Patrouillant au cœur du métro toulousain, les agents de contrôle et de prévention de Tisséo doivent faire face, chaque jour, à de nombreuses violences commises à leur égard. Une situation qui alarme la CGT, le syndicat se sent lâchée par la direction du réseau de transport.
Provocations, insultes, violences… Chaque jour, les agents de terrain de Tisséo doivent faire face à de nombreuses interventions délicates. C’est particulièrement le cas dans le métro où, depuis quelques années, les violences et les incivilités se sont multipliées à vitesse grand V. Face à ce constat, différents syndicats sont montés au créneau pour dénoncer la situation. C’est notamment le cas de la CGT de Tisséo comme l’explique Jean-Philippe Favier, son secrétaire général.
« On a des cas de personnes qui sortent des couteaux »
« C’est une violence quotidienne. Les copains sont confrontés tous les jours aux crachats, aux insultes, aux violences… On a des cas de personnes qui sortent des couteaux » détaille-t-il. Régulièrement directement visés par ces violences, les agents de prévention ou de contrôle qui circulent sur le réseau de métro interviennent aussi parfois sur des rixes qui éclatent entre les usagers, assurant ainsi la sécurité des autres passagers.

« Il y a un manque cruel d’agents de prévention »
« Nous avons le troisième plus grand réseau de France. Il y a une fréquentation énorme dans le métro mais il y a un manque cruel d’agents de prévention. Ils ne sont que quarante-quatre ou quarante-cinq » reprend Jean-Philippe. « Les dimanches, seuls trois agents couvrent l’ensemble du réseau. Il y a quinze jours, les trois agents ont été pris à partie. L’un d’entre eux a terminé aux urgences et un autre a eu une entorse. Le collègue s’est retrouvé seul sur le reste de la journée. Que faut-il ? Attendre qu’il y ait un accident de travail mortel ? » s’inquiète-t-il.
Lorsque de telles situations dégénèrent, les agents de prévention (généralement en trinôme), n’ont pas énormément de marge de manœuvre. « Sur le réseau, les agents Tisséo, les conducteurs de bus par exemple, ont un appel d’urgence. Ils ont pour consigne de mettre les usagers en sécurité, de se mettre en sécurité et de calmer la situation. Mais quand ils se retrouvent face à des gens vraiment violents, ils ne sont pas libres de leurs mouvements. Leur consigne, en gros, c’est : « quand c’est chaud, on lâche et on recule ». Ils travaillent sur le fil du rasoir » détaille-t-il.
« C’est facile de prendre des décisions depuis un bureau »
En avril 2022, un responsable d’équipe de contrôleurs intervient face à deux usagers violents. Dans l’intervention, il répond aux agresseurs, munis d’un couteau et d’une machette, en portant un coup à l’un d’eux. Convoqué ensuite par sa direction, il passera en conseil de discipline le 13 mai prochain. « C’est un chef d’équipe qui a simplement fait son métier. Et pour cela, il passe en conseil de discipline » explique Jean-Philippe.
« Depuis, l’affaire a été médiatisée et la direction a fait machine arrière. Ils disent qu’il n’a jamais été question de le licencier. Mais depuis quand un conseil disciplinaire est-il un simple rappel à l’ordre ? Il avait déjà eu un entretien quelques jours auparavant. L’idée était clairement de le sanctionner avec, possiblement, un licenciement » peste le secrétaire général. « C’est facile de prendre des décisions depuis un bureau » conclut-il.