Le début de la saison estivale 2025 est marqué par une flambée des cas d’importation d’arboviroses dans l’agglo de Toulouse. De nombreux cas de dengue (qui circule activement outre-mer), mais aussi — et c’est bien plus exceptionnel — de chikungunya (en raison d’une épidémie inédite à la Réunion, qui compte ses morts) ont été recensés depuis début mai en Haute-Garonne. Quelle est l’ampleur du phénomène ? Quelles sont les zones les plus touchées ? Voici, en ce jeudi 5 juin 2025, ce que disent les derniers chiffres.
Haute-Garonne : 39 cas de maladies tropicales en un mois, contre 4 l’an dernier
Selon les données officielles des autorités sanitaires publiées ce jeudi 5 juin 2025, le début de saison est tout simplement tonitruant dans le département. En un mois, du 1er mai au 3 juin 2025, 39 cas de maladies tropicales ont été recensés en Haute-Garonne (18 de dengue et 21 de chikungunya), de loin le département le plus touché de la région, avec près de la moitié des cas de toute l’Occitanie.
Pour l’heure, ce ne sont que des cas importés, des gens qui rentrent de voyage, principalement en outre-mer, où ils ont été infectés.
Pour éviter toute transmission autochtone (avec des personnes qui tombent malades sans avoir voyagé dans une zone infectée), 44 prospections entomologiques ont été effectuées par Altopictus, et d’après Santé Publique France, 10 traitements de lutte anti-vectorielle ont été réalisés en un mois « dans l’entourage des cas ».
Des chiffres impressionnants, quand on sait qu’en mai 2024, seuls quatre cas de dengue (et zéro de chikungunya) avaient été recensés…
« On n’a jamais eu autant de travail » de démoustication
« C’est un mois de mai record », confirme Renaud Chevalier, responsable technique chez Altopictus en Haute-Garonne. « On n’a jamais eu autant de travail qu’en ce début de saison… ». Parmi les 90 enquêtes entomologiques effectuées par sa société sur les 13 départements d’Occitanie, il indique en avoir mené « une quarantaine en Haute-Garonne ».
Son entreprise, dont l’antenne départementale est basée à Muret, est en effet chargée par l’ARS de l’ensemble des opérations de lutte antivectorielle (et notamment des campagnes de démoustication) contre le nuisible sur le territoire. Elle intervient uniquement sur demande de l’ARS, et seulement après des cas avérés de maladies tropicales.
Comment les autorités luttent contre ces maladies ?
Comme le rappelle l’ARS Occitanie, le chikungunya, la dengue et le zika sont des maladies transmises par le moustique tigre, désormais présent quasiment partout dans l’hexagone et actif entre les mois de mai et de novembre. Au cours de cette période, des interventions de démoustication sont réalisées autour des lieux fréquentés par les personnes infestées pour limiter le risque de transmission autochtone. Elles vont permettre de tuer les moustiques avant qu’ils ne se contaminent en piquant une personne infectée, ou qu’ils n’infectent d’autres personnes.
Beaucoup de malades, mais peu de traitements
Autre fait étonnant de ce début de saison : parmi cette quarantaine d’enquêtes de terrain, seule une dizaine s’est soldée par des démoustications, soit dans moins d’un cas sur quatre… Comment expliquer ces faibles proportions ?
Beaucoup de nos enquêtes de terrain se sont avérées négatives. Cela signifie qu’on n’a pas trouvé de moustique tigre et que l’on a pas mené de traitement. Cela s’explique par les conditions météo particulièrement agitées ce mois-ci (pluie et vent) dans le département.
Quatre traitements mercredi soir à Toulouse
Mais si les moustiques tigres se sont tenus à l’abri des intempéries, ils piquent de plus belle depuis quelques semaines… et les épidémies sévissent toujours. Car si les cas de chikungunya baissent à la Réunion avec l’hiver austral, ceux de dengue vont bientôt augmenter en Martinique et en Guadeloupe…
Ce mercredi 4 juin au soir, les équipes d’Altopictus ont encore procédé à quatre traitements sur la commune de Toulouse, notamment dans les quartiers de Lardenne, Purpan, et Borderouge.
Quels sont les secteurs les plus touchés ?
En Haute-Garonne, la plupart de ces enquêtes menées depuis début mai — et des démoustications qui s’ensuivent — se concentrent sur la ville de Toulouse et sa proche périphérie, « là où se trouve le gros du bassin de population », observe Renaud Chevalier.
« Des campagnes ont aussi été menées dans le nord de Toulouse, notamment à Bouloc », ou encore du côté de Plaisance-du-Touch. A contrario, depuis le début de la saison, en mai, aucune n’a été réalisée par Altopictus dans le Comminges.
69 cas de maladies tropicales sur toute l’année 2024
Pour comparaison, sur toute l’année 2024, seulement 68 cas importés de dengue avaient été recensés en Haute-Garonne, un seul de chikungunya, et aucun de zika. L’an dernier, aucun cas autochtone n’avait toutefois été enregistré en Haute-Garonne, contrairement à l’Hérault (trois cas) et aux Pyrénées-Orientales (deux).
Rappelons que le gros de ces chiffres est généralement enregistré au cœur et en fin de saison estivale, entre juillet et octobre, au moment… du retour des vacances d’été. Faut-il s’attendre au pire cette année ?