« Aujourd’hui, plus rien ne se fait sans concertation », affirme Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse en charge de la démocratie locale. La crise des Gilets jaunes qui avait éclaté fin 2018 s’était suivie d’un grand débat national où tous les citoyens étaient invités à formuler leurs propositions pour l’avenir du pays.
N’était-ce pas là le point de départ d’un retour à la « consultation citoyenne » pour une « démocratie participative » ? Les termes sont, en tout cas, revenus comme un petit refrain dans les programmes électoraux de 2020.
En l’espace de cinq ans, la Ville rose a vu se multiplier les outils pour recueillir les avis des habitants, sur les grands comme les petits projets. Mais sont-ils si fréquemment utilisés ?
« Mes idées pour mon quartier, c’est devenu une marque »
Ateliers et balades citoyens, permanences des maires de quartier… Les Toulousains ne manquent pas d’occasion pour exprimer leurs idées. Le plus populaire de ces outils est peut-être la plateforme de consultation en ligne « Mes idées pour mon quartier » lancée en 2021. « C’est devenu une vraie marque. On voit que les habitants connaissent », souligne Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse.
Pour une piste cyclable aménagée, de nouveaux arbres plantés, les élus n’hésitent pas à la mentionner. « C’est un projet qui a été suggéré par les citoyens », entend-on régulièrement dans les discours d’inauguration. « L’objectif est de réaliser des projets plus pertinents et adaptés, qui ne soient pas seulement voulus par les élus, mais aussi validés par les concitoyens », souligne le locataire du Capitole.
500 000 habitants et des milliers de votes
Une fois les idées déposées sur la plateforme, ces dernières sont étudiées par les services afin de vérifier leur recevabilité et leur faisabilité. Puis, les habitants sont invités à voter pour les projets qui ont retenu leur attention.
« Mes idées pour mon quartier » a connu deux éditions, en 2021 et en 2024. Les Toulousains ont-ils été nombreux à y participer ? 1 664 idées ont été déposées pour la première (avec 4 532 votants), 1 360 idées pour la deuxième (avec 7 260 votants), « soit une augmentation de 60% entre les deux éditions », présente Nicolas Misiak, conseiller municipal délégué à la coordination des conventions citoyennes pour l’écologie en ville par quartier.
Des chiffres qui restent encore timides quand on sait que Toulouse compte plus 510 000 habitants. « C’est 1,44% de la population qui a voté, reconnaît l’élu. Mais on est dans la moyenne quand on compare à Lyon (1,18%) ou encore à Bordeaux (0,96%) ».
Deux fois 8 millions d’euros investis
Quant au budget municipal consacré, il s’élève à 8 millions d’euros pour chacune de ces deux éditions. Une enveloppe en dessous de ce que dispose Lyon (12 millions d’euros), mais bien au-dessus de ce qu’investit Bordeaux (2 millions d’euros).
« Nous avons le 2e plus gros budget participatif », soulignent les élus toulousains qui excluent Paris dont le modèle « n’est pas comparable » avec la Ville rose.
Des rencontres aussi sur le terrain…
À côté de cette plateforme en ligne, il y a aussi les rencontres sur le terrain et dans les mairies. Les habitants sont-ils nombreux à solliciter des rendez-vous, adresser des courriers à leur maire de quartier ? Difficile parfois de le quantifier. Mais les élus toulousains dressent néanmoins un bilan positif.
Pour Jean-Luc Moudenc, c’est au cours de ses journées de quartier qu’il voit remonter le plus de demandes. Ce mercredi 11 juin, le maire effectuait sa 105ᵉ visite. « Je suis le premier maire de Toulouse à faire cela. Sur le terrain, on voit les choses, on peut prendre les avis. Ce sont des moments toujours enrichissants », souligne-t-il.

…en balade ou dans les mairies
On compte aussi les rencontres sur les marchés, dans les écoles, les associations… « En 2024, 105 actions de ce type ont été organisées, soit 3 fois plus qu’en 2023″, indique Olivier Arsac. Près de 2 000 habitants ont pu participer.
Enfin, en septembre 2021, lors du lancement des ateliers citoyens, 1 281 personnes avaient répondu à l’appel. Les balades citoyennes organisées dans un micro-périmètre ont permis de rencontrer « 7 840 personnes en quatre ans ». Et les permanences mises en place au sein des 20 mairies de quartier ont permis de recevoir 19 000 personnes.