Ma voiture est-elle équipée d’airbags Takata ? C’est la question qui angoisse bon nombre d’automobilistes depuis l’accident mortel survenu à Reims le 11 juin 2025. Et la réponse n’est pas forcément facile à obtenir, comme en témoigne une ancienne habitante de Toulouse, victime d’un bug sur le site de son constructeur automobile.
Une mère de famille est décédée au volant de sa Citroën C3 après l’explosion d’un airbag, le 11 juin 2025 à Reims. Depuis, la polémique sur la campagne de rappel et d’immobilisation des véhicules équipés de coussins gonflables Takata a repris de plus belle. Les analyses de risques réalisées par certains constructeurs automobiles manqueraient de fiabilité. Et parmi les automobilistes qui s’interrogent sur le potentiel danger d’utiliser leur voiture, la recherche d’informations peut s’avérer troublante. Julie, propriétaire d’une Skoda Citigo de 2016, en a fait l’amère expérience.
Quelques jours après la mort de l’automobiliste de Reims, Julie décide de vérifier si sa voiture est potentiellement dangereuse. Elle se connecte alors sur le site de Skoda, rentre le numéro d’identification, et à la question de savoir où elle a roulé, elle répond en France. « Et, ça me dit, vous n’avez pas d’airbag. » Intriguée par cette question concernant les endroits où le véhicule a pu être utilisé, Julie réessaye avec d’autres réponses. Et là, stupeur. « Je tape que je conduis ma voiture en Espagne avec le même numéro d’identification. Et là, il y avait marqué : vous avez un airbag Takata installé dans votre voiture. Comment ça se fait qu’en Espagne, ça me dit que je suis concernée et pas en France ?«
Pour en avoir le cœur net, Julie appelle une concession Skoda près de chez elle. Réponse : « non, vous n’êtes pas concernée« . Loin d’être rassurée, la jeune femme passe à une autre étape, appelle le service client de Skoda. À l’autre bout du fil, on lui indique que « les informations ne sont pas cohérentes« . Qu’on va la rappeler. Le week-end passe, puis Julie rappelle à nouveau pour obtenir finalement cette réponse : « Vous avez bien les airbags Takata, il y a dû avoir un bug informatique, mais c’est réglé. Vous n’êtes pas rappelée actuellement. »
Et si Julie n’était pas la seule dans ce cas ? « Moi, ce que je trouve un peu dangereux dans ça, c’est que si ce bug a duré longtemps, il y a peut-être plein de gens qui pensent qu’ils n’ont pas ces airbags et qui ne vont jamais appeler le service client pour vérifier.«
L’automobiliste décédée à Reims aurait dû recevoir un courrier de rappel de sa voiture. Sauf que l’adresse sur la carte grise n’avait pas été mise à jour. Avec sa Citigo de 2016, achetée d’occasion il y a deux ans pour rouler en France Hexagonale, Julie n’est pas concernée, pour l’instant, par la campagne de rappel. Priorité est donnée aux véhicules les plus anciens et ceux utilisés dans des zones chaudes et humides. « Les conditions climatiques (chaleur et humidité), conjuguées à l’ancienneté des véhicules, sont les principaux facteurs de dégradation des airbags Takata défectueux« , précise le gouvernement qui, ce 24 juin 2025, a réclamé l’immobilisation de 800.000 véhicules supplémentaires.
Ce critère de chaleur et d’humidité est-il suffisant ? Julie commence à en douter. « On se dit, bon, ma voiture, je l’ai conduite à Toulouse, et avant elle était dans le Lot, ce ne sont pas les endroits les plus chauds. Mais si j’ai roulé au sud de l’Espagne, ce n’est pas la même chose. Et puis, si une personne a vécu en Corse avant de ramener sa voiture à Toulouse…«
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Julie s’inquiète de la lenteur des campagnes de rappel. La procédure de « stop drive » est désormais étendue en métropole, hors Corse, aux modèles fabriqués jusqu’en 2011. « Ça signifie que nous, les voitures de 2016, on part du principe que c’est dans deux ans, quatre ans qu’on va être rappelés. En espérant que d’ici là, ils ne nous explosent pas au visage, qu’on n’ait pas d’accident. »
La conductrice regrette de ne pas avoir plus de précisions sur les niveaux de risque. Et avoir une échéance quant au rappel de sa voiture. « Si on a mis des airbags dangereux, il faut les changer. Là, on n’a pas de visibilité. Dire qu’on les rappellera un jour, je ne trouve pas ça suffisant. » En attendant, Julie ne peut pas se passer de sa voiture pour aller au travail. Et se contente d’espérer de ne pas avoir d’accident. Bonne nouvelle malgré tout.
Le gouvernement a publié le 25 juillet 2025, la liste des 200 modèles de voitures concernés par ce problème. Parmi elle, la Skoda Citigo, la voiture de Julie.
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