Arrosage des pelouses, nettoyage de la voirie, lavage des rames de métro… Toulouse amorce un virage concret vers la réutilisation des eaux usées traitées. Une réponse pragmatique aux sécheresses à répétition et à la pression croissante sur la ressource.
Arrosage des pelouses, lavage des rames de métro, nettoyage de la voirie… À Toulouse, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) prend un tournant concret. Déjà à l’œuvre pour le lavage des rames de métro, cette eau non potable pourrait bientôt servir à l’arrosage des espaces verts, voire du mythique terrain du Stade Ernest-Wallon.

Julia Barrault, responsable chez Suez, l’assure : « Nous travaillons à élargir les usages de l’eau recyclée de classe A, la plus qualitative. » Une alternative précieuse alors que la ville, comme le reste du pays, est de plus en plus souvent confrontée aux restrictions en période de sécheresse.
Actuellement, les services municipaux utilisent encore majoritairement de l’eau potable pour arroser les espaces verts. « C’est un non-sens, surtout quand les arrêtés préfectoraux interdisent à tout un chacun d’arroser, même un pot de fleurs. La désorganisation est réelle, on doit arroser la nuit ou très tôt le matin, et parfois tout meurt », confie un agent du service des espaces verts.
Avec 60 m³ d’eau recyclée disponibles chaque heure (soit 120 000 m³ par an), la Ville entend bien faire évoluer ses pratiques. « Une expérimentation est en cours pour l’arrosage du terrain du Stade Toulousain, en concertation avec le club. Quelques travaux sont nécessaires, notamment pour faire passer les conduites sous la rocade », explique encore Julia Barrault.
Pour l’instant, la REUT est encore marginale. Le secteur concerné par la réutilisation débutera avec une portion limitée, les jardiniers devraient y avoir accès d’ici septembre. « On mettra en place plus de communication pour éviter l’incompréhension : les riverains verront des arrosages alors qu’ils sont eux-mêmes contraints, mais la source utilisée n’est pas la même », souligne Julia Barrault.
Côté agronomique, pas de souci à l’horizon : les analyses confirment l’absence de risque à long terme pour les arbres, avec même une réduction de l’usage des engrais.
Le choc de la sécheresse de 2022 a agi comme un catalyseur. Désormais, le recyclage de l’eau devient un levier stratégique pour les collectivités, à la fois écologique et pragmatique.