculteur se montre très inquiet avant l’examen d’un texte de loi à l’Assemblée nationale, soumis au vote des députés le 26 mai prochain. Il pourrait voir adopter le retour des insecticides néonicotinoïdes, utilisés dans des produits en agriculture avant leur interdiction en 2018.
« C’est incroyable de voir ce recul alors qu’on connaît les dommages sur la santé publique en plus de la mortalité chez les abeilles », regrette Olivier Fernandez, président du Syndicat Apiculteurs d’Occitanie, pointant l’ironie de la date de l’examen de cette loi, six jours seulement après la journée mondiale des abeilles le 20 mai.
La loi Duplomb vise à lever les contraintes sur les agriculteurs en autorisant le retour de certains pesticides pour lutter contre les ravageurs. Les néonicotinoïdes peuvent être utilisés en granulés, en traitements de semences ou en pulvérisation.
Les abeilles résistent mal à ce type de produits : « La santé des abeilles est assez fragile parce qu’elles dépendent du changement climatique. Elles vont subir les périodes de sécheresse et de gel. Mais aussi la pollution notamment avec les pesticides, ce qui nous rend fortement inquiet avec ce modèle agricole qui perdure », précise Olivier Fernandez.
Les ruches d’Olivier Fernandez accueille des millions d’abeilles. • © FTV
L’apiculteur regrette l’absence de consultation des nombreuses études scientifiques pointant l’impact de ces pesticides par les autorités. L’adoption de cette nouvelle mesure est préoccupante pour l’avenir des abeilles, d’autant que plusieurs facteurs sont déjà nocifs pour leur survie.
« Aujourd’hui, nous arrivons à maintenir des abeilles seulement avec un travail de multiplication, c’est-à-dire que nous produisons moins de miel en passant la saison à multiplier les ruches qui survivent pour pouvoir repeupler les ruches qui se vident », explique l’apiculteur, tout en précisant que l’arrivée du frelon asiatique en fin d’été fait aussi des ravages sur les colonies.
En sensibilisant les sénateurs et les députés, les apiculteurs espèrent désormais bien peser sur la décision des parlementaires pour ne pas connaître une nouvelle contrainte au développement des abeilles.
(Propos recueillis par Nathalie Fournis et Elsa Leroy)
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