Les fraudes à l’Assurance Maladie explosent en Haute-Garonne, avec 11,98 millions d’euros de préjudices l’an dernier. Face à des méthodes toujours plus sophistiquées, les sanctions se durcissent pour endiguer le phénomène.
Il avait facturé pour 250 000 € de médicaments, qui n’ont jamais été délivrés. Contrôlé par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), ce pharmacien toulousain a été condamné à un an d’emprisonnement avec sursis, 50 000 € d’amende et cinq ans d’interdiction d’exercer. Une sanction qui se veut dissuasive, selon la directrice de la Sécurité sociale de la Haute-Garonne, Isabelle Comte. « Pour préserver notre système de santé, il est nécessaire de sanctionner avec fermeté », déclare-t-elle.
Après avoir détecté un montant de 9,41 millions d’euros de fraudes en 2023, l’Assurance Maladie a dévoilé des chiffres records pour l’an dernier : 11,98 millions d’euros de préjudices en Haute-Garonne. Un chiffre en hausse de 27 % en un an. « C’est inédit », commente la directrice de la CPAM Haute-Garonne.
Des délits majeurs commis par une minorité d’acteurs
Les fausses facturations de la part des professionnels de santé et le non-respect des règles de tarification s’intensifient dans le département, avec des chiffres exponentiels chez les chirurgiens-dentistes, les médecins spécialistes et les audioprothésistes. Réunissant jusqu’à 1,8 million d’euros de préjudices, les audioprothésistes sont en tête avec un pourcentage d’augmentation de 100 % par rapport à l’année dernière.

Pour autant, le docteur Stéphane Barincou, chirurgien-dentiste conseil et chef de service adjoint de l’Échelon local du service médical de la Haute-Garonne, tient à préciser qu’il « s’agit toutefois d’une minorité d’acteurs, la très grande majorité des professionnels de santé exerçant leur activité dans le respect des règles ».
Des méthodes de fraudes toujours plus sophistiquées
Aujourd’hui, les fraudes liées au numérique constituent un réel défi quant à la préservation de notre système de santé. « En 2024, rares sont les personnes possédant un compte Ameli qui n’ont pas reçu des SMS et mails de personnes frauduleuses se présentant comme leur compte Ameli », indiquent les responsables de la Sécurité sociale.
Cette méthode de fraude, nommée le « phishing », s’additionne à tant d’autres : usurpation d’identité, création de fausses sociétés, falsifications de documents, et cela va même jusqu’au recrutement en ligne d’individus pour participer à des trafics de médicaments. Avec le développement du numérique, ces techniques se diversifient mais surtout se professionnalisent, rendant la fraude de plus en plus difficile à détecter.