« Vous êtes à la tête du Conseil départemental de Tarn-et-Garonne depuis 2021. Quel a été votre parcours pour en arriver jusqu’ici ?
Michel Weill : J’ai été entrepreneur pendant 45 ans, avant de m’engager en politique comme conseiller départemental dans l’opposition, durant un premier mandat de six ans.
Mes compétences dans le domaine de l’environnement ont été appréciées, ce qui m’a permis de prendre en charge un service dédié à l’eau et aux déchets au sein du Département. Parallèlement, j’étais déjà président du Syndicat départemental des déchets, qui gère plus de la moitié des ordures ménagères du Tarn-et-Garonne, et j’ai aussi occupé successivement les fonctions de deuxième vice-président, puis de président du SIRTOMAD.
Réélu lors des élections suivantes, mes collègues m’ont accordé leur confiance pour présider le Conseil départemental, un mandat que j’occupe depuis juillet 2021. La prise de fonction n’a pas été simple : les cinq premiers mois ont été particulièrement exigeants, d’autant plus qu’en arrivant, les tiroirs étaient vides. Mais je me suis pleinement investi dans cette mission, à la hauteur des enjeux pour notre territoire.
Dès le début de mon mandat, je me suis entouré d’une équipe compétente et engagée, Michel Weill
Vous avez été maire de Montbeton pendant treize ans (de 2008 à 2021). Qu’est-ce qui vous a poussé à « viser plus haut » et donc par conséquent à devenir président du Conseil départemental ?
Avant d’être maire de Montbeton, j’ai gravi les échelons de la vie municipale : conseiller, adjoint, puis maire pendant treize ans, de 2008 à 2021 – soit plus de 30 ans d’engagement local.
Ce qui m’a motivé à me présenter une première fois aux cantonales, ce n’est pas une ambition personnelle spontanée, mais plutôt une opportunité mûrie. Le conseiller départemental en place dans mon canton de Montech, Jacques Moignard, avec qui j’entretiens une relation d’amitié et de respect, avait décidé de ne pas se représenter. Après échange avec lui, je me suis lancé, en binôme avec Dominique Sardeing. Lors de mon premier mandat départemental, j’ai continué à exercer mes fonctions de maire de Montbeton et de deuxième vice-président du Grand Montauban.
Depuis 2021, je me consacre pleinement à la présidence du Département, même si je reste conseiller municipal à Montbeton et conseiller communautaire au Grand Montauban.
Depuis votre élection au poste de président, comment se déroule votre mandat et votre collaboration avec les neuf vice-présidents ?
Dès le début de mon mandat, je me suis entouré d’une équipe compétente et engagée qui m’accompagne au quotidien.
Il est important pour un président de pouvoir s’appuyer sur des vice-présidents qu’il a choisis. Chacun est en charge d’un domaine stratégique (social, éducation, infrastructures…) et nous partageons les décisions de manière concertée. Nos réunions régulières nous permettent de nous coordonner, de prendre des décisions rapidement et d’assurer une cohérence dans la mise en œuvre de nos orientations. Chacun apporte une expertise précieuse, et le climat de confiance et de franchise dans lequel nous collaborons rend notre travail à la fois efficace et stimulant.
En particulier les quatre premiers vice-présidents qui constituent véritablement ma garde rapprochée. Ce sont des piliers avec lesquels je travaille étroitement. C’est une relation de proximité professionnelle, mais aussi humaine, qui nous permet d’anticiper les sujets clés tout en gardant une vision globale de l’organisation.
Le domaine le plus complexe à gérer est le social, Michel Weill
Est-ce qu’il vous arrive parfois d’être en contradiction ?
Il peut arriver que nous ne soyons pas toujours d’accord, et heureusement. Ce serait presque inquiétant si tout le monde pensait la même chose. L’essentiel, c’est la qualité de notre entente et la sincérité de nos échanges.
Au sein de la majorité, les échanges sont libres et constructifs, favorisant l’émergence d’idées nouvelles. Je suis ouvert à la discussion et n’hésite pas à revoir ma position si une proposition plus pertinente est avancée. Cette souplesse permet une progression collective. En cas de désaccord, notamment avec l’opposition, le vote s’impose naturellement, dans le respect des règles démocratiques.
Quel est le thème avec lequel vous rencontrez le plus de difficultés ?
Le domaine le plus complexe à gérer est le social. Il représente plus de la moitié du budget du Département, soit 228 millions d’euros. Nous gérons de nombreux dispositifs essentiels comme l’APA pour les personnes âgées, l’accompagnement des personnes en situation de handicap, la protection de l’enfance ; et de nombreuses prestations sociales comme le Revenu de Solidarité active (RSA) qui représente un enjeu majeur à la fois social et budgétaire.
C’est un secteur à la fois difficile, délicat et indispensable, car il concerne des personnes en difficulté que nous devons protéger. Cela fait partie intégrante de notre mission de solidarité.
C’est exigeant, mais le poste que j’occupe est passionnant », Michel Weill
Vous êtes un ancien maire mais aussi un ancien chef d’entreprise (désormais à la retraite). Est-ce que cela vous aide parfois dans vos prises de décisions ?
En effet, mes expériences de chef d’entreprise et d’élu local constituent un véritable atout dans ma capacité à décider. Cette expérience prend tout son sens notamment lors des appels d’offres/ marchés publics ou des grands chantiers. Dans ces étapes clés, mon passé professionnel me permet d’avoir un œil aguerri.
Est-ce que d’avoir toujours (ou presque) le dernier mot, cela rajoute de la pression supplémentaire sur vos épaules ?
Avoir (presque) toujours le dernier mot s’accompagne naturellement d’une pression importante. La responsabilité est réelle : 1 500 agents travaillent pour le Département, auxquels s’ajoutent 280 assistants familiaux, ainsi que 1 200 personnels du SDIS 82, dont je préside le conseil d’administration.
Les enjeux sont nombreux et les décisions souvent lourdes de conséquences. C’est le prix à payer lorsqu’on est à la tête d’une collectivité de cette envergure. C’est aussi ce qui rend la fonction exigeante, mais passionnante.
Depuis votre élection (en juillet 2021) quels sont les principaux projets qui ont vu le jour ?
Plusieurs projets majeurs ont vu le jour. Parmi eux, l’extension des collèges Vercingétorix (Montech) et Jean-Jacques-Rousseau (Labastide-Saint-Pierre). Certains collèges de notre territoire étaient dans un état vétuste, parfois même partiellement installés dans des bungalows. C’était inacceptable à mes yeux. Aujourd’hui, ces situations appartiennent quasiment au passé, et c’est une vraie fierté de voir les progrès accomplis. La réhabilitation du Centre universitaire faisait aussi partie de mes engagements forts. Là encore, de nombreux travaux ont été menés pour améliorer les conditions d’accueil des étudiants et renforcer l’attractivité du site.
Notre Département joue aussi un rôle clé dans le soutien aux communes, Michel Weill
Aussi, s’agissant des sapeurs-pompiers, sujet qui me tient particulièrement à cœur, nous avons récemment inauguré les casernes de Caussade et de Villebrumier. En tant que président du conseil d’administration du SDIS 82, j’ai tenu à ce que nos sapeurs-pompiers disposent d’infrastructures dignes de leur engagement. Aujourd’hui, la caserne de Caussade par exemple, dispose d’une salle de sport, d’une salle de réunion et d’un espace de restauration. Le changement est radical : c’est le jour et la nuit. Le chantier de celle de Corbarieu est déjà lancé – nous avons d’ailleurs posé la première pierre récemment. Pour la caserne de Montech, le terrain est trouvé, à suivre… Ces projets renforcent notre maillage de secours et montrent notre engagement envers les pompiers et la sécurité des habitants.
Depuis le début du mandat, plus de 1 700 projets ont été financés et une cinquantaine de contrats d’équipements signés », Michel Weill
Notre Département joue aussi un rôle clé dans le soutien aux communes. Dans le cadre de notre Plan de relance 2021-2028, 160 millions d’euros sont prévus pour les projets d’aménagement des communes et intercommunalités, ce qui fait de notre Département leur premier partenaire financier. Depuis le début du mandat, plus de 1 700 projets ont été financés et une cinquantaine de contrats d’équipements signés.
L’ensemble de ces projets représente à mes yeux bien plus que de simples réalisations concrètes : ils incarnent une volonté forte d’agir pour le bien-être, la dignité et l’avenir de notre territoire et de ses habitants. D’ici la fin du mandat, je compte bien poursuivre cette dynamique. Nous le ferons avec la même détermination, tout en veillant plus que jamais à la soutenabilité de nos finances, car chaque euro engagé doit l’être avec responsabilité et efficacité.
En tant que président du Département, vous êtes beaucoup sollicité. Peut-on dire qu’être à ce poste, c’est du sport ? Comment se déroulent vos journées ?
On peut effectivement dire que c’est du sport. Le rythme est soutenu, exigeant, parfois même éprouvant. Comme tout le monde, il m’arrive de ressentir de la fatigue – pas seulement physique.
Les journées commencent tôt et sont souvent bien remplies. Dès mon arrivée, je me plonge dans la lecture et la signature des dossiers préparés par la Direction générale des services (DGS), dont le rôle est absolument central pour le bon fonctionnement de la collectivité. Le travail rigoureux mené en amont par les services, leur expertise, leur sens de l’analyse et leur capacité à s’adapter nous sont indispensables.
La journée se poursuit avec un enchaînement de réunions – techniques, politiques – d’audiences, de visites de terrain ou encore d’inaugurations. Les déplacements, qu’ils soient locaux ou à l’extérieur du département, sont fréquents.
Lorsque je retrouve mes quatre vice-présidents, c’est toujours un moment important pour faire le point, coordonner notre action et ajuster nos priorités. Là encore, l’appui de la DGS et de son équipe est précieux pour maintenir une cohérence d’ensemble dans la conduite des projets.
Je suis également très attentif aux sollicitations des élus locaux, que je reçois régulièrement ou vais rencontrer sur le terrain, pour écouter leurs projets et les besoins spécifiques de leurs territoires.
Contrairement à ce que certains pourraient imaginer, les temps morts sont rares. Mais j’accepte pleinement ce rythme, parce que je suis passionné par ce que je fais. Servir le territoire demande de l’énergie, de la disponibilité et un engagement total, que j’assume avec conviction.
D’ici la fin de votre mandat, prévue en mars 2028, quels sont les projets qui vous tiennent le plus à cœur ?
J’ai beaucoup de projets qui me tiennent à cœur. Néanmoins, je suis réaliste et il est évident que les moyens alloués aux Départements aujourd’hui sont très contraints.
Je souhaiterais voir aboutir certains projets déjà lancés, notamment au regard des priorités fixées initialement à savoir la jeunesse et les infrastructures éducatives. Je pense notamment aux nouveaux projets lancés au collège Manuel Azaña et au gymnase de Verdun-sur-Garonne.
Aussi, j’aimerais poursuivre dans la modernisation des conditions de travail des sapeurs-pompiers.
Enfin, dans le domaine de la protection de l’enfance, j’espère voir aboutir l’amorce de concertation que nous avons entreprise entre tous les acteurs concernés (notamment le comité départemental de protection de l’enfance que je co-préside avec le préfet dont sont membres de multiples partenaires sociaux).
Le mot de la fin sera pour vous. Que souhaiteriez-vous ajouter ?
Être président du Département, c’est une fonction à la fois exigeante et profondément enrichissante, j’en mesure l’honneur. Les difficultés auxquelles sont confrontés nos services exigent une attention constante, une capacité à réagir vite, à trouver des solutions concrètes et collectivement.
Ce mandat m’a aussi confronté à des réalités que je ne connaissais pas auparavant. Malgré cela, je ne regretterai jamais cette expérience. Je continuerai à m’investir jusqu’à la fin du mandat avec la même énergie et le même sens du devoir. Mon engagement aura été total, et j’aurai le sentiment d’avoir rempli ma mission du mieux possible. »
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