« Il faut protéger les cyclistes en priorité » : à Toulouse, une association affirme que les infrastructures ne sont pas adaptées aux deux roues

Boris Kozlow, président de l’association 2P2R, est catégorique : il ne fait pas bon rouler à vélo dans les rues de Toulouse. « On accuse souvent les cyclistes de ne pas respecter le code, mais ce sont eux, avec les piétons, les plus vulnérables. Il faut les protéger en priorité, pas les stigmatiser. »

Le récent accident mortel survenu vendredi dernier rue des Anges vient renforcer ce constat. En début de soirée, une cycliste de 52 ans a chuté avant d’être percutée par un automobiliste, un accident qui lui a été fatal.

Il s’agit du troisième cycliste victime d’un accident à Toulouse ou ses environs ces sept derniers mois. Si l’enquête est encore en cours, certains, comme Boris Kozlow, avancent déjà une hypothèse : les bordures en plastique délimitant les pistes cyclables pourraient être à l’origine de la chute. « Ce type de bordure, pas très visible, pourrait expliquer une chute, surtout si la cycliste a tenté de doubler quelqu’un », estime le président de 2P2R.

L’association affirme avoir alerté la mairie dès la mise en place de ces aménagements sur ce risque.

« Les véhicules peuvent empiéter sur la piste cyclable »

« Si le cycliste dévie un peu et que la roue avant se prend sur le flanc du séparateur, c’est la chute. Je le sais, ça m’est arrivé, témoigne Bernard qui habite la rue et roule à vélo. J’étais distrait et j’ai dévié légèrement ma trajectoire. Rien de grave : un coude abîmé, et personne ne m’a roulé dessus mais quand j’ai entendu parler de l’accident, j’ai pensé que ça pouvait être lié au séparateur. De plus, ces bordures sont inefficaces car elles n’empêchent pas physiquement les véhicules motorisés d’empiéter sur la piste cyclable. »

Bernard, qui avait évoqué la dangerosité potentielle de l’infrastructure au maire de quartier Cécile Dufraisse, lui a écrit ce week-end.

« Elles servent à protéger les pistes du stationnement sauvage. Mais si elles sont mal pensées, elles deviennent dangereuses. Il faut qu’elles soient visibles, larges, et surtout, que les pistes soient assez larges pour permettre les dépassements », insiste Boris Kozlow.

Pour renforcer la sécurité des cyclistes et des piétons, il préconise aussi une véritable réduction de la vitesse en ville. « Beaucoup de rues sont limitées à 30 km/h, mais les automobilistes roulent toujours à 50. Même à 30, un choc avec un cycliste peut être fatal. Il faut aussi que la Ville passe entièrement à 30 km/h, y compris les grands axes ».

Le Toulousain appelle enfin à l’application de sanctions réelles contre les incivilités routières. « Le stationnement sur les pistes, c’est très dangereux. Un cycliste qui doit se déporter risque gros. Moi, je passe tous les jours par les Minimes, il y a toujours des voitures arrêtées « pour deux minutes ». Mais ça suffit à provoquer un drame. »

La mairie de Toulouse explique de son côté que ces séparateurs de voie franchissables homologués en caoutchouc ont été installés avenue Frédéric-Estèbe pour  » renforcer la sécurité des cyclistes, en complément du marquage au sol matérialisant une bande cyclable ».

« Ils permettent d’éviter d’éventuels débordements et stationnements d’automobilistes sur une voie à laquelle ils n’ont pas accès », assure la mairie qui affirme aussi que « cet aménagement a été l’objet de retours positifs des usagers qui mettent en avant le bon dimensionnement de cet aménagement cyclable et son confort. »

Selon les données de la Sécurité routière, en 2023, vingt-quatre cyclistes sont morts en Occitanie.