
MATTHIEU RONDEL / AFP
Photo d’illustration d’une manifestation contre le projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à la ville de Castres, le 21 avril 2024.
A69 – Un contexte déjà tendu. La préfecture du Tarn a déclaré ce mardi 1er juillet avoir interdit par arrêté tout rassemblement d’opposants à l’autoroute A69, en prévision d’une nouvelle mobilisation prévue ce week-end contre le projet contesté de liaison entre Toulouse et Castres.
Plusieurs collectifs écologistes, parmi lesquels Les Soulèvements de la Terre, avaient annoncé sur les réseaux sociaux leur volonté d’organiser un rassemblement revendicatif massif, appelé « Turboteuf », du 4 au 6 juillet, pour dire : « l’A69, c’est toujours non », dans un lieu encore inconnu. Les anti-69 prévoyaient dès vendredi des « festivités, rencontres, animations et concerts ».
Mais la préfecture voit ce rassemblement autrement et justifie cet arrêté par « des violences graves » commises lors des manifestations précédentes, en 2023 et 2024, « tant contre les personnes (…) que contre les biens ».
« Jusqu’au lundi 7 juillet à 20 h »
Plusieurs milliers de personnes sont donc attendues vendredi après-midi à dimanche, aux abords du tracé de l’A69, avec la volonté d’« enterrer » le projet d’autoroute de 53 km. Or, « à ce jour, aucune organisation ni association n’a déclaré assumer la responsabilité juridique de cet événement » et des messages circulant sur les réseaux sociaux « appellent explicitement à des actes violents et à des actions de destruction », ajoute le communiqué préfectoral.
« Au regard de l’ensemble de ces éléments et des risques manifestes de troubles graves à l’ordre public, le préfet du Tarn a pris un arrêté préfectoral interdisant tout rassemblement dans les 17 communes tarnaises du tracé autoroutier de l’A69 du jeudi 3 juillet 8 heures jusqu’au lundi 7 juillet à 20 heures », indique le texte publié mardi soir.
Depuis le printemps 2023 et les premiers coups de pioche de ce chantier visant à créer une voie rapide entre Castres et Toulouse, la contestation est montée en intensité, prenant différentes formes : manifestations, grèves de la faim, occupations d’arbres au cœur de Zones à défendre (ZAD), ou encore recours juridiques.
Bataille juridico-politique
Fin février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux de l’autoroute, estimant qu’il n’y avait pas de raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM) pour justifier les dégâts causés à l’environnement.
Cette décision, saluée comme une victoire par les opposants, a donné lieu à plusieurs recours des pro-autoroute : d’un côté devant la justice administrative, de l’autre, par le biais d’une proposition de loi visant à valider rétroactivement les autorisations environnementales du chantier. Celle-ci devrait faire l’objet d’une adoption dans les prochains jours, après un ultime vote dans les deux chambres du parlement.
Parallèlement, avant l’examen du dossier au fond prévu à la fin de l’année, la cour administrative d’appel de Toulouse a autorisé fin mai une reprise du chantier, que l’AFP a pu observer timide sur le terrain depuis peu. Cette bataille juridico-politique entre pro et anti se traduit par de fortes tensions locales.
Avant cet arrêté préfectoral d’interdiction, les préfectures du Tarn et de Haute-Garonne avaient annoncé des mesures de police renforcées et interdit par exemple le transport de carburant, de produits chimiques, de peinture en aérosol, de pneus usagés ou d’autres matériaux combustibles, éléments dont elles pensent qu’ils pourraient être utilisés par les manifestants.