Un label pour une technologie qui change la donne. Plastic Vortex vient d’obtenir le label Greentech Innovation, la référence nationale en matière d’innovation environnementale, décerné par le Ministère de la Transition écologique. Une reconnaissance majeure qui vient saluer une solution « capable de capter 80 % des déchets plastiques avant qu’ils n’atteignent la mer ». Le label a été officiellement remis à l’occasion du salon Viva Technology 2025.
Ce sceau ministériel marque un tournant pour la jeune société à mission, qui mise sur une approche aussi simple qu’efficace : stopper la pollution plastique au moment où elle quitte la ville, en interceptant les déchets directement dans les cours d’eau.
Nos fleuves sont les artères de la pollution plastique. Il est temps de poser des garrots », insiste la start-up.
Plastic Vortex a installé son premier barrage à Blagnac, près de Toulouse. © Plastic Vortex
Une urgence environnementale invisible
Chaque année, 2,5 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans, dont 250 tonnes transitent par les cours d’eau français. Un chiffre appelé à tripler d’ici 2040 si rien n’est fait. Ce fléau est d’autant plus insidieux qu’il reste souvent invisible : seuls 1 % des déchets flottent en surface. Le reste finit dans les sédiments, se fragmente en microplastiques et remonte la chaîne alimentaire.
Thierry Auga-Bascou, Inspecteur Environnement à l’Office Français de la Biodiversité, rappelle que « tous ces plastiques, avec le temps, le soleil et les chocs, restent sur nos plages ou partent à la mer. Ils sont avalés par les poissons et les tortues, et ils en meurent, l’estomac gonflé de plastiques ».
Toulouse pionnière d’une dépollution mesurable
Première collectivité française à faire le pari de cette solution innovante, Toulouse Métropole accueille depuis mars 2025 le premier barrage Vortex sur la Garonne. Le dispositif, installé sous le pont de Blagnac, est capable d’intercepter jusqu’à huit tonnes de déchets plastiques par an, soit l’équivalent de 425.000 bouteilles.
Et ce n’est qu’un début.
31 barrages pour bloquer 80 % des plastiques avant qu’il ne soit trop tard », ambitionne Plastic Vortex.
La start-up prévoit une couverture de 90 % du territoire français, avec des implantations stratégiques sur les principaux fleuves : Seine, Rhône, Loire, Garonne…
Le barrage installé à Blagnac devrait permettre de capter huit tonnes de plastiques chaque année. © Plastic Vortex
Une technologie sobre, autonome et sans impact sur la faune
Le système repose sur un barrage flottant en forme de V inversé, qui canalise naturellement les déchets vers un convoyeur automatisé. Sans intervention humaine, même lors de crues, il trie, stocke et permet la valorisation des déchets interceptés.
Les barrages sont modulables selon la largeur du fleuve, ne gênent ni la navigation ni la faune aquatique. Une jupe immergée capture aussi les petits débris jusqu’à 1 mm de diamètre : sacs plastiques, mégots, fragments, pneus…
Schéma d’un barrage. © Plastic Vortex
Vers un maillage national, avec un impact local
Le projet ne s’arrête pas à la captation. Grâce à un partenariat avec Inddigo, société de conseil en développement durable, chaque déchet est analysé, trié et dirigé vers des filières de valorisation locales : recyclage, réemploi, transformation.
Plastic Vortex souhaite faire de chaque site un levier éducatif et citoyen, en impliquant écoles, associations, collectivités et habitants. Des ateliers sont déjà organisés pour sensibiliser à la pollution plastique et encourager des comportements durables.
L’inaction coûte plus cher que la solution », rappelle l’équipe.
Et les chiffres le confirment : selon le PNUE, la pollution plastique représente huit milliards de dollars par an de pertes pour les océans. En France, le cabinet Deloitte estime à 92 millions d’euros les pertes annuelles liées à cette pollution, entre nettoyage, tourisme et pêche.
Une solution duplicable… et urgente
Les ambitions de Plastic Vortex sont claires : 31 barrages, plus de 175 tonnes de plastique captées par an, soit neuf millions de bouteilles interceptées avant qu’elles n’atteignent l’Atlantique ou la Méditerranée.
Agir à la source, c’est là que tout se joue », rappelle le co-fondateur Patrick Thaunay.
Et d’ajouter :
Notre objectif est simple : stopper la pollution à la source, avant qu’elle ne devienne irréversible. »
À Toulouse, le mouvement est lancé. Et la Garonne pourrait bien montrer la voie à tout un pays.
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