Attiré dans un piège glaçant, un lycéen de l’ORT de Colomiers dénonce une agression antisémite. L’enquête sur ce guet-apens filmé et diffusé en ligne soulève des zones d’ombre. Que révèlent les auditions ?
Les deux adolescents accusés par un garçon de 15 ans d’agression antisémite ont été mis en examen ce dimanche, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par le parquet de Toulouse. Traduction : l’enquête, désormais confiée à un juge d’instruction, va se poursuivre pour déterminer les rôles de chacun et les insultes qui ont été véritablement prononcées. À ce stade, la justice ne retient pas le caractère antisémite du guet-apens. Les deux adolescents sont poursuivis pour violences avec préméditation, séquestration, diffusion d’images de violences (happy slapping) et menaces de mort.
Les faits et le témoignage de la victime
Le 18 juin 2025, à Colomiers, la victime de 15 ans a été attirée dans une cave sous un prétexte, où elle a subi des humiliations et des menaces. L’adolescent avait rencontré une jeune fille via les réseaux sociaux et pensait se rendre à un simple rendez-vous. Sur place, il a été confronté à trois mineurs, dont l’un l’attendait armé d’un couteau. La victime expliquait que la jeune fille était alors sortie et qu’il avait été contraint de retirer son tee-shirt, danser et s’agenouiller. Avant d’être forcé de prier et de supplier ses agresseurs, tout en étant traité de « sale juif », bien qu’il ne soit pas de confession juive. L’ado est simplement scolarisé à l’ORT de Colomiers, un établissement juif sous contrat avec l’État qui accueille des jeunes gens de toutes les confessions. La scène, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, a rapidement suscité l’indignation.
Une enquête rapidement menée
Un premier suspect de 14 ans a été placé en garde à vue vendredi, suivi d’un second, âgé de 16 ans, samedi. Tous deux ont reconnu leur participation « à une séance d’humiliation de la victime » indique le parquet de Toulouse, qui ajoute « ils contestent en revanche le caractère antisémite des faits. »
L’un d’eux a admis avoir fait disparaître le couteau. Les vidéos retrouvées sur un téléphone confirment les violences, mais « aucun propos antisémite n’était entendu » précise le procureur de la République. La jeune fille impliquée n’a, quant à elle, pas encore été identifiée. Le parquet a requis leur placement sous contrôle judiciaire des deux adolescents mis en cause. L’enquête se poursuit sur commission rogatoire, et dans ce cadre, les deux versions vont être confrontées.