Ce mardi 6 mai 2025, le tribunal correctionnel de Foix (Ariège) a condamné à quatre mois de prison avec sursis un chasseur de 81 ans qui avait abattu une ourse lors d’une battue illicite, en 2021, dans les Pyrénées ; tandis que 15 autres chasseurs, également de la partie au moment des faits, ont été sanctionnés par des amendes et des retraits de permis.
Caramelles, une femelle de 150 kg, est donc morte sous les balles de plusieurs coups de carabine ; et le principal prévenu avait admis, lors de son audience, avoir ouvert le feu en état de « légitime défense », l’animal, accompagné de ses deux bébés à l’époque, l’ayant attaqué à deux reprises.
Elle m’a attrapé la cuisse gauche, j’ai paniqué et j’ai tiré un coup de carabine. Elle a reculé en grognant, elle m’a contourné et m’a mordu le mollet droit, je suis tombé, elle me bouffait la jambe, j’ai réarmé ma carabine et j’ai tiré. Elle est morte cinq mètres plus bas », avait-il expliqué aux juges.
Un verdict justifié… mais qui doit être utile
Pour l’association pyrénéenne Pays de l’Ours – Adet, laquelle a été créée en 1991 pour initier et promouvoir le retour de l’ours (une espèce en péril) dans les Pyrénées, « ce verdict semble justifié« . Elle s’explique :
À l’issue d’une enquête approfondie et d’une audience qui a permis d’examiner les éléments en détails, le Tribunal a reconnu les manquements et infractions attribuant aux prévenus une part de responsabilité dans les évènements survenus lors de cette battue.
Et d’ajouter que ce verdict final doit être utile pour l’avenir : « nous souhaitons que cette décision soit l’occasion d‘une prise de conscience locale des progrès à réaliser pour parvenir en Ariège à une cohabitation apaisée et respectueuse de chacun, à l’instar d’autres fédérations de chasse des Pyrénées ».
À ce sujet (d’une cohabitation apaisée et respectueuse), Alain Reynes, directeur de l’association fait remonter à L’Opinion Indépendante :
Dans d’autres départements pyrénéens (à l’image de la Haute-Garonne qui en bénéficie), il y a, par exemple, un technicien de la Fédération des chasseurs qui est en partie détaché à « l’équipe Ours » de l’Office français de la biodiversité (OFB), ce qui permet d’avoir des informations directes sur l’ours, et en même temps de faire un travail de formation, d’information et de sensibilisation des chasseurs par rapport à tout ce qui concerne l’ours ».
Pourquoi en Ariège, les ours ne bénéficient-ils pas d’une protection particulière ?
Alain Reynes évoque également, aussi amèrement que tristement : « On regrette que cela ne soit plus possible en Ariège, parce que c’est un facteur d’amélioration des conditions de cohabitation et de limitation de risques d’accidents. Historiquement, ça l’était, mais c’est la Fédération des chasseurs qui a unilatéralement décidé d’arrêter et de cesser toute collaboration sur l’ours […] Je pense qu’il y a principalement, pour l’instant, un problème de bonne volonté du côté de la Fédération des chasseurs de l’Ariège ».
Pour ce dernier, ce fait divers doit donc être « un déclencheur menant à une prise de conscience » et surtout, à un retour sur « ce travail de formation, d’information et de sensibilisation des chasseurs, comme cela se fait et fonctionne ailleurs – notamment en Haute-Garonne« .
D’autant plus qu’il y a encore « plusieurs dizaines d’ours sur la centaine présente dans les Pyrénées qui fréquentent le département de l’Ariège chaque année », soit une dizaine potentiellement en danger.
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