L’idée de départ est géniale : le jour, Camille Cobra est un détective assez médiocre. Pas vraiment Columbo. Il est paresseux, pas vraiment dégourdi… rien du superhéros ! Sauf que dans ses rêves… Alors là, il devient Camille Cobra, aventurière au charisme fou, héroïne superstar d’histoires trépidantes et menées à fond de train. Un nouveau Walter Mitty, 86 après celui de James Thurber ! Autre idée géniale : Camille (l’aventurière) va souffler à Camille (le détective) les solutions aux problèmes qu’il se pose.
Un rythme trépidant et beaucoup d’humour
Disons-le tout net : « Camille Cobra » est un régal de bande dessinée. Elle se lit et se relit, tant elle fourmille d’idées formidables de scénario et de trouvailles visuelles aux petits oignons. Né sous les crayons de deux dessinateurs toulousains, Léo Louis-Honoré et Cléry Dubourg, cet album – on espère, on exige plein de petits frères ! – se dévore et se passe de mains en mains et d’âges en âges. « Nous avons tous deux grandi avec des histoires qui démarrent sur les chapeaux de roues, confie Léo. Nous voulions un rythme rapide, en jouant sur les deux temps du récit. » A Léo le narratif du détective : ses cases sont denses, pleines et encombrées comme l’est le cerveau de l’inspecteur ; à Cléry les scènes de rêve et des vignettes plus épurées, sans fond ou presque, juste Camille débarrassée des quelques poils au menton du détective. « Nous travaillons ensemble depuis longtemps et avons sorti un album, « Strip ou Double » ensemble. Étudiants à Angoulême, on a vite compris qu’on était sur la même longueur d’onde. Nous avons fondé ensemble une association éditrice, Les Machines. Nous voulions à présent nous lancer sur un format plus long et avions à cœur de proposer un récit ludique qui reflète le fait que l’on apprécie tous les deux le travail de l’autre. »
Ni vulgarité, ni code langage démago
Installés en résidence à Moulin-Boissard, dans la Vienne, les deux compères ont inventé Camille Cobra pour les jeunes, qui trouveront dans ce premier album de quoi se réjouir, et les parents, qui s’amuseront de ce récit aussi joyeux qu’intelligent en saluant au passage la volonté des deux Toulousains de ne pas prendre leurs enfants pour des imbéciles. Pas de vulgarité facile, pas de code langage démago en clins d’œil complice pour saisir le si élusif « air du temps » : que de l’humour, des personnages très drôles (mention spéciale à l’oiseau au regard étrange qui porte « la » Camille au-dessus du monde…), des intrigues bien ficelées et une bonne humeur qui fait que l’on a hâte – vraiment hâte, Léo et Cléry !- de les retrouver bien vite. En attendant, allez à la rencontre de ces deux jeunes dessinateurs ce samedi à la librairie Terres de Légendes. Vous allez voir : ils sont super-sympas, ces deux Toulousains !