SERIE. À Issus, les habitants ont l’habitude de rire avec autodérision du patronyme de la commune, devenue une référence locale… Certains vont jusqu’à voler les panneaux pour les afficher comme des trophées. Découvrez le premier épisode de notre série consacrée aux noms insolites des communes d’Occitanie.
« Ici, Issus pas des glaçons. » C’est sur ce mot d’esprit bien connu des anciens du village que Thierry Colombiès nous accueille chaleureusement à Issus. Avec sa bonne humeur communicative, le cantonnier coupe sa débroussailleuse et délaisse la pelouse de l’école pour évoquer avec fierté son village natal. Depuis 59 ans, cette figure familière du quartier connaît par cœur les plaisanteries autour du nom de sa commune.
« Les gens du coin ont l’habitude. On est même voisin des villages de Pouze et de Belbèze, donc ça fait un sacré cocktail », lance avec ironie l’employé municipal. « Dès qu’on parle d’Issus à des gens qui ne sont pas du secteur, ça les fait toujours sourire. En tout cas, pour rien au monde je ne partirai d’ici ».
Un seul Issus dans le monde
Mais alors, pourquoi Issus ? « Ce n’est pas parfaitement établi, le nom viendrait de la rivière la Hyse, qui traverse la commune. En occitan, « au-dessus de la Hyse » se dirait « Haut Isse », ce qui aurait évolué en « Issus ». Le village est effectivement situé en hauteur par rapport à la rivière », explique Bruno Caubet, maire et président de l’intercommunalité. Lorsqu’on demande à l’élu si le nom de sa commune peut faire honte à certains habitants, il répond sans détour : « Jamais ! C’est ce qui nous différencie. Tapez « Issus » sur un moteur de recherche, vous verrez qu’il n’y en a qu’un au monde ».

Une singularité qui n’empêche pas le village de 650 habitants de prospérer. Niché au cœur du Lauragais, au sud de Toulouse, la population est en plein boom. Les champs ont laissé place à quelques zones pavillonnaires, bordées par de petits chemins de terre pour des balades en forêt. Nombreux sont les néo-Issusiens qui viennent profiter du calme de la campagne, tout en restant à proximité de la métropole.
« C’est super bien situé et l’ambiance entre les voisins est très sympa », se réjouit Patricia, jeune maman fraîchement installée avec son conjoint. Le nom insolite n’a été à aucun moment un frein. « Au début, on s’est quand même demandé si on prononçait de la bonne manière, et c’est bien le cas… Mais très vite, on n’y pense même plus ».

« La petite boule d’Issus » fait vivre le village
Le village ne manque pas de dynamisme, et le maire peut compter sur un tissu associatif bien vivant. Danse africaine, gym pour les enfants, soirées jeux de société… les activités ne manquent pas. Dès les beaux jours, le club de pétanque local, « La petite boule d’Issus », fait vivre la place de l’hôtel de ville. Et pour les grandes occasions, il est même possible de se marier au château d’Issus, un domaine qui accueille des réceptions tout au long de l’année.

L’été, l’ambiance bat son plein. Les Issusiens arborent fièrement le nom de la bourgade sur leur torse quand vient la fête votive, le week-end du 15 août. « Il faut à tout prix venir, on se retrouve avec près de 400 convives sur la place pour manger un bon cassoulet et danser toute la nuit », raconte Stéphanie, une riveraine très impliquée dans la vie locale. « Quand j’invite des amis à la fête, ils hésitent souvent à répéter l’adresse. On prend les devants et on épelle ! Les copains retiennent bien le nom, mais ils osent rarement prononcer le ‘S’ final », s’amuse-t-elle.
Les panneaux volés

Tous les habitants rencontrés partagent le même mot d’ordre : « Ici, il fait bon vivre ». Résultat : le nom d’Issus intrigue tant qu’il attire… jusqu’à ses panneaux à l’entrée du village. Ce qui a même entraîné quelques soucis à la mairie. « Parfois, ça arrive que l’on nous les vole pour en faire un trophée ! Ça coûte quand même cher à remplacer », soupire le maire. « Mais la majorité se prennent juste en photo devant, et ça, c’est sympa ». Avant de repartir, nous avons aussi immortalisé notre passage avec un cliché devant le panneau, pour ne pas déroger à la tradition.