Lors de la messe de Pentecôte réunissant 15.000 fidèles au MEETT, durant trois jours, en juin 2025, les remerciements publics adressés au maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, pour la gratuité de la salle ont déclenché une vive controverse politique. La mairie défend une « laïcité inclusive » et une aide légale.
« Merci à vous Monsieur Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, président de la Métropole, et à vos proches collaborateurs qui nous ont accordé la gratuité pour la location du Meett. » En ce week-end de la Pentecôte, la déclaration du vicaire général de Toulouse, Hervé Gaignard, est saluée par les applaudissements des 15.000 personnes venus assister aux confirmations de leurs proches. Le maire de la Ville rose apparaît sur l’écran géant de la grande salle, l’air gêné face à ces remerciements.
Cette gratitude publique n’entre pourtant pas dans les bonnes grâces de tous. « Lors de la messe de Pentecôte au MEETT, il a été affirmé que la salle a été mise à disposition gratuitement. Si cela est confirmé, c’est une entorse grave au principe de laïcité ! Une collectivité ne peut financer un culte ! Je demande une clarification officielle à Jean-Luc Moudenc » réclame Vincent Gibert, vice-président socialiste du conseil départemental de Haute-Garonne et conseiller municipal de Toulouse, sur son compte X le mercredi 11 juin.
Lors de la messe de Pentecôte au MEETT, il a été affirmé que la salle a été mise à disposition gratuitement.Si cela est confirmé, c’est une entorse grave au principe de laïcité ! Une collectivité ne peut financer un culte !Je demande une clarification officielle à @jlmoudenc. pic.twitter.com/hmu2SnYOJr
— Vincent Gibert (@vgibert) June 11, 2025
« C’est partiellement vrai, rétorque Jean-Paul Bouche, élu toulousain à la mairie en charge de la laïcité. Sur les trois jours de l’évènement, deux ont obtenu la gratuité. Le diocèse a payé une journée. » « En revanche, il nous a été également demandé de prendre en charge les frais techniques du Meett, les techniciens, le nettoyage. Tous les frais occasionnés par la manifestation. Cette demande d’aide a été refusée » précise l’élu.
Pour se justifier, la majorité municipale toulousaine met en avant sa politique de « laïcité inclusive« . « L’ancien maire, Pierre Cohen, ne voulait aucun lien avec les cultes, quelques qu’ils soient, explique Jean-Paul Bouche. Jean-Luc Moudenc, en 2014, a eu une attitude totalement différente. Il a notamment créé le Conseil de la laïcité afin de faire vivre tout le monde ensemble, et pour que les gens se parlent et vivent en harmonie. Parce que le pire des pièges, c’est l’ignorance de l’autre. Nous ne jugeons pas les cultes, nous ne les pratiquons pas. Nous restons neutres.«
Pour appuyer ses dires, l’avocat évoque le prêt gratuit de la Halle aux grains à la communauté juive en mars 2022 pour l’hommage aux victimes des attentats de Toulouse et Montauban ou la « mise à disposition de deux terrains à taux réduits durant l’Aïd, afin que la communauté musulmane puisse faire la prière dans de bonnes conditions et pas sur l’espace public. »
Mais légalement une collectivité peut-elle mettre à disposition à titre gratuit d’un local communal pour permettre la célébration d’une fête religieuse ? La réponse est oui mais à certaines conditions. En 2024, le Conseil d’État a établi plusieurs critères : la durée de l’évènement, sa fréquence, sa nature et la modestie de l’avantage accordé. Une mise à disposition gratuite ponctuelle et brève (ex : une matinée pour une messe) n’est donc pas automatiquement illégale.
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Mais ce dernier point – la libéralité (disposition à donner généreusement) – peut s’avérer problématique. Plus l’événement est important et mobilise de moyens (grandes surfaces, logistique, sécurité, etc.), plus la gratuité peut être considérée comme un avantage substantiel au bénéfice du culte, ce qui est prohibé par la loi de 1905. Selon la mairie, la prise en charge des deux journées de location n’aurait coûté « que » 50.000 euros sur une facture totale de 300.000 euros.
« La mairie de Toulouse accompagne la mise à disposition de salles à coût partiel et non pas à 100 %, car dans ce cas cela pose un problème. J’estime pour la messe de la Pentecôte qu’il n’y a pas de libéralité, assure Jean-Paul Bouche. Et je serai prêt, à le plaider devant une juridiction si nécessaire. » Pour l’heure, selon nos informations, aucun recours judiciaire n’a été déposé contre cette aide financière.
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