Le 18 juin 2025, un jeune mineur de 15 ans est victime d’une violente scène d’humiliation par deux autres jeunes à Colomiers (Haute-Garonne). Rapidement, des informations non vérifiées sur un probable caractère antisémite de l’agression, font le tour des médias. On fait le point sur ce que l’on sait vraiment.
Le 18 juin dernier, un jeune garçon de 15 ans est victime d’une violente agression et scène d’humiliation, par deux autres jeunes. Le lendemain, il se rend au commissariat de Colomiers où il explique les faits, survenus la veille. Rapidement, il détaille son agression aux officiers de police. Dans un communiqué de presse, le procureur relate les propos donnés aux policiers. Le mineur relate donc « avoir été attiré dans une cave, où il aurait été contraint de retirer son tee-shirt, de danser et de s’agenouiller, puis forcé de prier et de supplier ses agresseurs, tout en étant traité de « sale juif ». Il expliquait avoir ensuite été autorisé à repartir, non sans avoir été menacé de mort s’il déposait plainte. » L’agression, filmée, a également été diffusée sur les réseaux sociaux, les deux agresseurs auraient été en possession d’un couteau.
Le jeune mineur indique qu’il aurait convenu d’un rendez-vous, avec une jeune fille avec qui il conversait sur les réseaux sociaux. Celle-ci se serait présentée accompagnée d’un autre mineur. Là, le jeune de 15 ans aurait été attiré dans une cave, où un troisième jeune l’aurait attendu, un couteau à la main. La jeune fille serait alors sortie de la cave. Elle n’a, pour le moment, pas été identifiée. Les deux garçons, de 14 et 16 ans, ont été placés en garde à vue. Leur placement sous contrôle judiciaire a été requis par le parquet, ils n’étaient pas connus de la justice.
Dans cette affaire, les fausses informations ont rapidement fait le tour d’internet et des médias. La victime, qui n’est pas de confession juive, est scolarisée à l’ORT de Colomiers, un lycée professionnel privé judaïque, sous contrat avec l’état. Mais dans l’affaire, aucun propos antisémite n’aurait été prononcé, comme le confirme David Charmatz, procureur de la République, dans un communiqué publié quelques heures après la première diffusion de l’information.
Les enregistrements confirment la scène d’humiliation et les violences, mais aucun propos antisémite n’a été entendu.
David CharmatzProcureur de la République de Toulouse
« Les deux mineurs reconnaissent avoir participé à une séance d’humiliation de la victime. Si tous les deux évoquent la présence d’un couteau, l’un et l’autre contestent en revanche le caractère antisémite des faits commis, la victime ayant été attirée dans ce guet-apens pour un autre motif, qui reste à confirmer. » précise le procureur dans son communiqué.
Des versions confirmées par l’enquête menée par la justice. « Les enregistrements retrouvés sur l’un des téléphones portables saisis confirmaient la scène d’humiliation et les violences mais aucun propos antisémite n’était entendu. Par ailleurs, à ce stade, l’arme n’a pas été retrouvée et la jeune fille n’a pas pu être identifiée ni entendue ».
Un point important pour l’avocate d’un des deux agresseurs, Maître Lucie Evain : « Ce ne sont pas des actes excusables, mais ce qui est important de dire c’est qu’ils ne sont en aucun cas antisémites. Mon client est un enfant de 14 ans, qui n’est pas connu des services judiciaires et qui est issu d’une bonne famille. ». Aucune information ne nous a pour le moment été transmise sur les réelles causes de cette agression.
Dès la diffusion rapide de l’information, le caractère antisémite est rapidement souligné par de nombreuses personnalités publiques sur les réseaux sociaux, qui se sont empressées de réagir. Sébastien Vincini, président du conseil départemental de la Haute-Garonne, indique dans un tweet publié sur X (anciennement Twitter) : « Tout mon soutien et ma solidarité vont à la victime de cet acte antisémite ignoble et inacceptable que je condamne avec la plus grande fermeté. »
Un jeune homme agressé au cri de « sale juif » à Colomiers. Tout mon soutien et ma solidarité vont à la victime de cet acte antisémite ignoble et inacceptable que je condamne avec la plus grande fermeté ! https://t.co/0SfiqdFGd7
— Sébastien Vincini (@SebVincini) June 21, 2025
Même réaction sur X également de Vincent Gibert, vice-président du conseil départemental de la Haute-Garonne et conseiller municipal de Toulouse. Dans son tweet, il demande à ce que « le combat contre l’antisémitisme » soit « celui de notre nation toute entière ».
🔴 L’agression antisémite survenue à Colomiers est ignoble et insupportable. Soutien total à la victime et à sa famille.Plus que jamais, soyons mobilisés pour faire du combat contre l’antisémitisme celui de notre nation toute entière. https://t.co/aS8LaY46r1
— Vincent Gibert (@vgibert) June 21, 2025
Du côté des associations antiracistes et contre l’antisémitisme, les prises de parole ne se sont pas fait attendre. L’association C.H.A.R (Contre la Haine, l’Antisémitisme, le Racisme), annonce avoir porté plainte et se constitue partie civile, un avocat aurait été mandaté pour défendre les droits de la victime.
Agression antisémite à Colomiers – L’association C.H.A.R contre la Haine, l’Antisémitisme le Racisme porte plainte et se constitue partie civile. Un avocat a été mandaté pour défendre les droits de la victime, https://t.co/nwPfd3516c
— Association C.H.A.R. (@CHARassociation) June 22, 2025
L’enquête se poursuit, le parquet a annoncé avoir ouvert une information judiciaire dimanche 22 juin, après défèrement des deux mineurs, avec en cause quatre chefs d’accusation retenus : « violences avec préméditation n’ayant entraîné aucune incapacité de travail, séquestration suivie de libération volontaire avant le 7ème jour, diffusion de l’enregistrement d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité de la personne, menaces de mort sous condition ».
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