Un rapport de la chambre régionale des comptes Occitanie révèle qu’en 2022, malgré des moyens financiers alloués supérieurs à la moyenne nationale, seules 55 places étaient proposées pour 100 enfants à Toulouse. Ce, alors qu’au plan national, avec un budget moyen moindre, davantage de places sont proposées.
Faire garder leur tout-petit est parfois un casse-tête pour de nombreux jeunes parents. Ou tout du moins une source d’inquiétudes… À Toulouse, en 2022, près de 1.600 familles demeuraient en attente d’une place pour faire garder leur enfant de moins de trois ans, à l’issue de la commission d’attribution, d’après un rapport récent de la chambre régionale des comptes Occitanie. Intitulé, « les établissements municipaux d’accueil des jeunes enfants à Toulouse – Audit Flash », ce rapport fait suite à un audit sur la période 2022-2024. Il mentionne notamment que cette année-là, seules 55 places étaient proposées, pour 100 enfants tandis qu’au niveau national ce chiffre était légèrement mieux avec 59 places.
Pourtant, la mairie de Toulouse, consacre 58,6 millions d’euros au fonctionnement des établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE) municipaux (chiffre de 2023), soit un reste à charge pour la mairie de 11.334 euros par place, contre 6673 euros en moyenne au niveau national. Et alors que la population de l’agglomération toulousaine ne fait que progresser d’année en année, l’offre de place a diminué de 2% sur la période allant de 2019 à 2022.
Dès lors, le rapport montre combien l’accueil des enfants peut être amélioré à Toulouse, et donne des pistes en ce sens. Il est par exemple question d’améliorer le taux d’occupation des crèches. « Le taux d’occupation réel moyen est insuffisant, inférieur à 50 % en 2023 dans les EAJE municipaux. Si la question de la suroccupation fait l’objet de débats dans l’actualité, à l’inverse, un faible taux d’occupation peut être considéré comme une perte de chance pour de nombreux enfants« , mentionne le rapport.
Or, jusqu’à récemment, il était impossible, en dehors de la commission d’attribution, de proposer aux familles des places libérées pour l’accueil temporaire ou occasionnel de leur enfant. Une réforme du fonctionnement de la commission d’attribution des places a d’ores et déjà initié, il y a un an, en juin 2024 car précédemment il « ne permettait pas la flexibilité nécessaire« , stipule le rapport.
Le guichet unique a été un gros chantier, mais il permet désormais une meilleure réactivité suite aux demandes. Les familles ont un seul point d’entrée pour s’inscrire dans les crèches qu’elles soient associatives, mutualistes ou publiques
Laurence Katzenmeyer, adjointe au maire de Toulouse en charge du premier accueil du jeune enfant
D’autres réflexions, sur l’amplitude horaire des crèches par exemple, sont en cours, afin de concentrer davantage la présence des agents sur les heures à fort taux d’occupation. Il est également envisagé d’accroître les périodes de fermeture sur les vacances d’été et de Noël, dans l’objectif de ne pas laisser des établissements ouverts avec un faible taux d’occupation.
Nous réfléchissons à des expérimentations de modulation des horaires sur certaines crèches, dans des quartiers où l’on observe que les enfants restent généralement moins tard, tout en se laissant la possibilité de revenir en arrière
Laurence Katzenmeyer, adjointe au maire de Toulouse en charge du premier accueil du jeune enfant
Il est aussi question de créer de nouvelles places. La commune y contribue financièrement. « Dans le cadre du mandat 2021-2026, la création de 873 places est programmée dont 394 réalisées ou financées par la mairie. Sur ces 394 places, 139 places seront en gestion municipale« , note le rapport de la chambre régionale de la Cour des comptes.
Par ailleurs, la difficulté de trouver une place pour faire garder son enfant est également liée au manque criant de professionnels de la petite enfance. Il s’explique en partie par le manque d’attractivité du métier lié à sa pénibilité, à son manque de reconnaissance et à la faiblesse des rémunérations des professionnels de la petite enfance. D’après une représentante syndicale, ce salaire avoisinerait les 1600 euros net pour 41 heures de travail par semaine.
Actuellement, le manque de personnel engendre des restrictions d’horaires de certains établissements d’accueil des jeunes enfants. Certains ferment dès 17h, ce qui met en difficulté de nombreuses familles, notamment monoparentales. C’est la mort du service public, il est opéré en mode dégradé
estime Yannick T., du syndicat Sud-Collectivités territoriales
À la question de savoir s’il manque du personnel, l’adjointe au maire en charge de l’accueil du jeune enfant assure que non mais reconnaît qu’il peut y avoir des restrictions d’horaires temporaires : « Cela arrive que l’on n’ouvre qu’à 8h ou que l’on ferme à 18h, mais sur des périodes courtes, notamment en période d’épidémie de grippe ou de gastronomie, car le personnel, lui aussi, tombe parfois malade« .
La Cour régionale des comptes Occitanie souligne ainsi l’importance d’augmenter les salaires et de mettre en place des plans d’accompagnement et de formation « nécessaires pour maintenir les agents en fonction« . Elle note qu’à compter de 2024, une revalorisation nette mensuelle minimale de 100 euros net avait été envisagée, mais que sa mise en œuvre a été suspendue suite à une décision politique « dans un contexte d’incertitude financière au niveau national« . Ce à quoi Laurence Katzenmeyer rétorque: « Si nous n’avons pas appliqué l’augmentation de 100 euros nets mensuels mise sur la table par le gouvernement c’est parce qu’à Toulouse, nous avions mis à niveau le salaire de nos agents au maximum de nos capacités juste avant, en 2023« .
D’après elle, lors de la plus récente commission d’attribution début juin 2025, il y avait 930 dossiers en attente pour un accueil régulier, et 821 ont été positionnés sur une place. Elle reconnaît qu’il est évidemment plus simple d’obtenir une place en crèche rapidement pour un enfant né en mai ou juin, que pour un enfant né en décembre ou janvier: « la temporalité est dictée par rentrée des classes, les places se libèrent en septembre« .
Reste que les problèmes de mode de garde des enfants ne sont pas propres à Toulouse. Sur le plan national, les rapports mentionnant ces difficultés se multiplient d’ailleurs ces dernières années. Dans celui intitulé « les 1000 premiers jours – là où tout commence » diffusé par le ministère de la Santé en septembre 2020, on pouvait déjà lire que selon les données de l’Observatoire National de la Petite Enfance (ONAPE) « seulement une famille sur deux ayant souhaité que son enfant soit accueilli en établissements d’accueil du jeune enfant a obtenu une place« . D’autres rapports dont celui de la commission d’enquête sur la qualité d’accueil des jeunes enfants daté de mai 2024, en font également état.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse