La culture fait triste mine. Les coupes budgétaires portent un coup fatal à de nombreux projets culturels. À Toulouse, le patron du Théâtre de la Cité, Galin Stoev, a préféré démissionner en raison d’une situation budgétaire devenue intenable. La Biennale, festival pluridisciplinaire, a pris le pas en annonçant son arrêt définitif. Et les mauvaises nouvelles s’enchaînent : le Festival d’art de rue de Ramonville, organisé par Arto, tire la sonnette d’alarme.
Pas assez de moyens par rapport à l’attractivité
L’édition 2025, qui se tiendra du 12 au 14 septembre 2025, se prépare, mais Pierre Boisson, programmateur du festival d’art de rue de Ramonville, s’inquiète pour l’avenir de cet évènement. « Le festival souffre d’un décalage entre les moyens alloués et l’attractivité. Je dirai depuis toujours. »
Ce qu’il déplore, c’est d’avoir de nombreux Toulousains au rendez-vous pour un festival qui se tient en périphérie et qui n’a pas la capacité de suivre le rythme pour proposer assez de matière artistique. « On a eu une affluence record de 40 000 personnes l’an passé sur trois jours. Mais on est sous dimensionné pour proposer des spectacles variés qui touchent l’ensemble de la société et pour l’organisation qui est très spécifique au festival de rue. »
60 000 euros de pertes de subvention
Comme pour les autres manifestations culturelles, ce festival souffre de coupes budgétaires. « Avec les partenaires et la ville aux moyens limités, ça devient compliqué », rapporte Pierre Boisson.
Il faut dire que cette année, le festival perd plus de 60 000 euros de financement. Dans le détail, Pierre Boisson et ses équipes perdent 30 000 euros du Conseil départemental qui a plafonné les montants alloués au festival. « Ça nous a fait très mal », avoue le programmateur.
La Région et Toulouse Métropole retirent chacun 4 000 euros d’aides, la DRAC 7 000 euros et l’État (Fonpeps) 20 000 euros.
« Je veux souligner qu’on n’est pas lâché par tout le monde. Le Sicoval a annoncé à l’oral qu’il nous soutiendrait à hauteur de 5 000 euros et la mairie de Ramonville souhaite aussi étendre son aide. » Un montant symbolique mais qui ne pourra pas sauver le festival sur la durée, déplore-t-il.
La culture en danger
Pour offrir un festival digne de ce nom, les organisateurs ont besoin de 415 000 euros, dont 100 000 euros pour la partie artistique et 70 000 euros pour la logistique, l’accueil, la fourniture des bas et des repas aux équipes ou encore 150 000 euros pour le fonctionnement d’Arto.
Aujourd’hui, on craint pour l’avenir du festival, pour notre capacité à le mettre en œuvre et à proposer des formes de spectacles variés qui reflètent ce qui se fait. On craint qu’avec ces coupes budgétaires ce soit trop réducteur, trop limité alors que le festival doit présenter une diversité de ce qui se fait et qui continue de se faire pour le public, mais aussi pour les artistes.
Et les effets se font déjà ressentir. Pour l’édition 2025, Pierre Boisson a dû réduire le nombre de spectacles proposés.
« Le festival est en péril »
Cette situation, comme ses confrères, il la « comprend bien ». « On n’est pas fou. Mais, j’ai l’impression que les arts de la rue sont une discipline rentable au sens large. »
Peu de coûts et une diversité du public touché : « c’est ce qui en fait sa singularité, elle fédère ».
Sans fustiger les partenaires qui « réagissent eux aussi face au contexte économique », Pierre Boisson veut surtout que « tout le monde sache que le festival est en péril ».
Une édition 2025 pour respirer
Mais pas question de lâcher : Arto a bel et bien prévu un programme aux petits oignons pour les 12, 13 et 14 septembre 2025. « La programmation est réduite par rapport aux autres années, mais la ligne artistique reste variée pour parler à tout le monde, faire rire et émouvoir. »
Ce festival offrira une réelle « respiration » dans ce contexte tendu : du bouffon, du clown et du burlesque vont parader sur les 25 sites retenus pour l’occasion. « Il y aura des temps forts avec une tonalité déjantée, décalée et libre. »
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