L’immeuble municipal de 502 m², occupé notamment par la Ligue des Droits de l’Homme, a été vendu au promoteur Caso Patrimoine pour 1,2 million d’euros HT. Une décision que dénonce l’opposition écologiste, tandis que la majorité défend une stratégie patrimoniale assumée.
À Toulouse, la cession de l’immeuble du 2 rue Saint-Jean a déclenché une discussion animée, au conseil municipal du 20 juin 2025. Ce bâtiment de 502 m² situé dans le quartier des Carmes, connu pour avoir accueilli la Ligue des Droits de l’Homme, a été vendu pour 1,2 million d’euros hors taxes au promoteur Caso Patrimoine, suivant l’estimation des Domaines. Une transaction perçue par la majorité comme une décision de bonne gestion, mais vivement critiquée par les élus du groupe écologiste et solidaire.
Isabelle Hardy, figure de ce groupe, déplore une vision strictement financière de la gestion du patrimoine municipal. Pour elle, cette vente s’inscrit dans une dynamique plus large de cessions successives qui touchent des lieux emblématiques comme la caserne Vion ou l’hôtel de Lestang. « On brade méthodiquement notre patrimoine », s’indigne-t-elle, dénonçant une concentration inquiétante des ventes entre les mains de quelques promoteurs.
« On est passés d’un million à dix millions entre 2024 et 2025 »
Dans un quartier marqué par une forte densité associative et une présence active des acteurs de l’économie sociale et solidaire, l’immeuble aurait, selon elle, pu devenir un espace partagé, un outil au service des habitants. « On prive le quartier d’un potentiel lieu de vie, au profit d’une logique de rentabilité. » Elle s’inquiète également de la hausse vertigineuse des recettes issues des ventes immobilières : « On est passés d’un million à dix millions entre 2024 et 2025. C’est vertigineux. »
Face à ces critiques, l’adjoint aux finances Sacha Briand assume pleinement cette stratégie. Selon lui, l’immeuble en question n’était pas un équipement public, mais un bâtiment mis à disposition d’associations, dans un état de vétusté avancé. Rénover aurait impliqué des coûts démesurés pour des résultats peu satisfaisants, affirme-t-il. « Quand il est plus rentable d’acheter des locaux neufs répondant aux normes plutôt que de réhabiliter à perte, la Ville choisit d’investir intelligemment. »
« Une pratique courante parmi les grandes métropoles »
Sacha Briand cite plusieurs opérations récentes pour illustrer cette logique : l’achat de bâtiments neufs pour les services de l’Éducation à Borderouge, de nouveaux locaux pour la police municipale à Basso-Cambo, ou encore la création du technocentre d’Atlanta. Il assure que le patrimoine municipal continue de croître et que les services sont aujourd’hui installés dans des locaux modernes, mieux adaptés et plus économes.

Sur les choix des acquéreurs, l’élu garantit une vigilance renforcée : « Nous savons qui achète, nous mettons en concurrence, et des clauses nous permettent de récupérer le bien si le projet échoue ou dévie. » Pour lui, la municipalité toulousaine ne fait que suivre une pratique courante parmi les grandes métropoles françaises, comme Lyon ou Bordeaux.