1943. Dans l’Ukraine occupée par les nazis, la persécution des Juifs est permanente. Le dernier opus d’Emmanuel Finkiel, adaptation du livre éponyme d’Aharon Appelfeld, nous montre ce génocide au travers de deux prismes : celui du regard d’un enfant de 12 ans et celui de l’enfermement, car cet enfant est caché dans un placard.
La scène liminaire nous plonge dans l’obscurité d’un tunnel étroit. Un homme guide dans cet égout une femme et un petit garçon, puis les abandonne en leur souhaitant bonne chance.
Dans un placard
Nous apprenons rapidement que, pour le sauver de la déportation, cette mère juive va confier son enfant à une amie d’enfance, Mariana, une prostituée vivant et vendant ses charmes dans une maison close à la sortie de la ville. Hugo va donc se retrouver littéralement cloîtré dans un placard, à l’abri des regards des » pensionnaires « .
Mais les murs ont des oreilles et les cloisons ne sont jamais complétement étanches… Innocemment, Hugo va vivre le quotidien de ces filles de joie, une petite communauté férocement démantelée lors de l’arrivée des soldats russes.
Ce film, nécessairement sombre par sa lumière, l’est aussi par son thème qui n’est autre que celui de la Shoah. Ici on ne parle pas de camp de concentration, mais de charniers à ciel ouvert remplis de Juifs tués par balles.
Virtuosité stupéfiante
Admirablement monté et éclairé avec une virtuosité stupéfiante, ce film porte la marque de souvenirs intimes du réalisateur. Sans emphase aucune, tout est d’une glaçante justesse de ton.
Deux figures portent ce film. Il y a Hugo, l’enfant perdu de la Shoah. Il a fallu six mois de casting pour le sélectionner. Au début du processus, l’Ukraine était encore en paix… Artem Kyryk a finalement était retenu par Zoom ! Il est indescriptible de douleurs, de chagrins, de volonté, de courage, de révolte.
La scène au cours de laquelle il surgit de son placard alors que Mariana » console » à tous les sens du terme un jeune soldat partant le lendemain pour le front de l’Est est aussi inattendue que d’une incroyable violence. La performance de ce jeune garçon est d’autant plus louable qu’il dût » vieillir » de deux ans en… sept semaines. Ses traits ne nous quitteront plus.
Mélanie Thierry a appris l’ukrainien pour le film
Il en est de même pour la Mariana de Mélanie Thierry. Cette comédienne française a appris l’ukrainien (langue du film) en deux ans ! C’est un véritable feu-follet, pétillant et authentique, sachant affronter les pires situations comme entretenir avec Hugo un rapport maternel qui le sauvera. Sublime Mélanie Thierry ! Assurément LE grand rôle, à ce jour, de sa carrière.
Un immense film qui, n’en doutons pas, s’inscrit dans ce devoir indispensable de mémoire. D’une originalité stupéfiante, il marque profondément les esprits.
La bande annonce du film :

Mélanie Thierry – La petite fée du cinéma français
À partir de sa première apparition à l’écran en 1996 (L’Amerloque), elle a alors 15 ans, la carrière de ce bout de chou d’1m60 va très vite passer par la case mannequinat pour définitivement s’orienter ensuite vers le cinéma. C’est dans cet univers que Mélanie va se faire connaître du grand public dans le rôle d’Esmeralda en 1999 (Quasimodo d’El Paris). Début véritable d’une belle carrière qui la conduira à la télévision mais aussi au théâtre. César du Meilleur espoir féminin en 2010, Mélanie Thierry ne craint pas d’aborder tous les rivages du 7e art, de la comédie au drame, du film en costume à… la science-fiction !
Robert PÉNAVAYRE