Absentéisme des personnels élevé, taux d’occupation faible et coûts de structures élevés… Un audit de la chambre régionale des comptes d’Occitanie pointe les dysfonctionnements dans l’accueil de la petite enfance à Toulouse.
Sur le papier, le constat est implacable. Avec pour commencer un paradoxe qui pèse sur les petites têtes blondes et leurs familles : alors que l’offre de places dans les crèches toulousaines est toujours jugée insuffisant au regard de la population, leur taux d’occupation est à peine de 50 % pour des coûts presque deux fois supérieurs à la moyenne nationale et un absentéisme des personnels importants.

C’est là le tableau dressé par la chambre régionale des comptes d’Occitanie dans un audit réalisé auprès des 58 établissements municipaux d’accueil des jeunes enfants de la Ville rose. » Malgré les efforts financiers consentis par la collectivité, près de 1 600 familles restent en attente d’une place en crèche à l’issue des commissions d’attribution », note les juges. Avec une offre estimée à 3 000 places, on arrive à un ratio de 57 places pour 100 enfants de moins de trois ans à rapprocher de la moyenne nationale de 60,3 places.
Un coût de 22 000 euros par tête
» Le nombre d’enfants accueillis est faible au regard des capacités d’accueil, alors même que le taux d’occupation réel des crèches était inférieur à 50 % en 2023, quand il est en moyenne de 63 % en Haute-Garonne et supérieur à 70 % dans les crèches associatives et mutualistes », indique sobrement l’audit. Le tout pour un investissement conséquent de 58,6 millions d’euros annuels dont 30 millions à la charge de la commune et un coût à la place élevé, de l’ordre de 22 000 € contre 17 500 € au niveau national (1).
Pas de quoi affoler Laurence Katzenmayer, l’élue en charge de la petite enfance au Capitole. » Il faut relativiser, tempère-t-elle, si nos coûts sont supérieurs à d’autres villes, c’est parce que nous intégrons les fonctions supports comme les chauffagistes ou les jardiniers et que nous privilégions la qualité de l’accueil en fonctionnant avec du personnel diplômé que nous voulons fidéliser, face aux difficultés de recrutement, grâce à des revalorisations de rémunérations ou l’allongement des contrats de travail pour les agents non titulaires en leur donnant des perspectives de carrière plus dynamiques ». Des efforts qui n’empêchent pas un absentéisme au travail important, de l’ordre de 31 jours par agent, soit l’équivalent de 76 agents en équivalent temps plein en 2023 et une situation qui s’aggrave, selon l’audit.
Un plan d’action pour améliorer l’accueil
» C’est une problématique qui tient à la spécificité de notre personnel, jeune et féminin, souligne Laurence Katzenmayer. Il y a les congés maternité, les enfants malades et les pathologies saisonnières propres aux crèches ». L’avis de la chambre régionale des comptes relève toutefois les efforts de la municipalité pour améliorer les choses avec notamment un plan d’actions spécifique pour atteindre un taux de 70 % d’occupation des places disponibles dès cette année. » Nos établissements sont un service public ouvert de 7 h 30 du matin à 19 heures le soir, ce qui rend difficile la gestion quotidienne des places, plaide l’élue. Et nous allons développer un outil informatique pour améliorer l’appréciation des créneaux laissés libres ». Laurence Katzenmayer l’assure : » Tout n’est pas négatif dans cet audit, nous avons d’ailleurs travaillé avec la chambre régionale des comptes. Il y a toujours mieux à faire, c’est pourquoi il faut se remettre en question »…
Un taux d’activité trop faible des crèches
La reprise en gestion municipale, en 2023, des 16 crèches collectives précédemment gérées par le centre communal d’action sociale (CCAS) porte le nombre de structures en régie municipale à 58 établissements. Pour la chambre régionale des comptes, deux constats sont défavorables à la collectivité toulousaine, d’une part, la faiblesse des taux d’activité des établissements d’accueil des jeunes enfants, qui se traduit par une moindre compensation versée par la Caisse d’allocations familiales et par conséquent, par un reste à charge plus important et, d’autre part, le poids de la masse salariale. Compte tenu de la nature de l’activité, les rémunérations des agents de la petite enfance représentent 81 % des charges totales. Ainsi, 920 postes budgétaires dont 150 postes d’assistantes maternelles en 2024 sont mobilisés pour le fonctionnement des crèches.