Présidente du Comité départemental de Haute-Garonne, Annie Crayssac est engagée de longue date dans le monde du rugby. Passionnée, attendrissante et intransigeante, elle a tout d’une maman pour le rugby d’ici.
Tout commence à Caudecoste, à 15km au sud d’Agen pour Annie Crayssac. Comme pour beaucoup, son entrée dans le rugby se fait par la voie familiale. Son père jouait à Valence d’Agen, ses oncles, eux aussi dans le monde de l’ovalie. Un monde dont elle s’éloigne en épousant son mari qui n’était pas dans l’univers du rugby, mais qu’elle retrouva rapidement avec la naissance de ses deux fils : sa passion était née. “Ce sont mes enfants entre guillemets qui m’ont fait entrer dans le rugby car j’ai eu la chance d’avoir mon aîné en sélection de Haute-Garonne, je le suivais partout. Puis un jour le président de l’époque, Jean Laroussinie, m’a demandé si je ne voulais pas entrer au CD 31, car il manquait du monde.” C’est comme cela qu’elle pousse la porte du Comité pour la première fois.
L’engagement commence bien avant pour la maman du rugby départemental. En effet, c’est à Grenade qu’elle posa la première pierre. “Je ne m’en rappelle pas exactement, mais c’était dans les années 90, puis derrière, j’ai fait 24 ans de club.” Là aussi, ce sont les dirigeants qui sont venus la chercher. D’abord secrétaire, puis présidente de l’école de rugby, elle finira secrétaire générale du club. Puis elle s’en ira, pour quelques désaccords, “je ne voulais pas me mettre en porte à faux par rapport à mon poste au CD”, mais aussi pour voir autre chose. Elle débarque à la Salvetat pour 5 ans, avant de lâcher pour se concentrer sur son poste au Comité. “C’était trop, je n’étais jamais chez moi”.
Première femme à la tête du CD31
Un engagement et des convictions qui n’ont jamais faibli, jusqu’à la porter à la tête du Comité départemental. “Une grande fierté… Un aboutissement non, car au départ je n’étais pas du tout candidate. Le fait est que personne d’autre ne voulait le poste. Après avoir mûrement réfléchi, j’ai accepté. Je ne voulais pas que le département se retrouve sans président ou avec quelqu’un qui n’y connaissait rien.” A la comptabilité pendant presque 20 ans, son métier de comptable l’ayant bien aidé, c’est donc en tant que présidente qu’elle continue sa mission ; son sacerdoce pour une institution qu’elle aime plus que tout. Alors forcément, intransigeante, comme toutes les mamans, elle sait serrer la vis. “Il n’y avait pas de passe-droit. Tout ce qui était dépensé, il fallait que j’aie des factures, et ce n’était pas négociable.” Très carrée, elle l’est encore, jusqu’à devenir un exemple. “La Ligue et d’autres départements, me contactent pour avoir des avis, des conseils, et c’est quelque chose qui ne se faisait pas avant.” félicite-t-elle.
Première femme à la tête du CD 31, elle a mis du temps à réaliser. “Je m’en rends compte parce qu’on me le dit. Première présidente du troisième plus grand département de France c’est vrai que c’est une fierté.” mais pas de quoi la changer. “Ce n’est pas ça qui va me faire gonfler la tête. Je continue de faire comme je faisais avant. Il y a des fois où je dois dire non, mais je m’y fais.” Très investie dans sa volonté de resserrer les liens avec les clubs, et de mettre en avant le côté social du rugby, elle a aussi été intransigeante dans la venue de nombreuses femmes au sein de son bureau. “Je trouve même qu’il n’y en a pas assez” sourit celle qui aurait aimé faire du 50/50.
Une vie de rugby
Maman du rugby, Annie Crayssac est aussi grand-mère de quatre petits-enfants. Une vie de famille qui lui permet de couper. “Chez moi je vis seule, je vois très souvent mes petits enfants, et on parle très rarement rugby parce que sinon on ne ferait que ça. On parle famille, et je m’occupe des petits.” Mais jamais trop longtemps, car la présidente a besoin du rugby dans sa vie. Et si elle regrette de ne pas avoir pu jouer, car “à l’époque ça ne se faisait pas”, elle a su s’investir autrement dans ce monde de l’ovalie dont elle a tant besoin. “C’est rare que je fasse une semaine sans aller voir un match ou en regarder un à la télé. Je vis ma passion ! Je ne sais pas trop comment le définir mais c’est en moi. Je me rappelle quand mon père et mes oncles faisaient du rugby, je me voyais toute petite au bord du terrain. Mais pour autant, je ne pense pas que ce soit là qu’est née la passion. C’est plutôt lorsque mes enfants ont commencé le rugby. Je les suivais partout” comme la fois où elle est allée jusqu’à Quimper en voiture pour voir son petit jouer avec la sélection de Haute-Garonne. Rien de plus normal finalement pour la maman du rugby.