Positionnée depuis plusieurs années sur le toit du théâtre municipal des Mazades, dans le quartier des Minimes, la station d’Atmo Occitanie a pris du galon. Elle a été entièrement rééquipée pour intégrer le cercle restreint des douze « super-sites » français dédiés à la surveillance de l’air, capables de mesurer en temps réel les niveaux de polluants atmosphériques qui affectent la santé humaine, dans des environnements urbains et ruraux.
En plus de son super-site des Mazades, l’observatoire régional de la qualité de l’air, est doté d’une « station jumelle » à Peyrusse-Vieille, dans le Gers, qui fait aussi « référence en Europe » pour ses équipements de mesure, souligne Atmo Occitanie.
Le déploiement de ces stations ultramodernes, dans la région comme ailleurs en France, découle d’une nouvelle directive européenne sur l’air ambiant, adoptée en octobre 2024 et applicable à partir de décembre 2026. Elle impose à tous les états membres un durcissement des seuils limites pour trois polluants réglementés à horizon 2030.
« Les efforts à fournir sont considérables »
Concernant le dioxyde d’azote, gaz nocif pour la santé respiratoire produit par les véhicules essence et diesel comme pour les particules de matière en suspension PM10, émises par le chauffage résidentiel, le trafic routier et les industries, les seuils vont ainsi passer de 40 microgrammes par m3 actuellement à 20 µg/m³ dans cinq ans. Pour les particules fines PM2,5, dont le diamètre correspond à la taille d’une bactérie, l’Europe exige que le niveau d’exposition ne dépasse plus 25 µg/m3 mais 10 µg/m3.
« Il faut savoir que 2030 est un objectif transitoire en vue d’un objectif Zéro pollution en 2050 qui correspond aux valeurs guides recommandées par l’Organisation mondiale de la santé, encore plus basses que les seuils d’exposition fixés par la directive européenne », explique Emilie Dalix, présidente d’Atmo Occitanie.
Le défi est donc de taille pour l’État français qui n’est déjà pas en règle avec les seuils actuels. Ses manquements sont au cœur d’un contentieux avec la Commission européenne et lui ont valu d’être condamné depuis 2021 à 40 millions d’euros d’astreintes par le Conseil d’Etat pour ses dépassements concernant le dioxyde d’azote.
Au-delà des trois polluants réglementés, les super-sites de Toulouse et Peyrusse-Vieille vont devoir analyser les « polluants émergents ». Les deux stations traqueront grâce à leurs nouveaux dispositifs les particules ultrafines (PUF), l’ammoniac, le carbone suie, lié à la combustion de carburant ou d’énergie fossile, ou encore les gaz à effet de serre, qui, associés avec les composés organiques volatiles peuvent produire de l’ozone.
Si Toulouse respire mieux depuis 2019, note Dominique Tilak, la directrice générale d’Atmo Occitanie et que les concentrations en polluants sont « plutôt stables voire à la baisse » notamment pour les PM2,5 en raison d’hivers plus doux, « les efforts à fournir sont considérables ». « Avec 48 000 décès en France liés à la pollution de l’air, deuxième cause de mortalité évitable après le tabac, c’est un enjeu de santé publique », rappellent les responsables de l’observatoire régional.