En France comme en Occitanie, les chiffres de l’emploi des séniors sont alarmants. 65 % des 60-65 ans sont sans activité. De manière générale, les plus de 50 ans sont victimes de préjugés. Pour les aider, la préfecture de région met en place un plan d’action. Les entreprises sont invitées à changer leurs pratiques et leur regard.
Eric est âgé de 52 ans. Il y a un an, il signe enfin un CDI dans une entreprise toulousaine en tant que chargé d’assistance. Un soulagement, après 3 mois de recherche suite à un licenciement économique. “J’ai dû faire une cinquantaine de CV en ayant 8-9 réponses et toujours des réponses négatives”, relate le quinquagénaire. “On ne comprend pas bien pourquoi ils ne nous convoquent pas pour savoir l’envie qu’on pourrait avoir, quels sont les freins qui pourraient les amener à penser qu’on n’est pas un bon candidat. Je n’ai pas l’impression que je vais arriver dans une entreprise pour jouer le plan-plan, j’ai encore des choses à apporter et il me reste encore 15 ans à travailler avant d’être à la retraite.”
La directrice de cette entreprise, de son côté, n’a pas hésité à employer un sénior. Au contraire, elle y voit des avantages. “En général, ils sont beaucoup plus autonomes, beaucoup plus force de proposition, ils ont une prise de hauteur aussi qui est beaucoup plus intéressante que chez des juniors”, analyse Shirley Verrando, la directrice de la relation client. “Je trouve que dans une équipe, ça apporte beaucoup d’équilibre.”
Pourtant, en Occitanie comme en France, l’emploi des séniors est malmené. 26,97 % des 50-60 ans sont actuellement à la recherche d’un emploi en Occitanie. Pour les 60-64 ans, ce chiffre s’élève même à 65 %.
En cause : des clichés sur leur investissement et leur efficacité au travail. “Souvent on se dit que le sénior est coûteux, qu’il coûte plus cher qu’un salarié plus jeune qui rentre dans l’entreprise, il ne maîtrise pas les outils numériques, c’est quelqu’un qui ne va pas tarder à quitter l’entreprise comme il va partir à la retraite”, énumère Thierry Costes, le directeur association FACE 31, une association de lutte contre l’exclusion. “Alors que tout ça est faux”.
Pour relancer l’emploi des seniors, l’Etat et sa préfecture de région en Occitanie ont mis en place un plan d’action. Il vise à changer les pratiques des entreprises et faire évoluer le regard sur les plus de 50 ans, notamment via une grande campagne de communication lancée le 2 juin dernier.
“Nous n’avons pas de spécificité occitane sur ces sujets-là, nous avons une société qui globalement, s’est un peu détournée des séniors pour les recrutements et nous devons arriver à convaincre tout le monde que c’est du gagnant-gagnant”, argue Julien Tognola, le directeur de la DREETS Occitanie (la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités).
L’enjeu est de taille : en France, d’ici moins de 10 ans, la moitié des actifs aura plus de 50 ans. lls représentent aujourd’hui 30 % de la population d’Occitanie.
Article écrit à partir du reportage d’Amélie Poisson et Thierry Villeger.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse