« Sauvez votre librairie indépendante ! » Sur cette devanture du centre-ville de Blagnac, le message est clair, Au Fil des Mots est en danger. Il y a tout juste un mois, sa gérante, Cécile Rivière, a partagé une publication sur Instagram pour témoigner de ses difficultés et sensibiliser. « Malgré un contexte économique difficile, notre chiffre était stable depuis des années. Mais, depuis l’ouverture du Cultura dans la zone commerciale de Blagnac, on a constaté une vraie chute du chiffre et on a connu le pire Noël depuis que j’ai racheté la librairie en 2019 », confie la jeune femme, qui avance une chute de 24 % de son chiffre d’affaires en moyenne sur les six derniers mois, alors que se tenait samedi 26 avril la fête de la librairie indépendante.
Une situation intenable dans un secteur d’activité où la marge est très faible. « Je fais beaucoup de pédagogie sur ce point, sur le prix unique, les droits d’auteur… C’est difficile d’absorber une telle baisse d’activité. En plus, la banque m’a lâché », constate avec amertume Cécile Rivière.
« On permet de maintenir une diversité culturelle »
Pourtant, dans ses 90 m2, Au Fil des Mots propose 7 000 références en moyenne. Des titres choisis par Cécile et sa collègue Emma, plus orientée jeunesse. « Je suis très polar mais, depuis que nous sommes là, nous connaissons les goûts de nos clients, nous pouvons les orienter, on a vu les enfants grandir », souligne la gérante pour rappeler la spécificité des librairies indépendantes. « On permet de maintenir une diversité culturelle. »
À en croire Cécile Rivière, ce sont davantage les habitants des communes d’Aussonne ou Beauzelle, qui faisaient l’effort de venir en centre-ville de Blagnac, qui se sont reportés vers le Cultura. Les clients blagnacais, eux, lui sont plutôt restés fidèles. « C’est d’ailleurs ces derniers qui ont eu l’idée de lancer une cagnotte. Moi, je n’osais pas trop », confie-t-elle. En une dizaine de jours, elle a déjà rassemblé plus de 4 000 euros sur les 20 000 euros recherchés pour ces besoins de trésorerie.
« C’est ce qui me permettrait de remettre les comptes à plat », assure la jeune femme, qui ne perd pas pour autant le sourire ni l’envie d’entreprendre. Au mois de juin, Au Fil des Mots accueillera plusieurs auteurs de style divers comme R. J. Ellory, Sophie Astrabie ou Johann Chapoutot et participera au Marathon des Mots en recevant le romancier américain Justin Torres. À plus long terme, elle souhaite mettre en place un salon du livre sur la commune. « Si tout va bien, en avril 2026. » En quelques années, Au Fil de Mots a écrit son histoire, espérons que de nouvelles pages s’ouvrent.