Figure marquante de la gauche toulousaine, le maire bâtisseur Étienne Billières revient au cœur du débat politique. Un nouvel ouvrage retrace sa vision sociale et urbanistique, entre modernisation municipale et combat contre l’extrême droite.
En mai 1925, après avoir été deux fois maire adjoint à l’état civil et avoir connu d’autres tentatives infructueuses, Étienne Billières est élu maire de Toulouse. Il sera réélu jusqu’à sa mort, le 3 février 1935, lors d’un voyage privé à Alger. Et si ce militant SFIO revient aujourd’hui sur le devant de la scène publique, c’est pour des raisons contrastées.
Tout d’abord, à l’orée des futures élections municipales de 2026, certains candidats présomptifs veulent faire revivre l’héritage d’Étienne Billières à Toulouse, qu’ils définissent comme « un maire bâtisseur qui lança la municipalité dans un programme urbanistique de grande ampleur, avec l’édification de plus de 500 logements répartis en neuf cités-jardins dotées d’un habitat pavillonnaire bénéficiant d’écoles communales construites dans le style Art déco ».
Une école de sténodactylographie, l’école Billières
Ensuite, et surtout, Rémy Pech, professeur honoraire d’histoire contemporaine à l’université Toulouse-Jean Jaurès, qu’il a présidée de 2001 à 2006, publie un livre : 1925, Étienne Billières, un maire visionnaire au Capitole, édité par les Éditions Midi-Pyrénées. Il s’agit d’un ouvrage historique, richement documenté. On y redécouvre l’homme de Saint-Cyprien, né rue de Varsovie, décrit comme un « personnage à forte carrure, haut en couleur avec sa coupe en brosse et sa barbe jaurésienne… aimant à aborder les Toulousains en occitan… bon orateur… autodidacte donnant des cours à l’école de commerce… » qui créera avec son épouse Rose, rue de Metz, une école de sténodactylographie, l’école Billières, bien connue des Toulousains.
Bien sûr, Rémy Pech détaille le programme de constructions réalisé par Étienne Billières, mais en le soulignant plus visionnaire que bâtisseur et en insistant sur le rôle collectif de son équipe municipale, unie autour de lui. Ainsi souligne-t-il qu’au-delà du logement, des écoles, de l’assainissement, du pavage des rues, de l’éclairage axial, Billières insiste sur le fait que « la municipalité s’efforce d’établir une liaison entre les œuvres scolaires et postscolaires » et, pour cela, il met en chantier deux réalisations majeures à Toulouse : la bibliothèque municipale de la rue du Périgord et le parc des sports de l’île du Ramier, avec terrains de sports et piscines.
Les autres aspects politiques de Billières, pour combattre l’émergence du fascisme et de l’antisémitisme, sont abordés, ainsi que quelques contestations, en particulier du parti communiste et de l’Église catholique… pas pour les mêmes raisons ! Et l’ouvrage se termine par les hommages des maires successeurs à « un homme qui a renoncé à une carrière nationale pour se consacrer à sa ville et l’inscrire dans un projet de modernisation et d’humanité ».
Au décours d’une journée consacrée à « la deuxième gauche » et après une rencontre le 14 juin à 11 h avec Vincent Duclert autour de Rocard, une biographie internationale, Rémy Pech présentera à 14 h 30 son ouvrage sur ce maire visionnaire.