Rescapée de la Shoah, la Toulousaine Marie Vaislic est décédée à l’âge de 94 ans, jeudi 1er mai. Ses obsèques auront lieu, ce vendredi 2 mai, au cimetière israélite de Portet-sur-Garonne.
En janvier dernier, elle avait été honorée par la remise de la cravate de Commandeur de l’ordre des Palmes académiques des mains du recteur de l’académie de Toulouse d’alors, Mostafa Fourar. Marie Vaislic, née Rafalovitch le à Toulouse est décédée à l’âge de 94 ans, jeudi 1errescapée de la Shoah. Ses obsèques auront lieu, ce vendredi 2 mai, au cimetière israélite de Portet-sur-Garonne.
Arrêtée à l’âge de 14 ans
Arrêtée à 14 ans en juillet 1944, Marie Vaislic avait survécu aux camps de Ravensbrück et de Bergen-Belsen, et avait écrit un livre pour témoigner de l’horreur des camps nazis. Ouvrage dans lequel elle insiste sur la présence obsessionnelle de la mort. Dénoncée par un voisin, alors qu’elle ignorait elle-même qu’elle était juive, Marie Rafalovitch avait été arrêtée par un milicien français et un membre de la Gestapo dans la cour de son immeuble.
« Je n’ai pas parlé pendant très longtemps »
Comme beaucoup de survivants de la Shoah, qui a fait plus de 6 millions de morts durant la Seconde guerre mondiale, la Toulousaine a mis des années avant de témoigner. Il a fallu attendre les années 2000. « Je n’ai pas parlé pendant très longtemps car ça n’intéressait personne ! On nous regardait comme si on disait des choses impensables. À côté de ça, Jean, mon époux, lui, parlait beaucoup », avait-elle confié à la Dépêche du Midi. Son mari, Jean Vaislic, est décédé en janvier 2022. Il avait été déporté à Auschwitz à l’âge de 16 ans, avant d’être transféré dans les camps de Blechhammer, Gross Rozen, Gliwice et Buchenwald.
Les collèges, les lycées, les ambassades
« Marie Vaislic a témoigné longuement tant que ses forces le lui ont permis, rappelle-t-on dans un communiqué de presse. Elle a écrit elle-même son récit de vie dans un premier livre « Seule à 14 ans à Ravensbruck et à Bergen-Belsen » (Editions le Manuscrit), puis tout récemment en 2024 avec Marion Cocquet « Il n’y aura bientôt plus personne » chez Grasset. Son témoignage a été recueilli par le musée départemental de la Résistance et de la Déportation de Toulouse et le Mémorial de la Shoah. Dès les années 2000, elle n’a eu de cesse de témoigner, parler de son expérience concentrationnaire dans les collèges, les lycées et les ambassades.
« Je me réveille quand je suis en colère »
En 2015, dans nos colonnes, elle avait raconté ce qui était à l’origine de son envie de tout dire. « Même avec mon mari qui a lui aussi été déporté, nous n’en parlions jamais. En France, après la libération, on ne parlait que des déportés résistants. Et quand on voulait raconter l’horreur personne ne nous croyait. Ou alors on trouvait suspect que nous soyons revenus vivants. Je me suis tue jusqu’en 2007. Mais lorsque j’ai appris que Serge Klarsfeld venait à Toulouse pour inaugurer la plaque commémorative du convoi du 30 juillet 1944 et qu’on ne m’avait même pas prévenue je me suis réveillée. Moi je me réveille quand je suis en colère. »