Loubens Lauragais est comme groggy après le meurtre d’un père de famille, dans le huis clos familial. Les habitants expriment compassion et incompréhension.
« Ce n’est pas une famille à problème. Qu’est-ce qui a pu pousser à ce drame ? ». Comme Maryse*, le village de Loubens-Lauragais, à l’est de Toulouse, paraît groggy après le meurtre d’un père de famille de 38 ans, vendredi 9 mai 2025.
Sa compagne de 38 ans, éducatrice spécialisée, et leur fils, un lycéen de 16 ans, selon le parquet de Toulouse, ont été mis en examen pour homicide volontaire et modification de scène de crime. « C’est terrible, on se met à leur place, à celle de leurs proches », soupire cette quinquagénaire qui les connaissait.
La victime était d’origine néerlandaise. « Ce sont ses parents qui se sont installés au village, il y a plusieurs décennies de ça. Ils s’étaient même mariés sur place », se remémore une habitante de ce bourg coquet peuplé de maisons à colombages que toise un château (privé) du XVIe siècle.
« Je voyais le papa emmener ses enfants à l’école »
Devenue scène de crime, la fermette aux rosiers touffus et odorants avait été scindée en deux. « Les parents l’avaient achetée avec un autre couple de Hollandais. Mais ces derniers ne viennent plus que pour les vacances », croit savoir un voisin. Dans le jardin arboré, des sièges de couleurs vives et dépareillées témoignent d’une vie paisible, campagnarde. « Nous sommes 500 habitants à Loubens. Avant, il y avait des agriculteurs, trois boucheries, des commerces. Aujourd’hui, c’est devenu un village dortoir », illustre Françoise*, qui aligne les allers-retours quotidiens jusqu’à Toulouse pour y travailler.
Croisé dans les rues du bourg, un authentique Mexicain en villégiature depuis la veille découvre, incrédule, l’actualité criminelle locale. « J’en ai entendu parler, mais je ne connais pas la famille, désolé », s’excuse une dame en plein emménagement. « Je voyais le papa emmener ses enfants à l’école », se souvient Maryse. Un petit kilomètre à grimper à travers un alignement de platanes, jusqu’à l’établissement primaire que ceignent de solides grilles en fer forgé.
Tous pensent à la grand-mère. « Elle était aide à domicile. Une femme adorable », se désespère une habitante. « Elle faisait le ménage chez l’ancien maire », affirme Charles, 90 ans. Une femme marquée par les épreuves. « Son mari est décédé dans des circonstances difficiles, tout comme l’un de ses trois fils. Et là, elle perd le cadet. Je pense beaucoup à elle, aux enfants », soupire Julien, 40 ans. Le dernier commerçant du village, c’est lui. Cet ex-menuisier a racheté l’Auberge de Loubens, face à la halle rénovée. « On côtoyait la famille à la sortie des écoles ou lors de la fête du village. Des gens discrets, souriants, joviaux, courtois. C’était bonjour au revoir, chacun sa vie… ».
Le village fait corps, soudé. « Personne n’est à l’abri de ce genre de drame. On se dit que ça pourrait être nous », exorcise Maryse. « Ici chacun est respectueux de la vie privée », tranche Julien. « Mais si [la grand-mère] a besoin de parler, elle sait qu’il existe des oreilles bienveillantes… ».
(*) Les prénoms ont été modifiés.