Le pape François est mort ce lundi 21 avril 2025. L’archevêque de Toulouse, Monseigneur Guy de Kérimel, réagit au micro d’Ici Occitanie et annonce avoir donné pour consigne qu’une messe en l’honneur du souverain pontife soit célébrée ce mercredi 23 avril
Avec la disparition du pape François le lundi de Pâques, nombreux sont les fidèles qui croient au symbole. L’archevêque de Toulouse en fait partie. Guy de Kérimel nous a reçu quelques heures après l’annonce du Vatican. Celui qui gère les diocèses de Toulouse mais aussi Albi, Auch, Cahors, Montauban, Pamiers, Rodez et Tarbes-Lourdes s’est confié sur ce pape atypique et « heureusement dérangeant ». Interview.
Ici Occitanie : Quand avez-vous appris la nouvelle de la mort du pape François?
Guy de Kérimel : « Comme vous, ce lundi matin. C’est le vicaire général qui m’a appelé en disant « J’ai entendu à la radio ce matin la mort du Saint-Père ». Ce n’est pas une surprise car on voyait bien que depuis son hospitalisation, il avait été très marqué et qu’il restait fragile. Je m’attendais à ce qu’il meure bientôt, dans les prochains mois. Là, ce que je trouve très beau, c’est qu’il a pu dire au revoir, place Saint-Pierre sur le balcon de la Basilique, aux gens. Il part au moment où nous fêtons Pâques, nous fêtons la résurrection du Christ et je trouve que ça donne une belle tonalité à son décès, comme si il avait vécu lui même sa propre Pâque et qu’il partait avec le Christ ressuscité.
Vous l’ignorez sans doute comme nous, mais croyez-vous qu’il ait attendu ce lundi de Pâques pour s’en aller ?
C’est difficile à dire, mais ce qui est assez étonnant, c’est que Jean-Paul II était mort aussi dans l’octave de Pâques. Il était mort la veille de la fête de la Miséricorde, et lui, le pape François, meurt au début de l’octave de Pâques comme s’il y avait quelque chose qu’il voulait nous dire, ou que le Seigneur veut nous dire. C’est un pape qui a bousculé l’Église et qui lui même a souffert à porter sa croix. Il nous manifeste d’une certaine manière aussi notre chemin, le chemin de la résurrection. Ce n’est pas le chemin de la mort, c’est le chemin de la résurrection.
C’est ce que vous retiendrez de François, un pape qui a « bousculé l’Eglise » ?
Oui, tout à fait. Le pape lui même a vécu dans des milieux pauvres dès son enfance, il est resté très proche des petits et des pauvres. Il n’a pas voulu se laisser enfermer dans une solitude sacrée, entre guillemets. En septembre 2021, lorsque j’étais encore à Grenoble, nous avons pu le rencontrer lors des visites ad limina. J’ai été très très touché par sa simplicité, cette ouverture d’esprit, ce regard positif sur toute personne humaine. Et là, il nous a bousculés. Je l’ai dit plusieurs fois, le pape me dérange, mais heureux dérangement. L’Évangile me dérange et si l’Évangile ne me dérange plus, je dois me poser des questions sur ma foi chrétienne. Et donc le pape m’a dérangé, oui, mais positivement, nous obligeant justement à revenir à une vie plus évangélique, des attitudes plus évangéliques. Ce qui m’a marqué beaucoup, c’est sa première exhortation apostolique, la joie de l’Évangile, qui est un texte un peu important où il invite l’Eglise à une transformation missionnaire, justement à éviter de s’enfermer dans les fonctionnements, à retrouver une vie en même temps plus fraternelle et plus missionnaire. Et bien sûr Fratelli Tutti aussi, dit quelque chose aussi de sa personne, « On est tous frères« .
« Le pape me dérange, mais heureux dérangement »
C’est un peuple qui a pu être un peu clivant chez certains, surtout les milieux plus classiques, et parce qu’il nous bousculait, parce qu’il nous déranger. Je pense que le recul nous aidera aussi à entendre pleinement ce que le Seigneur a voulu nous dire à travers cette personnalité étonnante du pape François. Encore une fois, il y a des choses qui peuvent me déranger, mais c’est avec le temps que je remercie.
Après François, à quoi aspire l’Eglise ? Un pape « dérangeant » à nouveau ?
Alors il faut rester dans la lignée de l’Évangile, donc forcément un peu dérangeante. En même temps, certains ont été un peu déstabilisés par sa manière de gouverner, il faut donc redonner des points de repères pour aider les gens à comprendre ce dérangement qui nous fait progresser sans remettre en cause les bases de notre foi. Le pape n’a jamais remis en cause le contenu de la foi de l’Église. Certains ont pu avoir l’impression, mais le pape a secoué au fond le formalisme. Et ça, je pense que c’était nécessaire et j’espère que nous allons continuer dans ce sens là.
Savez-vous qui pourrait lui succéder ?
Aujourd’hui, tout est possible, absolument tout est possible. Donc moi je ne fais pas de pronostics, je ne connais pas assez les cardinaux pour savoir quels sont ceux qui émergent aujourd’hui et dont je fais confiance à l’Esprit-Saint. Moi, je me dis que le Seigneur peut nous faire de belles surprises ou au contraire, on va retrouver un pape italien, mais pourquoi pas aussi. L’important c’est qu’il puisse aider l’Eglise à avancer dans son pèlerinage de foi.
Devrait-on bientôt connaître le nouveau Pape ?
Normalement, ça ne devrait pas traîner. Je ne sais pas si les funérailles du pape François peuvent avoir lieu dans l’octave de Pâques (ndlr les huit jours qui suivent le dimanche de Pâques inclus, donc jusqu’au 27 avril). Et donc j’attends des nouvelles de Rome. Les cardinaux doivent se réunir assez vite pour élire un pape. Et donc j’espère bien que avant la fin du mois de mai, nous aurons un pape.
Qu’avez-vous dit aux prêtres de votre archidiocèse ?
Nous avons prévu une messe à la cathédrale Saint-Etienne mercredi à 19 h pour le pape et j’invite les les chrétiens du diocèse à venir à cette messe ou à s’associer dans leur paroisse avec leur curé, pour célébrer une messe mercredi en fin de journée pour pour prier pour lui, pour rendre grâces de ce qu’il a fait pour l’Église. Et bien sûr, j’encourage les prêtres à dire un mot, ne serait ce qu’au cours de l’homélie d’une messe ce jour-ci.
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