En moins de six mois, les véhicules professionnels de Nathan, chef d’entreprise en Haute-Garonne, ont subi neuf effractions. À chaque fois, un matériel technique onéreux est dérobé, paralysant son activité.
Depuis le début de l’année, les vitres des utilitaires de Nathan (le prénom a été modifié), chef d’entreprise, volent en éclats avec une régularité mécanique. Neuf fois, déjà, en moins de six mois. À chaque effraction, le même scénario : des échelles d’intervention – valant près de 5 00 euros l’unité – sont dérobées, ainsi que les kits techniques D3 contenant soudeuse, perforateur, photomètre, aiguille et autres outils spécialisés. Montant moyen du préjudice : plus de 4 000 euros par véhicule.
Nathan dirige deux entreprises lancées en 2023, toutes deux actives dans l’installation de réseaux de fibre optique dans le département de la Haute-Garonne. « J’ai quinze camions qui tournent chaque jour. Peu importe où on les gare – dans la zone Thibaud, devant les bureaux, ou même chez les techniciens – les voleurs frappent, même devant les caméras », souffle-t-il, la voix lasse.
Le matériel volé n’a rien d’anodin. Très spécifique, il est difficilement revendable dans les circuits traditionnels. Mais le marché parallèle, lui, semble s’adapter à la demande. « Un jour, j’en parlais à mon coiffeur, il m’a dit qu’au Maghreb, la fibre optique se déploie. Les gars qui possèdent une soudeuse sont les rois du pétrole. Ça pourrait expliquer pourquoi ce matériel devient une cible », raconte Nathan, qui soupçonne désormais des filières organisées.
En parallèle, la tentation est grande de racheter d’occasion. « J’ai pu m’équiper à prix cassé. Mais aujourd’hui, je me demande si je n’ai pas moi-même, sans le savoir, racheté du matériel volé », confie-t-il.
« C’est une désorganisation permanente »
Les conséquences ne sont pas seulement comptables. Chaque vol entraîne un arrêt des opérations. « Je dois immobiliser les équipes, bricoler des bouts de carton sur les vitres cassées, reporter les rendez-vous. C’est une désorganisation permanente », explique-t-il. Le manque à gagner s’accumule, tout comme le découragement.
Côté assurance, la mécanique finit aussi par grincer. « Je continue de déclarer les sinistres, mais jusqu’à quand ? À force, je vais passer pour un fraudeur. Et en plus, je perds du temps précieux à chaque fois : une journée de travail pour une plainte, des heures au commissariat. » L’amertume affleure : « C’est fatigant. Ce n’est pas pour ça que j’ai monté une boîte. »
Face à ce phénomène, peu de réponses concrètes. Les plaintes s’accumulent, mais l’entrepreneur n’a, à ce jour, jamais retrouvé un seul outil disparu. « On m’a conseillé d’aller voir au marché de la Reynerie ou de chercher en ligne, mais je n’ai ni le temps ni l’envie de jouer au détective. Moi, je bosse. »
En évoquant les difficultés qui s’amoncellent, Nathan lâche : « Quand j’ai lancé mes boîtes, ce problème n’existait pas. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on nous laisse seuls face à cette délinquance. »