Un microblading vire au cauchemar pour une danseuse de Haute-Garonne, défigurée par une esthéticienne non déclarée. L’affaire s’est terminée au tribunal correctionnel de Toulouse.
L’image est saisissante. L’un des sourcils mesure à peine deux millimètres. L’autre est nettement plus épais. Un déséquilibre que cette cliente supporte mal. Pourtant, son esthéticienne lui avait garanti une parfaite maîtrise du microblading, une technique de maquillage semi-permanent censée reproduire l’apparence de poils naturels. Après plusieurs infections, l’affaire s’est soldée devant le tribunal ce mardi 27 mai 2025.
Tout commence en 2021. À cette époque, une professionnelle développe sa clientèle à Blagnac, notamment en proposant des blanchiments dentaires dans son cabinet. Elle affirme posséder plusieurs diplômes, affichés dans son salon, notamment en esthétique. Au fil des mois, elle suit diverses formations, dont l’une porte sur le tatouage des sourcils.
Lorsqu’elle évoque ces compétences sur les réseaux sociaux, plusieurs femmes se montrent intéressées. Parmi elles, Marie (1), danseuse reconnue en Haute-Garonne et très suivie sur internet. Après un échange rapide, un rendez-vous est fixé le 6 décembre dans les locaux de la praticienne, à Blagnac, près de Toulouse.
La séance débute. Marie est allongée, sans miroir à proximité. La spécialiste se penche au-dessus d’elle. Étrangement, elle ne porte ni charlotte, ni gants, ni masque, alors que l’épidémie de Covid reste très active. À mi-parcours, Marie, prise de douleur, demande une pause pour se rendre aux toilettes. « C’est à ce moment-là que je me vois dans un miroir. C’était horrible. Quelle horreur », confiera-t-elle plus tard aux policiers.
Du sel et du sérum physiologique comme traitement…
Affolée, elle quitte précipitamment les lieux sans régler la séance, convaincue d’avoir été défigurée. Les jours suivants, la plaie s’enflamme puis s’infecte. Elle contacte la tatoueuse, qui lui suggère un remède de fortune : du sérum physiologique et du sel. Un traitement qui empire la situation. Accompagnée par Mes Sarah Nabet-Claverie et Alexandre Parra-Bruguière, Marie décide de porter plainte.
Les conséquences sont lourdes : psychologiques bien sûr, mais aussi professionnelles. La danseuse, incapable de se produire sur scène, doit recourir à un traitement au laser pour atténuer les séquelles. Elle envoie la facture à l’esthéticienne, espérant qu’elle en assume la charge.
L’affaire trouve son épilogue devant la justice, quatre ans plus tard. L’enquête révèle que la professionnelle n’était pas déclarée et qu’elle était encore en formation. Le tribunal lui inflige une amende de 800 € et la condamne à indemniser la victime, notamment pour couvrir les frais de justice.