L’avionneur chinois Comac espérait pouvoir décrocher la certification européenne de son monocouloir cette année et engranger ses premières commandes à l’international. Finalement, il devra patienter entre trois et six ans de plus. L’Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA) a, en effet, encore de nombreux tests à mener. Explications.
Il a le design d’un A320, les moteurs d’un A320, mais ce n’est pas un A320. Le C919 du constructeur chinois Comac a été lancé pour concurrencer les court-courriers d’Airbus et de Boeing. Entré en service en 2023 et commandé à 1 200 exemplaires, l’appareil de 160 places n’est pourtant pas près de faire de l’ombre aux A320neo et 737 MAX. Et pour cause… Le biréacteur assemblé à Shanghai n’est, pour l’instant, certifié que par l’autorité chinoise de l’aviation civile (CAAC) et ne peut donc voler qu’en Chine.
« Nous devrions certifier le C919 d’ici trois à six ans »
Le constructeur aéronautique espérait pouvoir obtenir sa certification européenne cette année, et engranger ainsi ses premières commandes à l’international. Mais l’obtention du précieux sésame prendra plus de temps. Créé en 2008, Comac est, en effet, un jeune avionneur qui doit montrer patte blanche et gagner la confiance de l’Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA).
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« Le C919 ne pourra pas être certifié en 2025 », explique Florian Guillermet, le directeur de l’EASA, dans un entretien accordé à L’Usine Nouvelle. « Nous devons encore réaliser des tests de validation du design de l’appareil et de certains composants. Des vols d’essai doivent également être effectués. Comac met dans cette certification beaucoup de ressources, de volonté, de moyens techniques. Je n’ai aucun doute sur le fait que l’entreprise y parviendra. Nous devrions certifier le C919 d’ici trois à six ans », lâche le responsable.

Le C919 ne fait pas (encore) le poids
Le court-courrier chinois devrait donc dépasser ses frontières en 2028 au plus tôt. Sur le papier, la nouvelle pourrait inquiéter Airbus et Boeing. Mais dans les faits, le C919 est encore loin des best-sellers européen et américain notamment en termes de performances. Avec une capacité sensiblement identique, le monocouloir chinois affiche, en effet, une distance franchissable de 4 000 km, contre un peu plus de 6 000 km pour l’A320neo et le Boeing 737 MAX-8. Seul, un prix attractif, pourrait donc favoriser ses ventes.
Côté cadences de production, le C919 est aussi loin de faire le poids face à ses concurrents. L’avionneur chinois vise une trentaine de livraisons cette année et espère atteindre les 150 avions par an en 2030. À titre de comparaison, Boeing et Airbus, en livrent chacun cinq fois plus. Et l’avionneur européen ne compte pas en rester là. Il prévoit de produire en 2028, 400 avions de plus par an qu’aujourd’hui. Il faudra donc du temps au monocouloir de Comac pour se faire une place, et rivaliser avec les deux géants de l’aéronautique.