J-2 avant un tour du monde depuis le sud-ouest. Ville d’histoire et de brassage, Toulouse propose pour la deuxième fois un voyage unique autour des cultures du monde. Pour l’édition 2025 du « Mois du Monde », la municipalité, en partenariat avec un panel d’associations, d’artistes, de collectifs citoyens et d’acteurs éducatifs, a conçu un programme aussi riche que festif, profondément ancré dans les valeurs d’ouverture et de solidarité. Comme annoncé par le maire Jean-Luc Moudenc :
Du 17 mai au 30 juin, laissez-vous emporter par la « Convivencia », cette joie de vivre ensemble, portée par les sons, les voix, les langues et les gestes du monde entier. »
© Mairie de Toulouse
Une ville carrefour et un mois manifeste
Si Toulouse assume son héritage cosmopolite, elle cultive aussi cette ouverture. Parmi les acteurs de cette ambition, la Mission Égalité Diversités, qui « intervient sur les thématiques de la promotion des droits humains et des diversités, de l’égalité entre les femmes et les hommes, et plus généralement sur la lutte contre toutes les formes de discriminations ». Au travers de cet espace, la ville fédère associations, débats, projections et expositions.
De son côté, le Conseil toulousain des résidents étrangers se veut offrir un espace d’expression et d’action aux personnes issues de l’immigration, avec pour but de « favoriser l’insertion citoyenne, la réussite et l’innovation ». En 2025, Toulouse célèbre par ailleurs les 50 ans de son jumelage avec Kyiv, soulignant à cette occasion « ces liens d’amitié et de coopération », tissés avec des villes du monde entier.
Un lancement haut en couleurs
Le 17 mai, le Port de la Daurade va s’animer pour accueillir le Village des Diversités Culturelles. Plus d’une trentaine d’associations y proposeront des animations, des expositions et des rencontres sous le signe de la Journée mondiale de la diversité culturelle. Les visiteurs pour y croiser l’Indian Community Toulouse, le Refugee Food Festival, Rugby Diversité, J’accueille ou encore les Enfants de Man. La journée sera aussi marquée par l’exposition « Histoire & Espoirs », présentant les parcours inspirants de personnes réfugiées ayant reconstruit leur vie en France.
© Isach Bernard
Une fresque de l’interculturalité, fruit d’ateliers menés dans les quartiers, sera également dévoilée au cours de la journée : « un support créatif valorisant les échanges intergénérationnels autant qu’interquartiers ». À quelques pas (ou brasses), sur la Garonne, les drakkars du projet Bátar vont quant à eux célébrer la fête nationale norvégienne dans une ambiance viking !
Bátar est actuellement en train de construire le drakkar le plus rapide du monde, Orkan, depuis Toulouse. © Bátar
Cultures musicales sans frontières
La diversité sera aussi représentée par une programmation musicale éclectique. Le 24 mai, la Soirée de la Diversité au Metronum va propulser les spectateurs dans un futur afrofuturiste avec le groupe congolais Fulu Muziki et la chanteuse Kimia.
Mais ce sont les sonorités du monde entier qui résonneront à Toulouse : du jazz chilien (4 juin) avec le groupe Kufifo, aux musiques kurdes avec Mîrkut (28 juin), en passant par la musique classique indienne lors du concert « La mélodie des ragas » (13 juin).
La Fête des Couleurs, organisée par le Secours Populaire le 24 mai, combinera concerts, artisanat solidaire et gastronomie, tandis que la Fête musicale des Pradettes (21 juin) révèlera les talents amateurs du quartier pour une ambiance endiablée.
Le groupe Fulu Muziki est une formation décrite comme Kinshasa éco-friendly-afro-futuriste-punk. © Vlad Braga. Le chanteuse toulousaine d’origine congolaise Kimia proposera une expérience multi sensorielle entre danse et chant. © jst_a_rose
Danser, cuisiner, parler le monde
Le Mois du Monde se décline aussi comme une immersion sensorielle. On y apprendra l’Aïkido et le Kyudo japonais, dansera la salsa fusionnée à la musique jaipong indonésienne, célèbrera Holi à la Cartoucherie, ou participera à un stage de danse afrolatino. D’ailleurs, l’association Toulouse Japon proposera une découverte des arts traditionnels (kintsugi, sumi-e, cérémonie du thé), pendant que le Refugee Food Festival permettra de déguster des plats préparés par des chefs réfugiés dans les restaurants de la ville.
Naturellement, la langue se trouve au cœur de l’expérience avec le Forom des Langues (1er juin), un événement unique qui mettra en lumière les 180 langues parlées à Toulouse.
Initiation aux langues, présentations de livres, chansons, calligraphies, débats, prestations artistiques… », annoncent les organisateurs.
Des regards engagés
Le cinéma est un autre médium majeur du festival. Du film Àma Gloria à celui de Sabrina Onana sur la beauté afro-française, les projections inviteront à réfléchir sur les identités plurielles. La séance du 18 juin autour du film Nouveau Monde, en présence du jeune réfugié afghan Rohid Rahimi, va quant à elle explorer les réalités de l’exil.
Le film Àma Gloria de Marie Amachoukeli sera diffusé le 22 mai à 14h30 à la Médiathèque Grand M (quartier La Reynerie) et le 23 mai à l’Espace diversités laïcité. © Pyramide International
La parole des femmes résonnera dans de nombreux rendez-vous, notamment dans la conférence du 5 juin sur « l’allègement des corvées de la femme rurale en Afrique subsaharienne », ou encore dans les « Journées du Liban » (12-16 juin), où la chanteuse Faïrouz sera célébrée à travers films, danses et débats.
La chanteuse Faïrouz, de son vrai nom Nouhad Haddad, est considérée comme la plus grande star arabe de tous les temps. Ici l’artiste interprétant son titre « Habbaitak Be El Saif ». © INA Chansons (YouTube)
Enfin, le documentaire collaboratif Accueillis, accueillants (SINGA Toulouse), projeté les 20 et 27 juin, donnera la parole à celles et ceux qui vivent la migration et l’accueil de manière directe.
Un souffle de citoyenneté
Le Mois du Monde ne sera pas qu’un simple festival, mais également une célébration du vivre-ensemble. Le 2 juin, la Cérémonie des Talents de la Diversité mettra à l’honneur des parcours poignants, « des femmes et des hommes issus de tous horizons qui représentent des parcours de vie audacieux et inspirants ».
D’autres événements rappellent l’importance de l’engagement solidaire, à l’instar d’une table ronde sur la pérennité des actions humanitaires, un festival de clips citoyens avec les collégiens et lycéens, ou encore des ateliers autour de la mobilité européenne avec les jeunes de quartiers.
La cérémonie des Talents de la Diversité se tiendra le 2 juin à 18 heures, dans la Salle des Illustres du Capitole. © Mairie de Toulouse
Une célébration à échelle humaine
Au-delà des institutions, ce sont les habitants eux-mêmes qui s’impliquent. Le festival « Un jour de printemps, un festival des cultures » (31 mai), porté par des associations de quartier, donne à voir la richesse des cultures africaines à travers tresses, contes, musiques et gastronomie.
L’ensemble des événements a lieu dans les parcs, les places, les centres sociaux, les cinémas indépendants, les cafés culturels ou les maisons des associations. Une manière concrète de faire vivre les valeurs humanistes aux quatre coins de Toulouse, des quartiers de Bagatelle à Saint-Cyprien, en passant par la Reynerie, Arnaud-Bernard, ou encore les Amidonniers.
En clair, à travers ce Mois du Monde 2025, Toulouse souhaite donner à entendre les voix du monde, mais aussi celles des quartiers, des exilés, des artistes, des femmes, des jeunes et des anciens. Comme le résument les équipes de l’évènement :
Dans un monde souvent marqué par la résurgence des tensions et de l’intolérance, c’est ici […] que nous célébrons l’ouverture, le dialogue et l’expression d’une certaine harmonie de nos diversités. »
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